DEEPWATER

DEEPWATER

Peter Berg, 2016

LE COMMENTAIRE

Boum! Quand notre coeur fait boum, tout avec lui dit boum. Ce qui veut dire qu’un événement a des conséquences en cascade. Charles Trenet chantait l’effet domino. Lorsqu’une plateforme explose en plein océan, les comptes de la compagnie pétrolière plongent. La planète trinque, et nous avec.

LE PITCH

Un technicien part en mission de sécurité sur une plateforme pétrolière, au large de la Louisiane.

LE RÉSUMÉ

Mike Williams (Mark Wahlberg) prend place à bord d’un hélicoptère qui le conduit vers Deepwater Horizon où il va y rester une vingtaine de jours pour y effectuer des contrôles de routine. Lorsqu’il arrive sur place en compagnie de Mr Jimmy (Kurt Russell), le gérant de la plateforme, il est surpris de croiser des techniciens quittant les lieux précipitamment.

Encore une question d’argent, comme souvent. Les représentants de BP emmenés par Donald Vidrine (John Malkovitch) ne jugaient par leur présence nécessaire. En tout cas, pas au point d’en justifier leur coût.

Mike est furieux, tout comme Mr Jimmy. Les deux lascars connaissent très bien leur plateforme et ses faiblesses (cf Abyss). Ils savent que les problèmes s’accumulent dans la station.

Vidrine n’en a pas grand chose à faire. Pas son problème. La plateforme n’est pas rentable. Elle est en dépassement de quarante jours. C’est tout ce qu’il voit. Il pense à faire ses chiffres et foutre son camp.

Sous la pression de Mr Jimmy, les équipes procèdent néanmoins à un test pression zéro pour examiner l’état général du puits et l’ampleur des éventuels dégâts. Le test n’est pas rassurant. Le surplus de pression n’est bizarrement pas accompagné d’une montée de boue comme c’est le cas d’habitude.

Personne ne semble anticiper à aucun moment que le sous-sol puisse exploser. Vidrine profite de l’aubaine et force Jason Anderson (Ethan Suplee) à continuer le forage. Mr Jimmy se plie aux ordres de sa direction. Et l’histoire repart jusqu’à ce que la cocotte minute finisse par exploser pour de bon.

La plateforme s’embrase. Les membres de l’équipage sont tous sonnés. Certains sont déjà morts. Les survivants essaient tant bien que mal de se diriger vers les canots de sauvetage en évitant les flammes.

Mike veut vraiment revoir sa femme (Kate Hudson) et sa fille. Alors il prend son courage à deux mains et il en profite pour sauver celles et ceux qu’il peut, comme Andrea (Gina Rodriguez).

I don’t want to die, I don’t want to die.

You’re not going to die. Trust me.

De retour sur la terre ferme, Mike est agressé par des parents inquiets car sans nouvelle de leur fils. Il peut enfin retrouver les siennes qui étaient drôlement inquiètes aussi.

Sur les cent vingt membres de l’équipage de Deepwater Horizon, onze personnes ont trouvé la mort.

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L’EXPLICATION

Deepwater Horizon, c’est comme une tâche sur la moquette.

L’appât du gain transforme l’homme en imbécile en l’incitant à gratter autant qu’il le peut. Vidrine représente la grosse entreprise qui tire sur la corde jusqu’à ce que ses employés partent en burn-out (cf Chute Libre). Il est là pour faire un maximum de profits. Rien d’autre.

Les profits sont un trompe l’oeil. En réalité, les affaires vont mal. La station décline. On rogne sur les dépenses pour ne pas affecter les marges. Vidrine insiste comme quelqu’un qui essaierait de garer sa voiture sur une place de parking trop étroite. Ça passe. Jusqu’à ce que cela ne passe plus.

Dans le business, c’est pareil. Du pétrole plein les yeux, Vidrine prend des risques inconsidérés. Il minimise les problèmes. Se conduit comme un Soviétique de l’époque, ou un Nord-Coréen d’aujourd’hui, en faisant mine de rien et refusant de reconnaître le néant (cf L’histoire sans fin). Il est Mr Eastmay dans Titanic.

Face à l’autorité peu scrupuleuse que représente Vidrine, Mr Jimmy est un contestataire mou. Un vieux cheminot qui se fait marcher dessus par une multinationale. Sa grève ne va pas durer bien longtemps. Il peut bien coller un regard noir à Vidrine après la catastrophe, il sait au fond de lui qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même, surtout après avoir honteusement accepté une récompense de la part de BP quelques minutes avant que sa plateforme n’explose.

L’élève Andrea est aussi confrontée à la bêtise du professeur. Elle sait qu’il faut déconnecter, cependant son n+1 lui interdit de le faire car elle n’en a pas l’autorité. Face à la bêtise, quand décide-t-on de prendre la décision qui s’impose ?

Quand commence-t-on à réfléchir ? Ce désastre est une bonne leçon d’humilité car au delà de l’avarice, il y a aussi notre incapacité à imaginer tous les scénarios. Ces hommes tentent de maîtriser les éléments et une fois de plus c’est la nature qui gagne à la fin. La nature qui au passage ne fait que se venger. Si l’on pleure les onze victimes, personne ne pleure ce cormoran qui s’échoue sur le bateau à cause du pétrole sur ses ailes.

Avec cette plateforme, c’est potentiellement tout le capitalisme qui peut partir en fumée (cf Inside Job). La Petite Maison dans la Prairie, version Backdraft. Une plateforme qui brûle, c’est l’apocalypse.

 

D’ailleurs, les survivants ont quitté l’industrie pétrolière depuis. Sauf les responsables de BP qui ont vu leur condamnation s’envoler. Le capitalisme a encore quelques beaux jours devant lui.

Cette catastrophe écologique est l’occasion d’élargir nos horizons. Certes, l’héroïsme Américain triomphera toujours sur la pingrerie Britannique. Tout cela au prix d’une gigantesque marée noire dont personne ne fait mention. GI Joe sauve une dizaine de personnes mais ne peut pas empêcher 400 espèces d’animaux d’être victimes de la pollution.

Et cela nous empêche pas de continuer de forer comme des porcs pour que des gros égoïstes continuent à conduire leur 4×4 en ville (cf Promised Land).

Alors quel est le sens de ce désastre ? Quelle est la solution ? Passer à l’électrique et devenir encore plus dépendants du nucléaire, dont on ne sait toujours pas recycler les déchets autrement qu’en les mettant sous le tapis – en espérant que personne ne remarque rien (cf Into Eternity) ? Peut-être qu’on devrait tous se mettre au vélo – sans moteur ? Saura-t-on résister au dopage ?

Ou comme le font les étudiants qui se font virer d’un appartement pour tapage nocturne, on peut continuer la fête ailleurs… sur Mars (cf Total Recall).

On peut continuer de se sauver toute la nuit, le soleil finira bien par se lever vers 6h du matin. Enfin, on l’espère (cf Sunshine).

En tout cas, on ne pourra plus ignorer les tâches qu’on a laissées sur la moquette.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

3 commentaires

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