MISSION 88

MISSION 88

Thomas Zellen, 2016

LE COMMENTAIRE

Les élections ne durent qu’un temps. On serre des louches, on fait des sourires et des belles promesses. Pendant ce temps, la sixième extinction de masse des animaux s’accélère. Que fait-on alors ? Pas grand chose. À ce train là, Paris malgré ses accords ne verra peut-être même pas ses Jeux Olympiques.

LE PITCH

Bali et Balo sont dans un vaisseau.

LE RÉSUMÉ

Deux spationautes se disputent alors que leur station est en alerte.

Harold Richards (Casper Van Dien) se réveille chaque matin à 6h sur la mission 88, commence par une série de pompes puis enchaîne par un peu de vélo d’appartement. Après quoi, il donne des sardines à son anguille. Chaque jour, le même rituel (cf Un jour sans fin).

Son partenaire, le scientifique Abe Anderson (Sean Maher) a lâché l’affaire. Il picole, ne se rase plus et passe le plus clair de son temps sur le canap à regarder la téloche.

I haven’t done anything today.

Richards meurt accidentellement, électrocuté par son anguille. Seul à bord du vaisseau et à une distance non quantifiable de la terre, c’est à dire loin, Anderson perd tout espoir, ainsi que les pédales (cf Seul au monde). Il tente de se pendre. Une lumière diffuse l’éclaire, comme s’il était enfin arrivé au terme de sa mission. La fin du voyage.

Pris d’hallucinations, Anderson voit les spationautes Decker et Lynch annoncer leur mission jusqu’au bout de l’univers à un parterre de cheveux blancs et trinquer à l’espace. Il plonge dans l’ennui de cette mission qui ne trouve pas son sens.

I’m gonna fix that pinball machine today.

Anderson et Richards finissent par regarder une sitcom en noir et blanc dont ils sont les héros. Le vaisseau continue d’aspirer l’espace. Et puis un jour les abeilles meurent, sans raison. À la suite de quoi Anderson se rappelle pourquoi il a accepté cette mission: pour s’éloigner de son ex.

I wanted to get as far away from her as I could. Time can heal pain.

Les deux hommes se disputent. Richards n’en finit plus de mourir d’électrocution (cf Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare). Il découvre qu’Anderson avait anticipé et même dessiné sa mort.

Anderson essaie désespérément de fixer des cables. Le vaisseau finit par toucher au but et atteint la fin de l’univers, laissant l’obscurité faire place à une lumière diffuse.

Anderson est avec sa compagne. Il reçoit un coup de fil lui annonçant que le poste pour lequel il a postulé a été pourvu. Pas si déçu, il embrasse son amie.

À bord du vaisseau en perdition, Decker tente de couper le bon cable et se trompe.

Le vaisseau disparait dans l’espace.

Maybe it was the green one?

 

L’EXPLICATION

Mission 88, c’est le serpent de l’espace qui se mord la queue.

Anderson et Richards sont deux hommes en quête de réponses, pas pour les mêmes raisons.

Le premier se jette dans le vide officiellement au nom de la science alors qu’il le fait davantage par désespoir. Quant au second, il pense qu’il s’agit de son devoir de patriote. Il est un bon soldat au sens classique qui se rêve en héros. Les deux s’engagent ensemble dans un voyage au bout de l’infini, impossible par définition.

This is beyond imaginary, if you can imagine.

Anderson et Richards sont deux auto-stoppeurs sur l’autoroute d’une vie dont ils ne savent absolument pas où elle peut les conduire (cf Gerry). Le vaisseau avance sans réelle trajectoire, il ne fait qu’avaler du vide. Richards observe scrupuleusement sa discipline militaire sans se poser de question. À cocher des cases. Bien installé dans sa routine comme la plupart d’entre nous.

Anderson au contraire s’interroge. Il dérange Richards puisqu’il challenge l’ordre établi. Doutant de tout, y compris de ce dont on ne doit pas douter comme le fait d’appuyer sur des boutons. Et pourtant quand on arrête de le faire, le vaisseau continue sa route comme si de rien n’était.

Everything here is automated. What makes you think the ship doesn’t fly itself?

À quoi bon ?

Anderson est l’autre moitié d’entre nous, celle qui se réveille la nuit. Celle qui a la boule au ventre. Il est plus torturé et donc plus fragile. Richards est beaucoup plus militaire.

You have to toughen up!

isra88

Anderson a pris conscience du néant et du ridicule de l’existence. Richards refuse violemment cette réalité. Quitter sa routine serait un vide bien plus abyssal pour lui.

Just because you realized you’re useless doesn’t mean that I am!

Anderson préfère se laisser dériver. Il s’abandonne à la bouteille et aux lunettes de soleil. Car la vie épuise autant les corps que les consciences. Anderson a beau s’occuper en essayant de donner du sens avec ses abeilles ou battre son record au flipper, il ne voit jamais rien venir.

Any sign of your main objective, any sign of the end of the universe?

Quand il semble enfin toucher au but, sans qu’on en soit jamais certain, derrière il y a la même chose. Le duo Richards et Anderson sont interchangeables avec Lynch et Decker – depuis que celui-ci fait des infidélités à Black.

L’infini tourne en boucle. On ne se sort jamais du vaisseau (cf Cube).

Alors on peut se poser la question de se demander pourquoi, compte tenu du fait que cela ne débouche sur rien. Pour combler le vide (cf Le Désert des Tartares) ?

La professeure en charge de la mission ne semble pas hésiter un seul instant.

It is a risk we should take.

Elle cite Kennedy qui avait visiblement tout compris.

We gonna proceed just like Kennedy said: Not because it’s easy but because it’s hard.

Stomy Bugsy n’a d’ailleurs fait que plagier le Président américain en disant que la vie c’était comme ça, qu’on n’avait pas tout ce qu’on voulait mon gars ; donnant au passage raison à Etienne Daho qui affirmait que tout n’était que recommencement depuis que le monde est monde.

Pourquoi ? Peu importe.

None of this stuff matters.

Mélenchon peut continuer de râler, Macron de parader, Hanouna de faire des blagues. Cela n’empêchera pas les générations futures de vouloir passer des vacances sur la plage en août (cf Camping) avant de se plaindre de leur patron en septembre (cf Merci Patron!). Les abeilles meurent et pourtant le vaisseau continue d’avancer vers nulle part.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.