RAMBO

RAMBO

Ted Kotcheff, 1982

LE COMMENTAIRE

Il est toujours utile de se rappeler d’où on vient dans la vie. Car on a beau être un héros de guerre, on peut rapidement retomber dans l’anonymat. Repartir une main devant, une main derrière. Les gloires d’hier sont souvent les parias de demain.

LE PITCH

Un ancien militaire rentre à la maison mais ne se sent plus chez lui.

LE RÉSUMÉ

Sept ans après, la guerre du Viet-Nam est encore dans toutes les têtes. Le vétéran John Rambo (Sylvester Stallone) traverse le pays à pieds pour rendre visite à ancien compagnon d’armes qui se trouve être décédé des suites d’un cancer, hérité de cette foutue guerre.

Rambo vagabonde dans la petite ville de Hope d’où il est éconduit sèchement par le Sherif local Will Teasle (Brian Dennehy).

I said why you pushing me? I haven’t done anything to you.

First of all, you don’t ask the questions around here. I do. Understand! Second, we don’t want guys like you in this town, drifters. Next thing we know, we got a whole bunch of guys like you in this town. THAT’S WHY! Besides, you wouldn’t like it here anyway. It’s just a quiet little town. In fact you might say it’s BORING. But that’s the way we like it. I get paid to keep it that way.

Rambo n’en fait qu’à sa tête. Il retourne à Hope et se fait arrêter. Au poste, les hommes de Teasle le violente. Victime de stress post-traumatique, Rambo s’échappent et part se cacher dans la forêt. Teasle le traque. C’est une mauvaise idée car Rambo n’est pas n’importe qui sous ses airs de clochard. C’est un ancien béret vert, un vrai dur à cuire.

A man who’s been trained to ignore pain, ignore weather, to live off the land, to eat things that would make a billy goat puke.

Vexé de ne pas pouvoir le capturer, Teasle appelle du renfort. La traque va se transformer en véritable chasse à l’homme. Rambo mène la vie dure aux forces de police.

Hunting? We ain’t huntin’ him, he’s huntin’ us!

Le Colonel Trautman (Richard Crenna) joue les pompiers et psychologue de service. Il ramène à la raison son soldat.

Rambo, are you still reading me? Covey leader to Raven! Rambo! Acknowledge!

Rambo finit par épargner Teasle. Trautman s’adresse ensuite à l’homme qui fond en larmes, encore marqué par les atrocités de la guerre (cf Voyage au bout de l’Enfer).

He’s saying, sayin’ « I wanna go home! » He keeps calling my name! « I wanna go home, Johnny, I wanna drive my Chevy, I said « With what? I can’t find your fuckin’ legs! 

L’EXPLICATION

Rambo, c’est l’Amérique qui ne sait pas recycler.

Il faut d’abord comprendre que le Viet-Nam est un conflit que beaucoup ne voulaient pas. Ce fut en plus la première guerre perdue par les États-Unis. Les « boys » qui rentrent de cet enfer sont meurtris mais surtout ils sont perdants. Ça craint quand on sait que l’Amérique n’aime pas les losers. Dennehy n’a aucune compassion pour Rambo.

If you want some friendly advice, get a haircut and take a bath. You wouldn’t get hassled so much.

L’Amérique s’est spécialisée dans le consumérisme. Elle sait produire des champions ou des machines de guerre, comme Rambo. Quand il faut réinsérer le combattant dans sa société, l’Amérique n’y arrive pas. Au Viet-Nam, Rambo avait l’impression de servir à quelque chose. S’il ne combattait pas pour la liberté, au moins il pouvait conduire des engins qui avaient coûté des millions. De retour à la vie civile, il n’est plus personne (cf The Master).

It was a bad time for everyone, Rambo. It’s all in the past now.

For you, for me civilian life is nothing! In the field we had a code of honor, you watch my back, I watch yours. Back here there’s nothing!

You’re the last of an elite group, don’t end it like this.

Back there I could fly a gunship, I could drive a tank, I was in charge of million dollar equipment, back here I can’t even hold a job parking cars!

Constat dramatique pour Rambo qui n’avait rien demandé à personne. Il a été formé ainsi et envoyé faire son métier. Il ne fait rien de mal.

Ce n’est pas un chien de guerre mal-intentionné comme certains militaires peuvent l’être parfois (cf Requiem pour un Massacre). Il est simplement un bon professionnel (cf American Sniper).

There’s one man dead! It’s not my fault! I don’t want anymore hurt!

Freeze! Stand right where you are! Give yourself up!

But I didn’t do anything!

De retour sous la pluie de l’état de Washington qui n’a évidemment rien à voir avec le soleil de l’Arizona, Rambo est en situation d’échec. Il va devoir passer à autre chose. Surtout, il a besoin qu’on lui parle. Pas qu’on le chasse.

Or tout comme Ron Kovic, il a l’impression qu’on lui crache au visage même lorsqu’il arrive dans une ville qui porte le nom d’espoir (cf Né un 4 juillet)!

You did everything to make this private war happen, you’ve done enough damage. This mission is over, Rambo. Do you understand me? Look at them out there, look at them! If you won’t end this now, they will kill you. Is that what you want? It’s over Johnny. It’s over!

Nothing is over, nothing! You just don’t turn it off! It wasn’t my war! You asked me, I didn’t ask you! And I did what I had to do to win! But somebody wouldn’t let us win! And I come back to the world and I see all those maggots at the airport, protesting me, spitting. Calling me baby killer and all kinds of vile crap! Who are they to protest me, huh, who are they? Unless they’ve been me and been there and know what the hell they’re yelling about!

L’Amérique du Colonel Trautman est en train de comprendre qu’elle sait aduler ses héros mais qu’elle est ingrate avec ses perdants. Elle considère ceux qui se sont battus pour elle comme des laissés pour compte.

En Amérique, on a l’obligation de rêver mais on n’a pas le droit à l’erreur. Sinon on finit seul dans la rue, sans sécurité sociale.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

6 commentaires

  • Perdants ? Quoi ? Les soldats n’ont en rien perdu, cette guerre fut simplement extrêment impopulaire au pays dès le début. Ils en étaient les « perdants » avant même de l’avoir commencé.

  • Rambo, c’est la créature de Frankenstein que la vile populace ne veut pas voir et dont le petit seigneur local (Teasle, qui se prend pour Dieu sur Terre dans son bled) veut se débarrasser. Contrairement au roman, Frankenstein/Trautman espère récupérer sa « créature ».
    RIP Brian Dennehy

    • Merci pour ce commentaire Toto. Effectivement Rambo s’apparente à un monstre. Si l’on part du principe que c’est la société qui l’a engendré, alors il est abandonné. Si tu considères qu’il est la créature de Trautman, alors il est secouru.
      Rambo est un film beaucoup plus sombre et profond qu’il n’y parait.
      Tout comme Rocky était une belle fable sur l’accomplissement à travers la défaite.

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