ROBOCOP
Paul Verhoeven, 1987
LE COMMENTAIRE
En France, on fait très attention à l’esthétique. C’est sûrement l’héritage des mousquetaires, qui n’étaient pas que des moustachus magnant habilement le mousquet. Ils étaient avant tout des artistes. En France, peu importe le résultat du moment qu’il y ait la manière. C’est pourquoi en France, on n’aime pas les CRS (cf Un pays qui se tient sage). On leur reproche de manquer de sensibilité. À l’inverse on pourrait tout à fait apprécier des policiers capables de tirer sans regarder.
LE PITCH
Omni Consumer Products (OCP) rêve de robots capables de débarrasser Détroit de sa criminalité.
LE RÉSUMÉ
En 2040, la ville de Détroit est toujours minée par les problèmes. Le maire privatise la police et en confie la responsabilité à OCP, un conglomérat qui veut transformer Détroit en Delta-City. Pour cela, il faut d’abord venir à bout du crime.
Old Detroit has a cancer. The cancer is crime, and it must be cut out before we employ the two million workers that will breathe life into this city again.
Dick Jones (Ronny Cox) propose de remplacer les flics par des droïdes. Son projet de robot ED-209 patauge. Bob Morton (Miguel Ferrer) pourrait bien lui voler la priorité. Il a l’idée de créer un super flic hybride entre l’homme et la machine: Robocop. Dick Jones enrage car le projet de Morton est retenu.
Le cobaye se nomme Alex Murphy (Peter Weller), un flic assassiné par la bande de Clarence Boddicker (Kurtwood Smith) alors qu’il était en patrouille avec sa collègue Anne Lewis (Nancy Allen). La carcasse de Murphy est remplacée par de la cybernétique. Seul son cerveau subsiste. Il est reprogrammé.
1. Serve the public trust, 2. Protect the innocent 3. Uphold the law.
Morton n’aura pas le temps de profiter de sa promotion que Dick Jones le fait abattre par le gang de Boddicker.
Robocop est activé. Il se met au boulot.
Excuse me. I have to go. Somewhere there is a crime happening.
En chemin, il croise Lewis qui le reconnaît et lui dit que son nom est Murphy. Robocop qui est censé ne pas montrer d’émotion commence à avoir des flash-backs. Il fait des recherches sur son passé et découvre que le gang de Boddicker est responsable de sa mort.
I know you. You’re dead! We killed you!
Après avoir remonté toute la filière, il arrête Boddicker qui lui confie qu’il travaille pour Dick Jones. Robocop lui demande des comptes. Il ne peut l’arrêter à cause d’une 4e directive que Jones a implanté par mesure de sécurité: interdiction d’arrêter un membre de OCP. Robocop est attaqué par ED-209.
Il panse ses blessures et se remet sur pieds pendant que la police de Détroit fait grève pour protester contre les robots menaçant de prendre leurs jobs.
Robocop se débarrasse de Boddicker et de ses hommes une bonne fois pour toute puis se rend au siège de OCP. Jones fait son show.
Because no matter what happens, this corporation will live up to the guiding principles of its founder: courage, strength, conviction. We will meet each new challenge with the same aggressive attitude.
Robocop va gâcher la fête en faisant écouter aux actionnaire l’aveu de Jones. Il ne peut toujours pas agir à cause de la fameuse 4e directive. Jones tente de s’enfuir en prenant son président en otage. Ce dernier le vire sur le champ annulant la 4e directive et permettant à Robocop, ou plutôt ‘Murphy’, de l’abattre.
Nice shooting, son, what’s your name?
Murphy.
L’EXPLICATION
Robocop, c’est l’humain dans la machine.
Face au capharnaüm qu’est devenu Détroit, nous nous retrouvons à court de solution. Plutôt que de relever ses manches et se mettre au boulot, le maire de la ville préfère botter subtilement en touche, signant au passage un contrat juteux avec OCP dont le but n’est pas d’éradiquer le crime mais plutôt de construire une ville sur laquelle ils auraient la main mise.
Il ne s’agit plus d’une fin mais d’un moyen. Et dans ce scénario, la machine devient la réponse providentielle.
La machine, bien que programmée par l’homme, reste une machine qui peut se dérégler, comme ED-209 qui tire sur des innocents. Face aux défis que la société rencontre sur l’environnement, l’énergie, les transports etc. nous avons tendance à nous en remettre à de grandes entreprises dont l’éthique n’est souvent pas exempte de tout reproche.
Dick Jones ne pense qu’au pouvoir et au profit. Il est un corrompu qui n’hésite pas à se servir de criminels pour faire son sale boulot. Morton ne vaut guère mieux que Jones. Tout ce qu’il veut c’est la place. Morton est Iznogood. Son projet de Robocop a le mérite d’être un tout petit peu plus fin que celui de son rival.
Maybe what we need here is a fresh perspective.
Son Robocop est un hybride (cf Mondwest), qui laisse encore une petite place à l’humain (cf After Yang). Contrairement à ED-209 qui n’est qu’un robot, Robocop doit être perçu comme un homme amélioré (cf Mission : Impossible 2), n’en déplaise à son créateur lui-même qui répond sèchement à Lewis:
I asked him his name. He didn’t know.
Oh, great. Let me make it real clear to you. He doesn’t have a name, he’s got a program, he’s product. Is that clear?
Robocop montre qu’on ne doit pas tout abandonner à la machine sous peine de s’en retrouver prisonnier. Ce qui nous sauve des machines, jusqu’à nouvel ordre, reste notre conscience. Nous devons montrer l’exemple aux jeunes générations. En cela, Robocop est un modèle.
Robo, excuse me, Robo. Any special message for all the kids watching at home?
Stay out of trouble!
Nous avons encore ce devoir. Ne démissionnons pas complètement (cf Detachment).
Robocop est donc un avertissement sans frais. Il pointe nos faiblesses. Tout ce qu’on cherche est un moyen de se défausser de nos responsabilités pour mieux partir siroter des cocktails à la Guadeloupe. La machine semble être l’excuse parfaite. Elle nous expose à des risques considérables.
C’est donner les clés, non pas de la voiture (cf Le Loup de Wall Street) mais carrément de la maison (cf Project X), à quelqu’un d’autre. Et c’est pour cela que Murphy est finalement la plus adaptée des solutions. Celui qui peut porter le chapeau si cela tourne mal.
Parce que c’est pas moi, c’est Murphy.
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