LE PARRAIN 3

LE PARRAIN 3

Francis Ford Coppola, 1990

LE COMMENTAIRE

La vie ne s’apparente pas à un Casino pour rien : pour gagner gros, il faut miser gros. Mais surtout, la règle incontournable est que plus on joue, plus on perd. Les plus sages d’entre nous le savent très bien. Il est essentiel de profiter des quelques moments de bonheur dans la vie, car le reste n’est qu’une longue prise de tête.

LE PITCH

Fatigué par sa vie, un homme aimerait bien prendre sa retraite tranquille.

LE RÉSUMÉ

Les années ont passé. Tony (Franc d’Ambrosio) et Mary (Sofia Coppola) ont grandi et sont partis vivre avec leur mère (Diane Keaton). Michael est tout prêt de réussir son pari en rendant les affaires de la famille Corleone enfin légitimes.

Il a monté une véritable entreprise criminelle organisée avec une commission dont il a laissé le contrôle à Joey Zasa (Joe Mantegna), appuyé par Don Altobello (Eli Wallach). Ce qui lui permet de mieux se concentrer sur l’acquisition d’International Immobiliare, l’une des plus grandes compagnies immobilières au monde. Cette opération réhabiliterait la famille Corleone.

Pour cela il lui faut encore négocier directement avec le Vatican par l’intermédiaire de l’archevêque (Donal Donnelly) et son banquier Keinszig (Helmut Berger) qui s’avèrent être gourmands de pots de vin.

En parallèle Michael aimerait bien que son fils finisse ses études d’avocat pour reprendre la tête de la famille. Tony ne l’entend pas de cette oreille et se voit devenir chanteur d’opéra plutôt que gangster.

I will always be your son, but I will never have anything to do with your business.

Michael prend son neveu sous son aile. Vincent Mancini (Andy Garcia), le fils de Santino, va le protéger des vautours comme Joey Zaza (Joe Mantegna).

Les négociations avec le Vatican piétinent. Pendant ce temps, Vincent prend du gallon et se rapproche dangereusement de Mary. Face à la menace conjointe de Don Lucchesi (Enzo Robutti) et Don Altobello, Michael passe finalement la main.

Nephew, from this moment on, call yourself Vincent Corleone.

Toute la famille assiste à la première de Tony à l’Opéra de Palerme. Vincent fera ses preuves en procédant à une grande lessive Corléonienne. Il ne pourra cependant empêcher Mary de prendre une balle perdue à la sortie du concert.

Accablé de chagrin, Michael mourra quelques temps plus tard, seul sur une chaise.

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L’EXPLICATION

Le Parrain 3, c’est la faillite d’un homme.

Michael, comme la plupart des Italiens, ne plaisante pas avec la religion. C’est pourquoi il a nommé sa fille comme la vierge.

Where’s Mary? Would somebody please hail Mary.

Michael sait qu’il n’est pas éternel et qu’il va devoir faire face au jugement divin. Dieu n’oublie jamais. Avec lui, le crime n’est pas impuni – à l’exception de quelques Nazis qui ont pu fuir en Amérique du Sud ou de quelques curés pédophiles enterrés avec les honneurs (cf Amen). Michael paie pleinement le prix de la mort de Fredo qui le hante en permanence.

La culpabilité étouffe un Michael qui ne pense plus qu’à une chose: ne pas finir en enfer. Alors qu’il se condamne pourtant lui-même, incapable de protéger sa fille.

I would burn in hell to keep you safe.

Michael vit en enfer depuis le début sans s’en rendre compte. Il s’est créée son propre enfer dont il ne sortira pas. Comme on ne quitte pas la CIA (cf Raison d’état), on ne quitte pas le milieu. Lui qui s’est battu toute sa vie pour ne pas être un esclave, respectant en cela la volonté de son père (cf Le Parrain), est totalement prisonnier du système. Le Maître qu’il est devenu n’est jamais rien d’autre que l’esclave de ses esclaves. Michael ne trouve nulle part où garer sa voiture.

Just when I thought I was out, they pull me back in.

Plus Michael cherche à s’en sortir et plus le piège se referme sur lui. Les schémas se reproduisent sans cesse. Michael prend le rôle du père en transmettant son expérience à Vincent, comme Vito l’avait fait avec son fils des années auparavant.

Never let anyone know what you are thinking.

Michael est confronté à un pâle reflet de lui même en la personne de Joey l’ambitieux qui n’hésite pas à se servir quand la situation l’exige.

You will not give, I’ll take!

En privant Joey de ce qu’il demande, il va à l’encontre de ce qu’il représentait lui-même (cf le Parrain 2). Il est en plein paradoxe. Les hommes essaient tant bien que mal de se détacher des femmes, sans y parvenir. Altobello prétend y arriver.

I’ve lost the lust for women, and now my mind is clear.

Vincent ne peut se résoudre à quitter Mary. Michael quant à lui reste amoureux de Kay.

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Il devient totalement dépendant de Connie (Talia Shire) qui prend les choses en main.

La menace peut venir de n’importe où. Faire preuve d’honnêteté dans ce monde est presque un aveu de faiblesse. On peut venir à bout de Lamberto avec une simple tasse de thé.

It’s dangerous to be an honest man.

Est-ce que toute cette violence donne une raison suffisante pour que Michael continue à mentir comme un arracheur de dents ?

I swear on the lives of my children, give me one last chance to redeem myself and I will sin no more.

Michael n’a pas besoin de mentir. Il aime juste qu’on le plaigne car il est seul. Et il ne changera pas comme le lui a dit le Cardinal. Il aime liquider bien qu’il jure le contraire. C’est ainsi. Il est comme la terre qui ne s’arrête pas de tourner. Kay le déplore.

It never ends.

C’est un cycle infernal. Michael ne peut pas être libre. Personne ne le ramène en arrière: il ne peut pas revenir en arrière. C’est pas Retour vers le Futur. Plutôt la chanson d’Hélène. Parce qu’on passe finalement sa vie entière à mettre le doigt devant et mettre le doigt derrière, à faire de touts petits ronds, et surtout à faire le tour de soi-même.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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