MAD MAX : FURY ROAD

George Miller, 2015

LE COMMENTAIRE

Les hommes ont été sous le feu des critiques, non sans raison. Ils restent malgré tout en première ligne sans casque ni gilet par balle. En cage, mais toujours comme des lions prêts à rugir. Prêts à braver tous les dangers.

LE PITCH

Dans un monde post-apocalyptique, un couple tente d’échapper à un gourou tyrannique.

LE RÉSUMÉ

Max (Tom Hardy) est un cow-boy solitaire poursuivi par le souvenir de sa femme et sa fille, avant d’être poursuivi pour de vrai et fait prisonnier par les soldats du despote Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne). Conduit à la citadelle, Max va servir de globular aux warboys, sorte de kamikazes qui ne rêvent que de mourir en héros pour rejoindre le Valhalla.

L’Imperator Furiosa (Charlize Theron) est chargée d’aller faire le plein à Petrol City. Elle va détourner le convoi car elle a en tête de s’échapper, en compagnie des femmes d’Immortan Joe.

Commence alors une gigantesque chasse à la femme. Prisonnier de Nux, un warboy, Max va parvenir lui aussi à se libérer. Au moment de faire cavalier seul, il va néanmoins décider de rester avec les filles pour les aider. Parce qu’il sent qu’il peut être utile et parce qu’il n’a rien d’autre à faire.

Le convoi fonce vers une oasis gardée par les Many Mothers, clan auquel Furiosa appartenait étant petite. L’oasis a disparu. Ne reste alors plus qu’un désert de sel infini et une poignée de grand-mères.

Furiosa doit se rendre à l’évidence: son plan a foiré. Max la convainc de faire demi-tour vers la Citadelle. Au moins là bas, il y a de l’eau et de la verdure. Dans une ultime course-poursuite, Furiosa viendra à bout d’Immortan Joe. Son retour à la Citadelle est grandiose, la foule se réjouit de la mort du dictateur. Furiosa est portée en triomphe. Elle libère l’eau. On se croirait presque dans une pub pour de l’eau pétillante.

Max jette alors un dernier regard complice à Furiosa avant de reprendre sa route.

L’EXPLICATION

Mad Max, c’est la liberté au masculin.

La bible se revisite : Max et Furiosa jouent les Adam et Eve en essayant d’échapper au jugement d’Immortan Joe, un Dieu aux cheveux blanc, aux yeux injectés de sang, avec un peu de bide et les chicots dans un sale état. Ses voies sont impénétrables:

Do not, my friends, become addicted to water. It will take hold of you, and you will resent its absence!

Sauf que cette fois-ci, Adam et Eve gagnent à la fin. Ils tuent Dieu. Libèrent les peuples. Et après, c’est le bazar. Parce que les démocraties parfaites ne fonctionnent pas vraiment au final.

Le piège de Eve est de lui courir après. Immortan Joe tombe en plein dedans. Il se précipite après Furiosa comme un collégien, et s’y cassera littéralement les dents.

Max au contraire a tout compris. Il sait se positionner face à cette femme moderne et insaisissable. Rester au contact, légèrement en retrait, de manière à ce que la femme ne se sente pas asphyxiée et toujours mise en valeur. Il lui propose un challenge.

Parce que très clairement, la femme est devenue chasseuse. Le pouvoir est entre ses mains. Furiosa éclipse complètement les autres. Elle bouffe l’écran. Sans surprise, c’est elle qui conduit la camionnette (cf Gazon Maudit).

Rappelons néanmoins que cette femme toute puissante n’arriverait à rien sans l’aide de l’homme.

Max s’occupe des réparations nécessaires sur le camion afin que l’aventure continue. Il est le muscle, mais il est aussi le cerveau. C’est quand même Max qui a l’idée lumineuse de retourner à la Citadelle, alors que Furiosa se voyait déjà partir pour une longue virée dans le désert à l’issue incertaine.

Comme si on pouvait se permettre de gaspiller du pétrole comme ça dans un monde post-COP21.

Elle part sur un coup de tête, sans GPS. Max au contraire l’utilise pour réfléchir. Il faut du culot et de l’humilité pour faire demi-tour. La source est souvent là où on se trouve, mais il faut un homme à la femme pour qu’elle le comprenne. Avec Max, on part en vacances en France! (cf Camping)

En plus l’oasis n’existe pas. Max le sait, lui.

Avec courage, il se dresse sur la route d’Immortan Joe. Max est l’homme qui empêche l’homme, ce qui fait de lui l’un des plus dignes disciples de Camus.

Dans cette horreur, les filles paniquent. Elles cherchent à s’enfuir. Max sait que rien ne sert de vouloir échapper à son destin – même s’il est pénible. Il a appris à aimer son destin. En cela, il plairait sans doute à Nietzsche (cf Top Gun Maverick). Qu’est-ce qu’il est fort.

Il garde la tête froide en toute circonstance. Pas un mot plus haut que l’autre. Le regard à l’horizon. Un exemple.

En réalité, si Furiosa est en vitrine, c’est toujours Max qui tient la boutique. On parle beaucoup de Furiosa parce que c’est dans l’air du temps. En vérité, on ne peut pas éclipser Max. Le patriarche (cf les dents de la mer 2) Immortan Joe a été dépassé par Furiosa, derrière laquelle se trouve Max.

Un homme encore et toujours, qui file sur cette longue route perdue au milieu du désert, on ne sait pas vraiment où. Mystérieux. Il a peut-être un dessein en tête, on ne sait pas. On ne peut pas le capturer lui non plus. Il conduit au delà des limitations de vitesse. Toujours dans l’espoir de trouver une station essence pour pouvoir continuer d’avancer. Cet homme partage parfois son chemin. En général, il reste quand même seul sur cette route, et dans sa tête.

Une certaine vision de la liberté, très masculine. Subtile et délicate. Raffinée. Cet homme pourrait être l’égérie d’une marque de parfum. Magnifique. Un légionnaire qui sent bon le sable chaud. Gainsbourg. La boucle est bouclée.

Max est beau, il est noble. Il est fou. Élégant, il disparait au profit de Furiosa car il a compris qu’il y avait des choses plus importantes sur terre (cf Le silence des agneaux).

Il a tout perdu donc il est libre, Max.

Quel hommage merveilleux à Hervé Cristiani.