SLEEPERS

SLEEPERS

Barry Levinson, 1996

LE COMMENTAIRE

Les adultes que nous sommes ne sont que des fossiles, avec les stigmates des traumatismes que nous avons subi au cours de notre vie. Tout se voit sur un visage : la peur, le doute, les mauvais traitements, les violences. Certains parviennent à garder encore un semblant d’innocence dans le regard.

LE PITCH

4 garçons plein d’avenir vont bien mal tourner.

LE RÉSUMÉ

Lorenzo « Shakes » Carcaterra (Joe Perrino), Tommy Marcano (Jonathan Tucker), Michael Sullivan (Brad Renfro), et John Reilly (Geoffrey Wigdor) sont comme les autres. Ils s’amusent comme les autres et ils font parfois des bêtises, comme les autres. Sauf que l’une d’entre elles va avoir une conséquence terrible sur le reste de leur vie. En effet, ils manquent d’estropier un passant après avoir volé un sandwich à un vendeur de hot-dogs. Pour la peine, ils écopent d’un an à la maison de redressement de Wilkinson.

Là-bas, ils vont y faire la mauvaise rencontre des gardiens pédophiles Sean Nokes (Kevin Bacon), Henry Addison (Jeffrey Donovan), Adam Styler (Lennie Loftin) et Ralph Ferguson (Terry Kinney) qui vont leur apprendre la discipline – en les violant sur des bases régulières (cf Balade Meurtrière).

I don’t think you know what it means to have rules. You gotta have rules and you gotta have discipline.

Le père Bobby (Robert de Niro) se sent responsable. Il rend visite aux garçons fréquemment mais il est impuissant. Les garçons vont ressortir de cette expérience traumatisés à vie.

I want to be able to sleep one night and not worry about who’s coming in my room or what’s gonna happen to me. If I can get that, then I’ll be happy.

Des années plus tard, John Reilly (Ron Eldard) et Tommy Marcano (Billy Crudup) sont devenus de vrais criminels. Ils tombent par hasard sur Sean Nokes dans un bar, le reconnaissent et ne passent pas à côté de l’occasion de le tuer de plusieurs balles dans le corps. L’heure de la vengeance a sonné.

It’s payback time.

Michael Sullivan (Brad Pitt) qui est devenu procureur demande à être mis sur l’affaire… pour mieux la perdre et faire tomber l’institution Wilkinson. Shakes (Jason Patric) désormais journaliste va lui venir en aide en compagnie de Carol (Minnie Driver), une amie d’enfance et King Benny (Vittorio Gassman) le parrain local. Ils engagent Danny Snyder (Dustin Hoffman), un avocat alcoolique que personne ne peut soupçonner d’être dans la magouille, même si c’est Michael qui lui écrit toutes ses questions.

Le plan de Michael est de discréditer Nokes puis de prouver l’innocence de John et Tommy. Il va faire venir Ferguson à la barre et lui faire admettre les supplices que lui et son pote Nokes ont fait subir aux enfants. Michael va aussi demander au père Bobby de mentir sous serment afin de donner un alibi aux deux tueurs.

Suite à ce procès, Addison sera assassiné ; Styler incarcéré pour corruption et Ferguson condamné à vivre le restant de ses jours avec le poids de la culpabilité. Shakes restera journaliste. Michael démissionnera pour partir vivre dans la campagne anglaise en tant que charpentier. John sera emporté par l’alcool et Tommy mourra dans un règlement de comptes. Carol est toujours assistante sociale et mère d’un garçon qu’elle a prénommé Lorenzo John Tommy Michael.

Sleepers

L’EXPLICATION

Sleepers, c’est la faute à pas de chance.

Les pseudo-intellos ont toujours aimé citer le papillon d’Edward Lorenz, le papa de la théorie du chaos. Cela fait son petit effet. C’était bien avant que Spielberg ne popularise le concept avec son Jurassic Park et que Benabar n’enterre définitivement cette idée avec sa chanson. Pourtant, le fait est que tout n’est pas si facile et que la vie ne tient effectivement qu’à un fil. Ainsi, un simple accident peut transformer des petits garçons en adultes qui dorment la lumière allumée.

You still sleep with the light on?

Certains événements de notre enfance nous façonnent et conditionnent la suite, engendrant des traumas en cascade. Les psys en ont fait leur business.

Ces fameux événements sont le fruit du hasard. Quelqu’un se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. En football on appelle cela un fait de jeu (cf Match Point). Et si le hasard fait parfois bien les choses, le plus souvent il est insupportable car on ne le contrôle pas. Le hasard est ce qui nous ramène à notre condition de moins que rien sur terre. Impuissants face à la malchance, qui frappe sans discrimination.

Parfois, on se fait renverser sans raison. Et on invente des histoires de destin parce que c’est plus romantique. Sinon, la réalité serait trop dure à encaisser. Comme ces garçons qui préfèrent tout simplement ignorer ce qui s’est passé. Mettre en veilleuse. Faire semblant. Refouler.

I mean we buried this a long time ago.

La faute à pas de chance relègue Dieu au rang de personnage de bandes-dessinées. Dieu, c’est du pipeau. D’abord parce qu’il n’a pas levé le petit doigt quand ces garçons subissaient l’enfer à Wilkinson.

I told him about the torture, the beating and the rapes, I told him about four frightened boys who prayed to Father Bobby’s God for help that never came, I told him everything.

Ensuite parce qu’on peut s’asseoir sur ses commandements sans problème, comme le Père Bobby n’hésite pas à mentir à la barre sans que le ciel ne lui tombe sur la tête.

Il vaut effectivement mieux prévenir que guérir, parce qu’on ne guérit jamais vraiment. Le Père Bobby peut bien multiplier les visites, il aurait été mieux inspiré d’empêcher les gamins de finir en taule. Pareil pour King Benny. Quand c’est trop tard, c’est trop tard. Amen.

Sleepers_a_l

À noter qu’il n’y a pas que du mauvais dans l’histoire. Ce drame aura quand même permis à Michael de découvrir et apprécier la littérature d’Alexandre Dumas Père.

You read the Count of Monte Cristo lately?

I dunno, 10 years ago

I read a little bit every night.

Et puis le crime ne reste pas impuni. On peut toujours faire confiance à la loi de la rue. Celle qui n’oublie pas et qui n’est pas aveugle.

The street is the only thing that matters. Court is for uptown people with suits, money, lawyers with three names. If you got cash you can buy court justice. But on the street, justice has no price. She’s blind where the judge sits but she’s not blind out here. Out here the bitch got eyes.

Somme toute, quand on y réfléchit, cela fait quand même une addition assez salée pour un kebab.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

10 commentaires

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