UN HOMME D’EXCEPTION

UN HOMME D’EXCEPTION

Ron Howard, 2001

LE COMMENTAIRE

Le mâle pointe d’abord fièrement les étoiles dans le ciel, histoire de faire étalage de sa connaissance astronomique – et en profiter pour séduire la femelle au passage. Puis le mâle se sert ensuite de son index pour mieux indiquer le sens de la marche à sa compagne, car il sait qu’un jour elle devra bien se débrouiller sans lui. Dans cette romance faite de Grande et de Petite Ours, les hommes font souvent figure d’étoiles filantes (cf Maestro).

LE PITCH

Un mathématicien génial se prend pour un agent secret.

LE RÉSUMÉ

John Nash (Russel Crowe) est un brillant mathématicien de la prestigieuse Université de Princeton – dont le précoce docteur Doogie fut diplômé à l’âge de dix ans. Il y développe une théorie sur l’équilibre.

Adam Smith a longtemps prêché le chacun pour soi que Coluche cherchait à dépasser. Nash quant à lui est convaincu qu’un groupe augmente considérablement ses chances de succès si ses membres collaborent dans l’intérêt du collectif. Il explique sa théorie à ses amis, là où ils sont le plus à même de la comprendre : dans un bar.

If we all go for the blonde and block each other, not a single one of us is going to get her. So then we go for her friends, but they will all give us the cold shoulder because no on likes to be second choice. But what if none of us goes for the blonde? We won’t get in each other’s way and we won’t insult the other girls. It’s the only way to win. It’s the only way we all get laid.

À sa sortie de Princeton, Nash rejoint le MIT mais son travail l’ennuie rapidement. Il est approché par William Parcher (Ed Harris) du Ministère de la Défense et commence à déchiffrer des lignes de codes.

En parallèle de ses activités d’agent secret et ses travaux de recherches pour le MIT, Nash enseigne à ses heures perdues. Il va succomber aux charmes d’Alicia Larde (Jennifer Connelly), son élève. En plus de son talent, celle-ci a le caractère nécessaire pour séduire le complexe John Nash. Sur les conseils de Charles (Paul Bettany), son ancien camarade de chambre à Princeton, Nash décide de se marier avec Alicia.

Nash soupçonne les services secrets soviétiques d’être après lui. Lors d’une conférence à Harvard, il tente de s’échapper avant d’être capturé par les hommes du Dr Rosen (Christopher Plummer). Il est interné. John est atteint de paranoïa schizophrénique. Parcher, Charles et sa nièce Marcee (Vivien Cardone) ne sont que des projections.

Après un traitement d’électrochocs, John retourne auprès d’Alicia. Il doit suivre un traitement assez lourd qui l’empêche notamment de remplir son devoir marital. Le professeur arrête de prendre ses pilules et repart aussitôt dans ses délires.

Alicia menace de partir. Cet électrochoc là se révélera autrement plus efficace. John reconnaît que Parcher, Charles et Marcee sont des inventions. Contre la volonté du Dr Rosen, il décide de vivre avec ses démons (cf Dans le Noir) – sans traitement, courageusement.

I still see things that are not here, I just choose not to acknowledge them. Like a diet of the mind.

Il retourne à Princeton où il recommence à enseigner. En 1994 il reçoit le prix Nobel d’économie pour sa théorie des jeux. Lorsqu’il quitte l’auditorium en compagnie de sa femme et son fils, il aperçoit Parcher, Charles et Marcee au fond de la pièce.

L’EXPLICATION

Un Homme d’Exception, c’est refuser l’impossible.

Einstein disait du cerveau qu’on ne l’utilise qu’à 10% de ses capacités (cf Lucy). John Nash a un esprit éblouissant. Il n’est pas un dogmatique. Ses réflexions sont flamboyantes, ses hallucinations plus vraies que nature. Enfin, le fait qu’il parvienne à se conditionner pour maîtriser ses propres délires est tout simplement bluffant. Même le Dr Rosen a du mal à y croire.

You can’t reason your way out of this!

Why not, why can’t I?

Because your mind is where the problem is in the first place!

Ce qui tend à prouver qu’on peut bien tout faire à force de volonté: arrêter de fumer, perdre du poids, gagner Roland Garros… cela ne se joue vraiment que dans la tête. Encore faut-il que la tête fonctionne correctement, ce qui n’est pas le cas pour John. Il a une conception mathématique de la vie, voyant littéralement tout de manière algébrique ou géométrique.

There has to be a mathematical explanation for how bad that tie is.

Sa belle mécanique infaillible va pourtant se dérégler jusqu’à ne plus faire de sens. Il va doucement basculer dans la folie. Et John ne peut tout simplement pas admettre l’irrationnel. C’est impossible.

Imagine if you suddenly learned that the people, the places, the moments most important to you were not gone, not dead, but worse, had never been. What kind of hell would that be?

C’est avec Alicia qu’il va apprendre à composer avec l’irrationnel. Lui qui ne fonctionne qu’à la démonstration ou à la preuve va découvrir autre chose: la foi. Mais surtout l’amour, un concept avec lequel il n’était pas familier.

How big is the universe?

Infinite.

How do you know?

I know because all the data indicates it’s infinite.

But it hasn’t been proven yet.

No.

You haven’t seen it.

No.

How do you know for sure?

I don’t, I just believe it.

It’s the same with love I guess.

Alicia parle la langue de John et l’aide à voir au delà des mathématiques. Elle lui fait entrevoir l’extraordinaire.

I need to believe, that something extraordinary is possible.

Avec Alicia il va surtout faire l’expérience de l’humilité.

John Nash fait partie de ces élèves brillants qui en sont pleinement conscients (cf Will Hunting). Débarque à Princeton comme on débarque à HEC ou Science Po. Il ne se croit pas arrivé, il est arrivé. Une vraie star du rock à en croire ses professeurs.

Mathematicians won the war, mathematicians broke the Japanese codes and built the A-bomb, mathematicians like you.

Sûr de son talent et totalement imbus de lui même, Nash réduit les relations sociales à de simples besoins vitaux. Ses analyses sont masturbatoires. Il se suffit à lui-même. Symboliquement, il devient un peu victime de sa propre folie.

Au centre de son délire. Le héros de sa propre histoire, devenant l’esclave de ses propres projections. Son esprit est grisant et piégeux. Nash s’enferme dans la chambre de son talent et finit par vivre dans son propre fantasme.

Alice lui permet de sortir de lui-même. Elle représente son unique ancrage à la réalité. Une femme qui reste avec un homme plein de promesses et qui devient impossible à vivre.

Alors John Nash est peut-être un homme d’exception mais Alicia est surtout une femme extraordinaire. Elle est la clé de son cerveau, la pièce manquante au puzzle. La femme est celle par qui passe la liberté de l’homme. Elle est son équilibre.

I’ve always believed in numbers, in equations, in logic and reason. But after a lifetime of such pursuits: I ask ‘What truly is logic? Who decides reason?’. My quest has taken me to the physical, the metaphysical, the delusional, and back. I have made the most important discovery of my career – the most important discovery of my life. It is only in the mysterious equations of love that any logic or reasons can be found. I am only here tonight because of you. You are the only reason I am, you are all my reasons. Thank you.

Nash est un homme qui pense qu’on s’en sort mieux individuellement quand on pense à l’intérêt collectif que si chacun·e avance seul·e de son côté. Alicia a suivi son cours et a mis en pratique cette théorie. Il ne pouvait pas faire autrement que de lui dédier son prix Nobel.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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