ALIEN: RESURRECTION

ALIEN: RESURRECTION

Jean-Pierre Jeunet, 1997

LE COMMENTAIRE

On reproche souvent à la police de faire un délit de sale gueule, sans vraiment en connaître les raisons profondes. À tort, on pense que les flics s’arrêtent à une couleur de peau, plus qu’à un visage. C’est faire un raccourci et oublier que dans la Police, on étudie Lévinas. N’oublions pas que le regard est « le reflet de l’âme ». Or quand les yeux sont revolvers, le regard tue. Donc méfiance est mère de sûreté. On ne plaisante pas avec Marc Lavoine.

LE PITCH

Des années plus tard, une femme est ramenée à la vie.

LE RÉSUMÉ

2379. Des scientifiques du vaisseau USM Auriga créent un clone de Ripley (Sigourney Weaver) à partir d’un fond d’ADN et récupère l’embryon de la Reine Alien ainsi que ses œufs. Grâce à l’ADN Alien qui s’est mélangé au sien, Ripley a muté. Elle a développé une force et des réflexes surhumains. Son sang est devenu acide et elle peut communiquer avec les Aliens par télépathie.

Un groupe de mercenaires emmenés par Johner (Ron Perlman) rejoint le vaisseau pour délivrer des cobayes que les scientifiques utilisent pour leurs expériences répugnantes. Ces cobayes sont infestés un à un par des facehuggers et ne tardent pas à recracher leur Chestbursters.

Les mercenaires font la connaissance de Ripley qui est évidemment sceptique quant à la nature de ces expériences.

She’ll breed. You’ll die. Everyone in the company will die.

Les Aliens lui donnent vite raison en s’en donnant à cœur joie avec les scientifiques. Le vaisseau passe en mode pilote automatique et fait direction vers la terre. Les mercenaires tentent de s’enfuir. Parmi eux, Call (Winona Ryder) se révèle être un droïde. Ripley lui demande de reprogrammer l’Auriga pour qu’il s’écrase sur la terre et qu’on n’en parle plus, une bonne fois pour toute.

Le groupe est ralenti par le Dr Wren (J. E. Freeman) qui trahit les autres jusqu’à se faire tuer par un Alien, et par Purvis (Leland Orser), un cobaye qui finit par exploser.

Dans son périple, Ripley chute dans le nid des aliens et se retrouve confrontée à un hybride, sorte de mélange surprenant entre l’alien et l’humain qui est né non pas d’un œuf mais d’un utérus que Ripley a fourni à la Reine Alien lors du mélange ADN. Au moment de choisir sa mère, l’hybride préfère tuer la Reine Alien et suivre Ripley.

Les rescapés réussissent à s’engouffrer à bord de la capsule de secours. Ripley utilise son sang acide pour trouer le hublot, aspirant la créature dans l’espace, sa créature, non sans quelques scrupules.

I’m sorry.

Not sorry.

alien4

L’EXPLICATION

Alien 4, c’est la victoire qu’on espère finale sur la xénophobie.

Tout n’est que recommencement, évangile selon Saint Etienne. Traduit de l’anglais, Ripley/Replay est la répétition d’une séquence. Un récit récurrent. Les choses n’ont donc pas fondamentalement changé, n’en déplaise aux scientifiques.

Things have changed a great deal since your time.

200 ans plus tard, les allumettes brûlent toujours quand on joue trop avec. Ripley se retrouve de nouveau à bord d’un vaisseau spatial, devant encore se battre à mains nues contre les Aliens. La seule différence est que Ripley, cette fois-ci, est un phénix qui renaît de son cendrier. Celle qu’on pense morte a fini par retrouver un second souffle – grâce aux docteurs Mengele (cf The Human Centipede) du futur certes – pour triompher de l’ennemi. Encore plus badass. Elle qui ne s’est jamais vraiment laissée faire rentre carrément dans le lard de ceux qui l’ennuient. Plus le temps d’être patiente.

Who do I have to fuck to get off this boat?

Elle ne prend plus de pincette. Ripley ne cherche pas à faire la morale ou à impressionner son monde à faire sa cheftaine des scouts, elle tire juste des constats froids qui sont d’autant plus brutaux qu’ils sont totalement dépassionnés.

There’s a monster in your chest. These guys hijacked your ship, and they sold your cryo tube to this… human. And he put an alien inside of you. It’s a really nasty one. And in a few hours it’s gonna burst through your ribcage, and you’re gonna die. Any questions?

alien-resurrection-ripley-call

Ripley est celle qui doit réussir à assimiler l’horreur pour mieux la surmonter. Elle a mélangé son ADN à celui des Aliens. Quand elle regarde l’hybride, elle fait face à son propre reflet. Derrière cette sorte de crâne, elle aperçoit des yeux humains. Elle se regarde donc dans le miroir et contemple sa part d’horreur. Le problème de la xénophobie ne vient pas du dehors, il vient du dedans. La xénophobie n’est pas une malédiction. Nous sommes les responsables de ce qui se passe. Rien ne brûle dans la maison du voisin anglais ou américain, mais plutôt dans la notre!

What’s burning?

Us!

Sur ce vaisseau, on remarque d’ailleurs que les machines sont presque plus humaines que les humains eux-mêmes. Personne n’a calculé Call, mis à part Ripley qui a fréquenté les hommes pendant trop d’années pour faire la différence. Désenchantée, elle connaît les hommes égoïstes et menteurs. Elle a bien vu que Call n’était pas de cette trempe, presque trop polie pour être honnête.

I should have known. No human being is that humane.

Call pose une question de fond sur l’humanité. Être humain nécessite-il d’avoir du sang qui coule dans ses veines ou de savoir faire preuve d’humanité quand la situation l’exige ? Et puis après tout, Ripley est un composite elle-aussi. Elle n’est pas beaucoup plus humaine que Call.

You’re a thing, a construct. They grew you in a fucking lab.

Ripley a la sagesse de le reconnaître. Elle n’est pas meilleure que les autres. De la même manière qu’en chacun, il y a un facho qui sommeille pour reprendre la pensée de Wilhelm Reich. Cela vaut pour les Français (cf Uranus).

L’ignorer est prendre le risque de le voir éclater un soir d’élection, avec dégoût. L’admettre c’est mieux le museler. Ripley fait son auto-critique et a le courage de regarder les Nazis dans les yeux en leur disant que maintenant les conneries c’est fini. Il va falloir passer à la caisse.

De retour sur terre, Ripley sort de cette expérience forcément différente, comme une rescapée de l’holocauste. Elle n’est plus la même et ne pourra plus l’être. Ce monde qu’elle retrouve lui est étranger.

What happens now?

I don’t know. I’m a stranger here myself.

Tout simplement car elle est devenue l’étrangère elle-même, la « manouche ». La résurrection porte le nom de Ripley. C’est ainsi que tout peut recommencer sereinement sur de nouvelles bases, plus saines et plus drôles, à base de caravanes et de parodies de Bruno Roblès.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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