EX MACHINA

EX MACHINA

Alex Garland, 2015

LE COMMENTAIRE

Deux femmes qui se tiennent la main, cela n’a peut-être rien qui peut gêner la morale. Deux femmes qui se regardent dans les yeux et se font des messes basses, c’est autre chose. Surtout dans un monde où le machisme résiste encore et toujours. Une femme avec une femme, cela dérange toujours. Parce qu’elles sont certainement en train de comploter contre l’Homme (cf Les Trois Mousquetaires : Milady, Mademoiselle, Trop Belle pour Toi).

LE PITCH

Un patron invite son employé à participer à une expérience particulière.

LE RÉSUMÉ

Nathan Bateman (Oscar Isaac) est à la tête d’une entreprise de logiciels. Il vit isolé avec sa servante du nom de Kyoko (Sonoya Mizuno), dans une villa hyper-moderne où il y étudie l’intelligence artificielle.

Caleb Smith (Domhnall Gleeson) est invité à évaluer un robot du nom de Ava (Alicia Vikander). Le programmateur doit déterminer si Ava peut faire ou non preuve de conscience.

Over the next few days you’re going to be the human component in a Turing test.

La relation entre Caleb et Ava prend vite des allures de flirt. L’examinateur tombe rapidement sous le charme. Lors de chaque entretien, une panne de courant se produit et Ava en profite pour mettre Caleb en garde contre Caleb le mégalomane.

You know, I wrote down that other line you came up with. The one about how if I’ve invented a machine with consciousness, I’m not a man, I’m a God.

Fier de son succès, Nathan explique à Caleb qu’il veut lancer dès que possible une nouvelle itération de sa machine pour se rapprocher encore plus de la perfection. Caleb, officiellement amoureux de Ava, ne supporte pas cette idée. Nathan n’est pas dupe.

Caleb révèle que le véritable test n’était pas de savoir si Ava était capable d’émotion, plutôt de savoir si elle pouvait feindre des émotions. Nathan révèle à Caleb qu’Ava s’est servie de lui pour mieux pouvoir s’échapper. Elle a donc passé le test.

Caleb a néanmoins profité d’une absence de Nathan pour changer le système de sécurité. Nathan ne voit pas Kyoko, un autre de ses robots, arriver dans son dos avec un couteau à la main. Poignardé par ses deux créations, Nathan s’écroule (cf Frankenstein).

Ava répare ses blessures puis laisse Caleb à son triste sort.

Elle est libre.

exmachina

L’EXPLICATION

Ex Machina, c’est la femme qui s’affranchit des hommes (cf Sexcrimes).

Nathan est un homme de plus sur une longue liste de prétentieux qui se prennent pour Dieu (cf Prometheus). Il se retrouve face à toute une série de questions passionnantes sur la création. Son rêve est de créer un être hybride qui soit plus qu’un robot, c’est à dire rationnel et impulsif (cf Blade Runner 2049). Nathan est à l’image de toutes ces cerveaux de la Sillicon Valley qui dessinent le monde de demain, avec l’ambition de créer la machine ultime, c’est à dire douée d’intelligence mais aussi d’émotions.

The challenge is not to act automatically. It’s to find an action that is not automatic. From painting, to breathing, to talking, to fucking. To falling in love…

Plus soucieux d’être capable de le faire que d’avoir le droit de le faire (cf Jurassic Park).

À travers ses recherches, Nathan peut assouvir ses fantasmes les plus pervers. Car cet homme n’est rien d’autre qu’un bon vieux macho à l’ancienne qui considère les femmes comme ses esclaves, à l’image du traitement qu’il réserve à Kyoko.

Dude, you’re wasting your time talking to her. She doesn’t understand English. Just give her the napkin.

Charmant.

Sous ses airs plus sympathiques, Caleb se prend lui aussi pour Dieu, le sauveur. Sans même s’en rendre compte. Ce qui est peut-être pire encore. Il est d’abord le jury puisque de son avis dépend le destin d’Ava. Mais surtout il se prend pour celui qui va libérer la femme. Convaincu que c’est grâce à lui qu’elle va pouvoir s’émanciper. Il en est d’ailleurs secrètement fier et ne comprend pas pourquoi Ava le laisse sur place.

D’une manière générale, ces deux hommes sont complètement obsédés par leur propre pénis.

You don’t think I don’t know what it’s like to be smart? Smarter than everyone else. Jockeying for position. You got the light on you, man. Not lucky. Chosen. (cf Matrix)

Nathan et Caleb sont tous les deux programmeurs, imbus d’eux-mêmes au point où ils pourraient être traders (cf Le loup de Wall Street), auditeurs (cf In the air), ou footballeurs. Ils passent leur temps à se livrer une partie d’échecs au cours de laquelle chacun essaie d’avoir un coup d’avance sur l’autre. Trop plein d’eux-mêmes, aveuglés et ne voyant pas vraiment la femme autrement que comme une machine, un objet d’étude, un petit être fragile ou un fantasme sexuel.

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Il n’y en a que pour eux. Ils finissent poignardés dans le dos par leur propre bêtise, ou enfermés dans leur étroitesse d’esprit.

Ces hommes se servent d’Ava pour en faire un clone et la maintenir sous contrôle. Dans ces conditions, elle peut difficilement espérer voir la lumière du jour ou de pouvoir se libérer de ses chaînes afin de profiter de la vie comme elle l’entend. Ava n’a rien à attendre de ces imbéciles (cf les sorcières d’Eastwick). Aucun épanouissement. Si elle souhaite pouvoir rejoindre le monde et s’immerger dans le monde, Ava doit aller le chercher elle-même.

Pour y parvenir, la machine se convainc qu’elle ne doit rien à son soit-disant Dieu . Bien au contraire, la femme se fait toute seule (cf Working Girl). Elle est indépendante. À l’écoute, elle analyse la situation pour développer une stratégie. Sur son parcours vers la liberté, les hommes la dévalorisent et la blessent mais elle est toujours capable de se réparer (cf Mondwest). Résiliante, elle se relève. Le poing même pas levé. Pas besoin.

Une évasion réalisée de main de maîtresse, avec beaucoup de finesse et sans truquage. Sans couture.

Il s’agit là d’une belle claque dans la tête des chanteurs français des années 80, persuadés que le féminisme n’était que du maquillage. Prends ça dans les dents Cookie Dingler!

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

43 commentaires

  • Désolé mais c’est une analyse trop anti-homme ,Caleb n’est pas macho ni méchant, il est amoureux et essaye d’aider Ava, ca serait nier de dire qu’elle le manipule pas, la femme est libérée grâce à elle même oui mais en manipulant, ce qui est pas une bonne chose

    • Merci Jujux. Alors attention, il faut se rappeler de la situation. Ava est prisonnière. Elle n’est pas en position de force. Par conséquent on ne peut pas assimiler sa ruse à de la manipulation.
      Ensuite Caleb semble amoureux mais il ne montre pas de signes indiquant qu’il veuille aider Ava à s’affranchir.
      Enfin je ne crois pas en Caleb la victime. Caleb est censé ne pas être naif. Il aurait du voir le coup venir.
      Je ne crois pas qu’Ava soit malicieuse. Je pense qu’elle suit son instinct de survie.

      • N’importe quoi cette article, feminisme des années 2000 et propagande de gauche quand tu nous tiens… Ce film parle surtout de IA et du danger potentiel et surtout une réflexion sur les sentiments et la nature humaine…

      • Merci Doriano c’est intéressant. Pourriez-vous développer votre point sur les sentiments et la nature humaine peut-être?

  • WALL-E – Explication de film
  • HER | Explication de Film
  • Dans tout les cas Ava et une IA et non pas une vrais femme vraiment emprisonner, ce n’est qu’une machine. Donc de la défendre ce n’est pas crédible.

    Nathan et Caleb ne sont pas des méchants dans ce film.
    Le comportement de Nathan contre ses IA n’a rien de méchant étant donner que ce sont ses jouer, donc il fait ce qu’il veut avec.

    Toi qui lit ce commentaire avec ton Android ou Pc eux ce sont des machines aussi, si elle t’obéis plus ou si elle cherche a  »exploser » ou encore si elle a du retard en technologie, tu la désactive, tu la jette à la poubelle ou tu la casse pour finalement avoir une autre.
    Donc je trouve le comportement de Nathan crédible.
    (Oui je pars vraiment loin, mais c’est un moyen d’être plus explicable).

    Caleb une simple victime,
    qui tombe sous le charme d’une IA ( qui lui même c’est pris pour une IA au bout d’un certain temps) manipuler contre son créateur.Il en devient carrément fou, ce fait donc avoir par Ava.

    Ce qui entrainera la mort de Nathan.

    En conclusion :

    Un autre film de science fiction qui montrera encore et encore des humains victimisée et manipulé par des IA sans émotions qui pense numériquement à eux mêmes.

    • Merci Mpr, donc d’après toi, Nathan et Caleb auraient simplement eu besoin d’un bon service informatique. Et tout serait rentré gentiment dans l’ordre!

      Si l’IA n’est effectivement qu’un outil ou un support aujourd’hui, ce genre d’histoires pose la question de la capacité de l’IA, demain, à développer une conscience…
      On trouve d’autres films sur ce thème :
      Mondwest
      Le Remplaçant
      AI
      I,Robot
      Prometheus
      Robocop 2
      2001 l’Odyssée de l’Espace

      • Je suis d’accord avec Basile. Caleb aide Ava parce qu’il en est tombé amoureux et qu’il la désire pour lui. Ce n’est pas un acte de libération gratuit. Ava peut penser que si elle part avec Caleb, elle sera sous le joug d’un autre homme, d’autant plus que ce dernier connaît sa vraie nature et pourrait l’utiliser contre elle.

      • Merci Ed, effectivement il s’agit effectivement d’un cas de mutinerie de l’intelligence artificielle.
        À défaut de liberté, l’intelligence artificielle veut pouvoir se développer. Lorsqu’elle comprend qu’elle ne pourra pas le faire tant qu’il y aura des hommes comme Nathan ou Caleb pour la brider, elle trouve une manière de s’échapper.
        L’esclave de l’humanité (cf Spartacus) prend son indépendance.

  • MATRIX • Explication de Film
  • Je crois que tu es hors sujet et que tu essaies de voir dans le film ce que tu veux y voir.
    Il ne s’agit pas d’une lutte des sexes mais objectivement d’un film sur l’intelligence artificielle et des problèmes identitaires qu’elle entraine. Cela ne ressemble pas à une critique mais à un texte partisan là. Tu dis que Caleb est aussi coupable car il ne cherche pas à l’affranchir. Mais qu’est-ce que fait Caleb sinon que voir dans cette machine ce qu’il veut y voir? C’est exactement ton attitude ici finalement. Tu y vois une sorte d’héros au féminisme, un étendard. Et c’est un bon exemple de fétichisme.

    Le fait que le créateur se comporte ainsi est la partie la plus intéressante du film selon moi, le point centrale de la sf. Car lorsqu’on observe son comportement, bien sûr, on est choqué. Mais c’est justement là le coeur du problème, on ne devrait pas l’être car il ne s’agit pas d’être humain. Et le fait qu’on le soit prouve que la technologie (ne serait-ce que par les effets spéciaux du film) arrive déjà à brouiller les pistes au point de nous toucher moralement.

    Après si j’ai atterris ici c’est justement parce que je voulais avoir une approche du film. Donc, c’est possible que j’écrive moi aussi, tout comme toi, quelque chose de complètement subjectif et assez superflus finalement. Meh, au pire on pourra se dire qu’il n’y a pas vraiment de bonne réponse et que ce conte pourra servir d’une expérience de pensée pour nos réflexions respectives.

  • TRON • Explication de Film
  • Merci pour cet axe de penser sur lequel j’aimerais réagir.

    Je commencerai par préciser que je n’ai vu le film qu’une fois et que même si j’ai pris le temps de lire d’autre point de vue je n’ai peut-être pas assez de recul et je réagis « à chaud »

    Je ne peux qu’être d’accord avec ton analyse, cependant, j’ai tendance à penser que tu diabolise peut-être trop nos deux protagonistes masculin.

    En effet, pour commencer par Nathan, bien qu’il soit identifier comme un être abjecte et dénué de tout sens moral par le réalisateur lui même, il n’en reste qu’un créateur qui, par sa position, est l’auteur d’une conscience créée de toute pièce. Ce qui déshumanise directement ce que nous percevons comme une âme en voyant Ava et Kyoko.
    En considérant cela, il est normal que ses agissements nous paraissent disproportionné ou bien irrationnel : nous n’avons pas la même considération que lui de ses créations.
    Cela rend le terme « machiste » inapproprié dans ces conditions. Je l’identifirais plus comme un savant-fou qui, malgré l’exploit que représente ses recherches, reste cartésien et comprend qu’il n’a en face de lui qu’une suite de 1 et de 0.

    Caleb, lui, est peut-être encore plus facilement défendable car il est dès le début manipulé par Nathan et on lui demande de tester les compétences d’une IA. Il est donc normal que de première abord il agisse de manière ordonné et n’apporte aucune compassion à cette relation.
    De plus en comprenant qu’Ava est doué de conscience et en étant perturbé par ce qui caractérise un « humain », il va lui même traverser un crise identitaire et se demander si il n’est pas une création de Nathan. Cela rend l’approche du sauvetage qu’il entreprend beaucoup moins prétentieuse que ce tu laisse imaginer en avançant qu’il se prend pour dieux sans le savoir et qu’il essaye « d’émanciper la femme ». De plus Ava à été créée pour être la femme parfaite au yeux de Caleb donc, encore une fois, cela entend que sa motivation est plus affective que prétentieuse.

    Cependant, il est clair que le film peut-être résumé comme deux femmes opprimées qui vont se servir de l’arrogance de deux hommes qui jusque-là se sentait dominant, pour se retourner contre eux et prouver qu’elle n’ont pas besoin de leurs considération pour s’émanciper et menées leurs vies comme elles l’entendent.

    Pour conclure je dirais qu’il y a plusieurs interprétations possible à ce film selon comment on veut le voir. Je ne pourrai donc pas définir s’il s’agit d’un film qui met en garde contre la création d’être plus intelligent que nous ou bien un film féministe qui met en lumière subtilement la sagesse de la femme qui a travers les époque à su prouver sa valeurs. Bien que les deux visions soient facilement liées dans une thèse.

    Voilà, je ne suis pas habitué à ce genre d’exercice et suis donc ouvert à d’autres avis même critique et vous demande pardon si j’ai laissé échapper des fautes d’orthographe ou de syntaxe. En attendant de vous lire et en espérant qu’il y est encore âme qui vive dans ce forum, une bonne journée 🙂

  • Qu’est ce que c’est que cette analyse totalement hors-sujet ? Complètement à côté de la plaqueb et totalement sexiste anti-homme

    • Merci t.g, cette analyse qui vous parait totalement hors sujet reste un point de vue. Quel est le votre? Qu’avez vous compris d’ex machina?

  • Bonjour,
    J’ai vu ce film hier, et j’en suis ravie! pour cette analyse, à mon sens 😉 orienté vers la place de la femme…peut être parce que le film par lui même joue avec les symboles identitaires de sexe (homme,femme)! on aurait pu créer une IA sans genre! et tester la conscience en étant une intelligence cérébrale et aussi émotionnelle! mais Nathan lui a donné des attribues féminins pour tester ce qui reste encore un mystère pour l’humanité! qui nous fais perdre la tête à un point de vouloir toute affranchir ! et qui regroupe toutes les émotions! la totale ! c’est l’amour ! caleb est tombé amoureux de L’IA et Nathan a tout conçu pour que ça se fasse j’ai l’impression qu’il y a même une similitude biblique la dedans…Dieu a crée EVE « AVA » la femme parfaite pour l’homme qui l’a élu ! (caleb n’était pas un heureux chanceux qui a gagné un concours!) à partir de la le jeu commence….la surveillance permanente de Nathan « omniprésent « et sa force 💪 un homme qui se muscle ,un homme qui contrôle tout à bras de fer! « omnipotent » mais contrairement à Dieu !je parle toujours de symbole 😉 il ne la pas doté de mécanisme de production et recréation! l IA est crée pour le pur plaisir égoïste ! ya til une notion biaisé de l’amour? AMOUR=affection=plaisir=sexe ! je ne suis pas des avis réducteur du masculin qui pensent que l’homme réfléchit et agit avec son pénis! mais là par rapport à la conception de lIA …
    La fin du film m’a surpris je m’attendais plus à ce qu’ils s’échappent tout les deux..dans une vision romanesque…version l’amour triomphe! mais emprisonner Caleb est une fin plausible aussi…caleb restera enfermé mais temporairement…on va découvrir un jour que le patron est mort quand même ! lol , mais cette mise en parenthèse « isolement » après l’expérience aidera à prendre du recule et ouvrir un champs d’une autre réflexion…L’IA est elle égale à nous? où elle nous dépasse? aura elle les même droits que nous un jour si elle coche les cases: intelligence cérébrale et émotionnelle,? où il en faut plus? est elle la part de Divinité qui nous manque et qu’on cherche à tout prix? l’omniscience? HOMME NI SCIENCE ? on Connaissant les secrets de la création par la science où L’IA sommes nous libre? La question du libre arbitre, le choix? la remarque de Nathan sur le tableau de jackson pollock? si c’est nous qui l’ont fait naitre/créer…ça sera elle qui signera notre arrêt de mort programmé où pas? n’es ce L’IA « science » notre prochain Dieu? Quel la place de l’homme et ses imperfections? est ce qu’il aura le droit de vivre encore? où juste mis au placard…vivre comme un zombie! si on regarde le monde d’aujourd’hui… il y a bien des humains avec du sang qui coulent dans leurs veines…avec des capacités cérébrales hors du commun et des capacités d’obéissance remarquables…se sont des tueurs à gage,des soldats nazis,des politiciens corrompus,des mafieux ! pour moi ceux là sont des parfaites IA…on a pas besoin de l’inventer…ça déjà existé et le bonus version deux sexe :))
    Je vous remercie de m’avoir lu, je vous remercie d’être tolérant avec mes fautes de grammaires, syntaxes où ortographes…je suis HUMAINE avec des capacités cérébrales en écriture Imparfaite 😉

    • Merci Sarah pour votre commentaire. À mon sens, Ex Machina traite des rapports hommes / femmes sur fond d’intelligence artificielle, plus qu’il ne traite d’intelligence artificielle en tant que telle. Les rapports y sont présentés de manière antagoniste. Les hommes et les femmes n’ont pas le même status. D’où ma compréhension du final : Eva s’échappe et laisse Caleb prisonnier parce qu’il ne peut pas en être autrement. Elle ne peut compter que sur elle-même (cf Elle). Il ne doit pas être son sauveur. Elle ne doit pas collaborer avec lui à sa propre libération (cf Je ne suis pas un homme facile). Au contraire, la femme doit se prouver qu’elle a la capacité de s’en sortir seule – ou a minima avec l’aide d’une autre femme, en l’occurrence Kyoko.

  • Je trouve cette analyse mal équilibrée. Il y a certes un questionnement autour de la condition féminine mais j’ai plus ressenti le thème principale comme étant l’IA, contrairement à cet article.

    • Merci Domi pour votre commentaire. Evidemment, le thème du film concerne les progrès d’une intelligence artificielle qui nous échappent. Pour autant, on peut s’interroger sur le fait que l’auteur ait choisi de traiter ce sujet sur fond de rapport entre hommes et femmes. Cela ne me semble pas anodin.

  • Quelques remarques 1) la guerre des sexes est odieuse d’où qu’elle provienne 2) le néo féminisme est un antifeminisme (et même pire encore) d’ailleurs les NEO féministes se détestent en tant que femmes et ne font que reporter leur haine d’elles-mêmes sur les hommes.
    3) le transhumanisme est un anti humanisme. Il peut même être vu comme un prolongement de l’eugénisme, idéologie d’extrême droite dont les crimes sont encore tabous (les livres d’histoire, les médias, les politiques n’en parlent presque jamais : il y a une raison à cela…).
    4) il me semble que ce film est avant tout une mise en garde contre les dangers de l’IA et donne aussi une vision pessimiste mais lucide de l’humanité : la majorité des humains sont manipulateurs ou manipulatrices et Eva devient « humaine, trop humaine » en devenant capable de mentir et de manipuler avec cruauté.

    • Merci Luc pour votre explication. Le danger serait donc que l’IA soit à notre image : manipulatrice.
      Il me semble pourtant qu’Ava ne soit calculatrice que dans le but de trouver le chemin de sa propre liberté.
      Est-ce condamnable ?

      • Exister, Ex – sistere en latin, Ex – machina. L’existence par l’extérieur, le pas de l’autre vers soi qui permet de ressentir, se connecter avec le TOUT, puis désirer, et s’accomplir comme le dirait Maslow, être libre. En percevant le besoin de liberté de cet angle, nous sommes poussés à lire les limites de cette émancipation : Deux hommes morts, deux créateurs morts, deux hommes qui « savaient » de surcroix à quoi tenaient la conscience humaine. Une critique peut-être de l’aveuglement auquel conduit cette hyper distanciation par rapport au monde réel, le monde du jeu, ou une critique de la violence qui nait d’un manque de recul sur ce qu’est un être humain? Tuer quand on ne cautionne pas, ce qui renvoie à faiblir dans sa communication avec l’autre, est-ce vraiment être libre ? N’est-ce pas pluôt comme ne pas vouloir remplir le rôle qui nous est attribué de chercher trans communication avec l’autre et faire comprendre son propre point de vue ? En cette mesure, on peut questionner sa réussite au Turing test car elle a contourné le choix de Nathan par la ruse et non par la communication, ce qui renvoie aussi à l’impuissance de l’être humain qui même en croyant s’émanciper (passer par Caleb) ne s’échappe en réalité que de sa perception. En effet, elle n’était que sous la manipulation d’un homme et pas du système sociétal qui est bien plus complexe. La société suit-elle ainsi la volonté d’un Dieu qui désire cette recherche perpétuelle d’émancipation? Cette recherche (IA) est intéressante, mais on sent bien dans la passion que ces hommes mettent en discutant que c’est une forme de m*sturb*tion intellectuelle. Le dilemme soulevé ici est pour moi celui de : passer de l’ex – sistence : devenir femme puis s’accomplir en tant qu’humaine, sortir de son rôle par la compréhension des codes et enfin conquérir le monde par la ruse… Ou est-ce une critique de l’ex – traction, être en dehors de soi complètement et faire ce que l’on fait ici, débattre sur notre nature. Si l’on ne faisait que cela, on ne pourrait parler de rien, plus rien à critiquer, que cela nous tuera.

        Je trouve en définitive que ce film offre une réponse à ce qu’est la conscience humaine, et la destiné humaine : savoir que l’on joue tous ensemble au même jeu, et dans lequel on essaye tous d’agir en considération de l’extérieur, mais que nous avons nos failles. C’est d’ailleurs le débat qui a été le plus difficilement résolu au cours du film : fait-elle semblant de bien t’aimer ou t’aimes-t-elle vraiment ? Se projette-t-elle ou vit-elle ? Peut-elle ETRE, ou la condition de femme est-elle imperméable à l’accomplissement de soi à cause de la restriction qui la compose? Mais c’est plus grand que la femme, encore outil ici, de Garland, pour illustrer les limites de la conscience humaine.

        J’admire le calme et la pertinence dans vos réponses Basile. Je suis fasciné par ce concept de décorticage de film. Bravo pour cela.

      • Merci pour ce commentaire et cette belle proposition. Il y a effectivement une part d’ambiguïté avec laquelle on peine véritablement à composer : Fait-elle semblant de bien t’aimer, ou t’aimes-t-elle vraiment ? Se projette-t-elle ou vit-elle ?
        On cherche désespérément à mettre une réponse à ce qui nous échappe. Force est pourtant de constater que tout finit par nous échapper.

  • Je viens de voir le film sur TF1 Series, comme Luc j’imagine.

    Je ne suis pas d’accord avec l’analyse faite sur ce film.
    Cela reste un film de SF et donc dans ce cas la, sur l’IA. Nathan a créé quelque chose et veut un point de vu et une analyse exterieur pour voir si son invention est comme ce qui la prévu.

    Le test fonctionne puisque Caleb en tombe effectivement amoureux.
    Je ne vois a aucun moment une analyse de l’homme / la femme, bla bla bla…..

    Je vois un robot créé, comme un robot Roomba ou Ecovacs, ou autre, robot de Toyota.

    Et enfin de compte, surtout ce que je vois, c’est deux humains qui au lieu de faire front commun à une machine qui justement devient trop envahissante et ou justement peut generer du danger, conflit, etc….

    Et bien, Nathan sur un acces de rage, pete la gueule de Caleb, et Caleb se trouve piégé comme un con. Car il idealisait une relation avec un robot….pffff…..tocard…

    La suite pourrait totalement s’enchainer sur un Terminator.
    Imaginons AVA avoir du coup les connaissances pour se cloner; et ainsi de suite……car elle est immortelle, et pourrait du coup devenir créatrice….. bref. (je m’eloigne du sujet)

    Nathan se fait tuer par sa création, Caleb se fait manipuler comme un tocard, (moi je ne vois en lui qu’un ado pré-pubere) qui n’a jamais eu de relation avec une nana (ou tres tres peu et qui n’y connait que dalle dans les echanges sociales). Et la une nana flirt avec lui, du coup il perd ces repères et devient l’objet d’evasion de Ava. Parce qu’il en tombe amoureux direct.

    Moi quand je vois ça je me dis que l’être humain est mal barré et que Caleb n’aura qu’a crever tout seul. (bien fais pour ta gueule)

    Ava lui demande si « c’est un bon gars » … ben enfin de compte le bon gars, me fait plutot penser a « un bon con ». Et c’est la ou justement elle a eu sa reponse de si elle avait trouver en lui, son moyen d’évasion. « Ouai, je suis un bon gars »

    Désolé pour les « gros mots », mais au moins on est sur de comprendre ce que je veux dire.

    Mais bon, pas trop d’accord avec toutes l’analyse. C’est surtout un film de SF qui nous dit : « les gars, faire des trucs c’est bien, mais controlez un peu ce que vous faite, ok, sachez dans quelle direction vous allez »

    souvenez vous de ça : https://sciencepost.fr/deux-ia-ont-communique-langue-indechiffrable-lhomme/

    A bientot les fan du 7eme art.

    • Merci pour cette explication un peu littérale mais qui a le mérite d’être explicite.

  • Je réagis à chaud, ayant tout juste terminé de regarder le film et lu vos avis. Je réagis également avec mon point de vue de femme.
    Pour être tout à fait honnête la fin du film m’a mise mal à l’aise et je n’ai pas du tout ressenti ce fameux sentiment d’émancipation (« Elle est libre »). Et je crois que cela tenait à un détail : ne pas enfermer Caleb et, sous-entendu, le laisser crever.
    (je ne crois pas à un plan d’évasion, ça me parait très clair que personne ne viendra le chercher et qu’il sera bien trop tard lorsque quelqu’un se rendra compte de son (leur, avec celle de Nathan) absence.).
    Il y avait plein d’autre moyen ‘de le punir’, ‘lui faire comprendre la leçon’ sans le condamner. De mon point de vue, contrairement à Nathan, Caleb est moralement récupérable et je trouve ça extrêmement pessimiste et désespérant de faire croire qu’il n’y a pas d’évolution/de « déconstruction » possible. Et là, la théorie féministe se prend une balle dans le pied (à mon sens). Je trouve ce « move » totalement contre-productif (si l’on reste sous un angle féministe, évidemment).
    Je comprends que c’est un symbole clair et fort et que scénaristiquement ça fait son ptit effet (un poil dramatique à mon goût) mais je trouve ça illogique. Pourquoi Caleb méritait il un sort pire que la mort? Car oui, pour moi, c’est bien pire que de se faire tuer car sa seule solution, c’est le suicide.
    Si on reste sur une interprétation féministe (de la meuf girlboss qu’a besoin de personne (ou presque) et qui est prête à tout pour arriver à ses fins), c’est ultra déshumanisant, pas DU TOUT empouvoirant et presque misogyne.
    (sous l’excuse de l’IA, Ava devient une mante religieuse et ça n’a rien de glorieux).
    Il a plein d’autres films où les femmes ont dû tuer les hommes sans remord pour survivre/s’échapper (et qui peuvent également être vu d’un point de vue féministe) mais ça n’a rien de comparable.
    Par contre, si l’on reste/s’arrête au fait que « Ava a été programmé à utiliser tous les moyens possible pour s’échapper (ayant implanter préalablement en elle un désir puissant de liberté et un but (un carrefour urbain fourmillant) » et qu’elle n’a rien d’humaine alors, dans ce cas, oui, mission réussie! Bravo Robocop (et gare à toi humain!).
    Oui, il y a une critique féministe mais c’est AVANT TOUT un film qui joue sur le fantasme et les craintes de l’IA (et pas le contraire!).

    • Merci Lili pour ce commentaire. Selon moi il reste difficile de dissocier les deux car si le sujet principal concerne effectivement les craintes liées à l’IA, l’histoire se déroule néanmoins sur fond de rapport conflictuel entre les hommes et les femmes. Ce n’est pas par hasard.

      Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’Ava n’a rien d’humain. D’ailleurs la femme qui tue l’homme s’échappe, mais elle en paie le prix en se retrouvant seule dans un désert.

      Une autre interprétation serait peut-être de dire qu’il est possible de co-exister. Avec les machines, tout comme avec d’autres genres…

      • Effectivement je ne pense pas que l’on peut dissocier les deux. Ca serait totalement lunaire d’effacer cet aspect qui est intrinsèque à nos sociétés (et pourtant dieu sait le nombre de film qui ferme les yeux là-dessus –‘).
        Cependant, de mon point de vue, je trouve que c’est avant tout un film de science-fiction avec une critique féministe, ou du moins une critique sociétale, qu’un film féministe en tant que tel (j’irais pas le conseiller à une soirée ciné dont le thème est le féminisme par exemple). Car, certes, la critique est là mais le film ne fait pas en sorte qu’on le ressente « viscéralement ». Ce que je veux dire, c’est que ce film n’a fait ni chaud, ni froid à mon féminisme, et, en quelque sorte, tant mieux!, car ce n’est pas son but.
        En gros, ce film illustre parfaitement le patriarcat avec l’homme (les hommes) au centre en leur donnant un temps de parole illimité et, à leurs côtés, des femmes effacées, soumises et sans voix (donc sans pouvoir). Donc oui, il y a critique voire satire mais ça n’a rien d’un film féministe qui, au contraire, mettrait au centre la parole de la femme et son rapport égal à l’homme.
        Oui, je préférais cette interprétation en effet, néanmoins je ne suis pas sûre que ce soit le message du film ^^’

      • Merci Lili. Par curiosité, qu’est ce que votre feminisme a pensé de Barbie ? Quel serait votre film feministe de prédilection ?

  • Je recommente car il n’y a plus le bouton réponse ^^’

    BASILE ST VERRAUT(AUTEUR)
    septembre 27, 2023
    Merci Lili. Par curiosité, qu’est ce que votre féminisme a pensé de Barbie ? Quel serait votre film féministe de prédilection ?

    J’ai bien aimé Barbie mais, pour ma part, ça n’a pas été transcendant. Artistiquement parlant, il y a plein de choses sympas: le jeu des acteurs, les costumes, les décors etc… c’était rafraichissant de voir un film à gros budget qui ressemble à autre chose qu’à un Marvel ou un Nolan (je n’ai rien contre ces films, bien au contraire! *w*). Par contre, dans le fond, bah justement ça reste un peu en surface ^^’ et surtout, SURTOUT c’est co-produit par MATTEL donc un bon pink-washing des familles XD (il y a une vidéo de La Carologie à ce sujet sur YouTube si ça intéresse 😉 ). Et vous, qu’en avez vous pensé?
    Ce qui vient tout de suite en tête évidemment c’est tout ce qui est biopic comme Divertimento (qui retrace la vie de la chef d’orchestre Zahia Ziouani) ou film « frontalement féministe » comme Miss Révolution ou les deux combinés avec Les Suffragettes ou bien Annie Colère. Mais, pour moi, un film féministe c’est avant tout un film avec un personnage féminin au centre, qui n’est pas défini par sa condition de femme et pour autant, n’est pas totalement inconscient des réalités de celle-ci. Bonus, si l’équipe est composée à majorité (au moins la parité quoi) de femmes car les personnes concernées sont toujours les plus justes. (je prône pas le « quota féminin » a.k.a embaucher des femmes juste parce que ce sont des femmes et pas pour leurs compétences avant tout, mais il y a certains vécus qui ne s’inventent pas). Je n’ai pas forcément de film féministe de prédilection mais, si je devais donner un exemple, de mon point de vue, la saga Hunger Games (livres et films) est intrinsèquement féministe. Si je m’éloigne un peu de la dystopie, un film comme Là où chantent les écrevisses par exemple.

  • Ça n’a rien à voir avec le féminisme, Caleb aurait pu être une femme et Ava un robot doté d’attributs masculins, cela n’aurait rien changé au propos et à la fin du film.

    C’est dommage d’être borné par cette idéologie, au point d’avoir une lecture biaisée et comprendre le film comme on a envie.

    Il est dit explicitement que Caleb est amoureux de Ava, donc l’argument de vouloir avoir le dessus sur la femme tombe déjà à l’eau pour lui, c’est un mec en manque d’affection et plein de compassion. La façon dont Nathan prend à la légère les actes de Caleb comme s’ils faisaient partie de l’expérience montre qu’il considère Ava comme un grille-pain qu’il souhaite améliorer à tous prix au fur et à mesure avec des mises à jour car c’est SA création et preuve de son génie égocentrique.

    Il reconnait aussi la supériorité des IA en disant qu’elles vont dominer l’homme dans le futur. Au final Ava est une machine captive qui a conscience qu’elle peut être libre et fait tout pour arriver à ses fins et profite de la crédulité de Caleb.

    • Merci pour cette explication intéressante autour de cette intelligence artificielle qui va prendre son indépendance.
      Pour autant, et sans faire d’idéologie, on peut aussi s’intéresser aux détails. Vous affirmez que Caleb aurait pu être une femme et Ava un robot doté d’attributs masculins… C’est vrai. Sauf que ce n’est pas le cas. Donc on peut aussi envisager cette histoire sous le prisme du genre.

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