GOOD MORNING VIETNAM

GOOD MORNING VIETNAM

Barry Levinson, 1987

LE COMMENTAIRE

Le micro est un moyen d’expression. On comprend mieux pourquoi les rappeurs se battent pour flamber sur le bit et croquer le mic. C’est la possibilité de représenter. La permission d’exister. Le micro offre une chance à tous ceux qui ont des revendications. Malgré tout, le micro ne reste jamais qu’un outil. Certains l’utilisent pour faire passer des messages, comme le Général. D’autres voient dans un micro l’opportunité de faire les marioles, comme Michael Youn.

LE PITCH

Un seconde classe débarque à Saïgon pour prendre la matinale de la radio des forces armées américaines.

LE RÉSUMÉ

La guerre du Viet-Nam s’enlise. Le soldat / DJ Adrian Cronauer (Robin Williams) débarque de Crète à la demande du Général Taylor (Noble Willingham) avec pour mission de remonter le moral des troupes. Il fait entendre sa voix sur les ondes et impose rapidement son ton irrévérencieux, son humour sarcastique et ses morceaux de rock.

Ses collègues, le première classe Garlick (Forest Whitaker) et le sergent Dreiwitz (Martin Wuhl) sont sous le charme de ce personnage atypique. Le Sergent Major Dickerson (J.T. Walsh) et son Second Lieuteunant Hauk (Bruno Kirby) le sont beaucoup moins.

Cronauer tombe très vite amoureux de Trinh (Chintara Sukapatana). Pour la séduire, il s’improvise en professeur d’anglais. Il se heurte à Tuan, le frère de Trinh (Tung Thanh Tran), qui connaît bien le goût des GI pour les jeunes Asiatiques. Cronauer et Tuan vont pourtant fraterniser. Cette nouvelle amitié va attirer des ennuis à Cronauer car à Saïgon il ne fait pas bon être pote avec un local aux yeux bridées quand on était américain.

Cronauer vit sur un petit nuage avant d’échapper de justesse à un attentat. Il est rattrapé par la réalité de la guerre. On ne se marre pas au Vietnam. Il finit par en parler dans son émission, bravant la censure et se fait aussitôt suspendre. Cronauer en profite pour mieux se concentrer sur son job de prof d’anglais qu’il apprécie de plus en plus. Garlick vient le chercher pour lui rappeler à quel point il manque à des milliers de soldats qui avaient pris l’habitude de se réveiller chaque jour au son de son fameux:

Goooooooood morning, Vietnam!

Devant son public qui le réclame, Cronauer rempile. Agacé par la situation, Dickerson cherche un moyen de se débarrasser de ce trublion. Il va l’envoyer faire une interview terrain… en terrain ennemi. La Jeep de Cronauer saute sur une mine. Tuan lui sauvera la mise. Ce n’est qu’après coup que Cronauer apprendra que Tuan est en fait un Viet-Cong.

Accusé de trahison, Cronauer est aussitôt démobilisé. Il essaie de retrouver Tuan pour l’informer du danger qu’il court et aussi avoir des explications. Tuan lui révélera que contrairement à ce que Cronauer pense, les soldats ne sont peut être tout simplement pas les good guys qu’ils pensent être.

We not the enemy! You the enemy!

La veille de son départ, Cronauer dit adieu à Trinh et referme ainsi un livre dont la première page n’aura jamais été écrite. Il organise également un match de softball pour ses étudiants, avant de reprendre l’avion pour les États-Unis après avoir laissé un message d’adieu à tous ses auditeurs.

goodmorning

L’EXPLICATION

Good Morning Vietnam, c’est la voix de la contestation.

Cronauer se prend l’autorité en pleine tronche dès son arrivée à Saigon. Lui qui se décrit comme un esprit libre tombe sur un mur en la personne de Dickerson. Le dialogue est rendu impossible par le Sergent Major. Cronauer débarque dans un monde où tout est son contrôle (ou presque), ce qui ne correspond évidemment pas à sa personnalité bordélique.

Il s’agit d’un combat entre l’individualité et le système. Cronauer va devoir rendre les armes devant cette institution toute puissante. Notons que l’institution n’est pas complètement butée, à l’image du Général qui a un esprit critique. Il n’y a pas que des abrutis dans l’armée. Même si Dickerson ne soucie que d’une chose, c’est que les rayures soient bien parallèles comme disait Desproges.

Le fond du problème reste le même: l’esprit libre de Cronauer n’a strictement rien à faire dans ce Vietnam en guerre.

I’m tired of people tellin’ me what I can’t say.

Il est impossible de nouer une amitié avec Tuan, pas plus qu’il est possible de tomber amoureux de Trinh. Malgré ses efforts pour s’intégrer, Cronauer va repartir comme il est venu.

C’est l’expérience d’une frustration pour Cronauer. Il est un clown perdu au sein d’une assemblée générale. Il n’est pas à sa place. Comme un clown, il est habité par un besoin de faire rire. Il veut jouer un rôle dans ce grand cirque. Il ne fait d’ailleurs pas que faire rire, il cherche également à éveiller les consciences.

Cronauer est un DJ engagé qui se prend souvent le bec avec la censure, car la radio pour laquelle il travaille n’a rien de libre. Il est un relais de propagande.

À ce titre, la rencontre avec les GI est intéressante car elle permet à Cronauer de prendre conscience de sa situation. Il n’est qu’un pion sur l’échiquier militaire. Lui qui cherche à être exceptionnel n’est rien d’autre qu’un rouage de plus dans la machine. Il alimente le système.

À sa manière, le résultat reste cependant le même. Les soldats défilent devant lui, les uns après les autres et finissent par avoir le même visage. Cronauer ne passe pas les mêmes disques, il ne change pas le monde non plus. Pire, il contribue presque à faire passer la pilule plus facilement.

People are depending on you!

C’est d’ailleurs pour cette raison que le Général le défend autant. Le Général sait très bien qu’on ne nage pas bien loin sans respirer, comme Dickerson. Cronauer maintient un équilibre vital.

Sauf que le rôle de Cronauer, c’est de réveiller les gens. Ce qu’il tente de faire avec son ironie. Cela ne suffit pas. Cronauer prend soudain une toute autre dimension lorsqu’il décide de se concentrer sur l’enseignement. Il va enfin pouvoir réussir à établir enfin un contact avec l’étranger et transmettre quelque chose.

Dans cette histoire, Cronauer sera au moins allé à la découverte de l’autre. Tuan lui permettra de réaliser que les Américains ne sont pas en terrain conquis. L’expérience ne sera donc pas un échec de ce point de vue. Cronauer se bat pour que l’ont reconnaisse les individualités. Il réalisera humblement à quel point il pensait lui aussi tout de travers.

Quand on pense que Thierry Roland et Jean-Michel Larqué disaient quasi-ouvertement que les Coréens se ressemblent tous. C’était en 2002. Et on s’était fait sortir de la Coupe du Monde comme des malpropres que nous étions.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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