LA CITÉ DE LA PEUR

LA CITÉ DE LA PEUR

Alain Berbérian, 1994

LE COMMENTAIRE

La Carioca est le symbole d’une époque où les genres se veulent mélangés. On créée la confusion en mixant la samba, la rumba, le foxtrot et les claquettes. Une sorte de n’importe quoi. L’huile et l’eau. La Carioca, ce serait comme un Président qui danserait la piste. Au début, ça fait marrer. Et puis assez vite on s’en lasse au point de vouloir revenir à des chansons plus concrètes comme la Bostella ou la Muscladance.

LE PITCH

Une série de meurtres vient perturber le Festival de Cannes.

LE RÉSUMÉ

Red is dead fait l’ouverture du festival de Cannes. Le film est boudé par la critique, au grand désespoir d’Odile Deray (Chantal Lauby), l’attachée de presse. Les journalistes ne sont pas impressionnés par la performance de Simon Jérémi (Dominique Farrugia) et ont du mal à se passionner pour une intrigue dans laquelle un tueur communiste cherche à décapiter ses victimes à coups de faucille et de marteau.

Il nous détestait parce qu’on gagnait de l’argent.

C’est alors que le projectionniste, M. Jacques (Tcheky Karyo), est tué de façon similaire. Odile a l’idée fumeuse de faire venir l’acteur principal sur la Croisette.

Si je le fais descendre, alors là je fais monter la sauce. Les gardes du corps tout le tralala! Pis je vois déjà les titres des journaux: la vedette de Red is dead descend à Cannes au péril de sa vie. Oh c’est bien ça…

Odile met Simon dans un avion pour Nice et embauche Serge Karamazov (Alain Chabat), un garde du corps. Les crimes continuent. Le deuxième jour, c’est un autre projectionniste, M. Mireille (Daniel Gélin), qui perd la tête.

Attends chérie, ça va couper…

Le commissaire Bialès (Gérard Darmon) est mis sur l’enquête.

Écoutez laissez la police faire son travail.

Il retrouve les lettres « O » et « D » sur les scènes du crime.

Le troisième jour, encore un crime (cf Scream 3). Encore un projectionniste (Jean-Pierre Bacri). Le meurtrier s’enfuit sous le nez de Serge victime de problèmes gastriques qui lui court néanmoins après puis finit par perdre sa trace, bloqué par une manifestation d’intermittents du spectacle.

Barrez vous cons de mimes!

Le Festival bat son plein. Red is dead a maintenant toute l’attention des médias. Odile a une aventure avec le Commissaire et le soupçonne d’être le meurtrier après avoir retrouvé un costume du tueur dans sa garde-robe. Un autre projectionniste (Eddy Mitchell) trouve la mort.

C’est l’heure de monter les marches et Odile n’a plus de projectionniste. Elle fait appel à Emile (Sam Karmann), un ancien collègue profondément amoureux d’elle. Sous le coup du stress, il s’évanouit sur les marche du Palais des Festivals. Simon se dévoue pour projeter le film pendant que Serge et Bialès improvisent une Carioca sur scène.

C’est Emile le tueur. Il tue pour attirer l’attention d’Odile. En cela, il a presque accompli son oeuvre. Il tente de tuer Simon. Serge intervient et croit que Simon est le tueur. Emile s’enfuit puis se fait attraper par un attrape-souris géant. Bialès arrive sur les lieux. Il est confronté par Odile à propos de son costume. Son explication est couverte par un bruit de fond. C’est alors que Jean-Paul Martoni (Jean-Christophe Bouvet), un politicien véreux, sort de nulle part et prend Odile en otage. Personne ne le prend au sérieux.

Tu bluffes Martoni.

Il tire sur Bialès. Emile neutralise Martoni et libère Odile avant de se faire abattre par le député. Bialès est conduit aux urgences, Martoni en prison. Odile, Serge et Simon partent diner ensemble en s’interrogeant collectivement sur le sens de ces mystérieuses lettres « O », « D », « I », « L »…

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L’EXPLICATION

La Cité de la Peur, c’est profiter de la vacuité.

À propos du sens de la vie, on trouve deux écoles. Schopenhauer, les Existentialistes comme Sartre, Kierkegaard et compagnie ; ainsi que les Monthy Python qui s’interrogent (cf Le sens de la vie). Ils pensent que nous existons pour une raison. On les retrouve souvent au premier rang dans une salle de classe ou tard le soir au travail.

Et puis il y en a d’autres qu’on retrouve à la plage, au stade ou devant leur téléviseurs. Ce sont les Nihilistes comme Freud. Un homme qui affirmait que « quand on commence à se poser des questions sur le sens de la vie et de la mort, on est malade, car tout ceci n’existe pas de façon objective ». Ou encore Shakespeare et son Macbeth : « La vie n’est qu’un fantôme errant ». Ronald McDonald et son happy meal.

Certains ont peur du vide.

D’autres s’en moquent.

J’espère qu’on aura plus de monde demain!

Moi j’suis payé pareil.

Le vide est représenté par le Palais du n’importe quoi, où les festivaliers se rencontrent sans se comprendre comme Odile et son anglais approximatif qui ne l’empêche pas de sympathiser avec un producteur de films porno.

I have in ze bilouque!

Le vide, c’est le Festival de la médiocrité avec ses réalisateurs moldaves inconnus comme Mévatlavé Kraspek et son questionnement de surface:

L’aura-t-il ? L’aura-il pas ?

Le vide, c’est la nullité d’un cinéma incarné par le navet Red is dead qui parvient pourtant à se frayer un chemin sur la Côte d’Azur.

Meurs pourriture communiste.

Le vide, c’est tout simplement Cannes, son Martinez et sa chaîne de télé locale.

Odile, Simon et Serge parviennent à surfer sur ce néant. C’est le triomphe des Nuls.

Odile n’est pas futée. Par contre, elle sait tirer son épingle du jeu en profitant de la curiosité malsaine des médias.

Quand je pense qu’il a fallu d’un meurtre pour qu’on parle de mon film!

Simon est totalement dépourvu de talent et il vomit lorsqu’il est content. Cela ne l’empêche pas de monter les fameuses marches.

Quant à Kara, qui se croit être le centre du monde, il conduit sans regarder la route – sans avoir d’accident (cf Locke).

Odile, Simon et Serge ont trouvé leur paradis dans cet océan d’approximations.

Le philosophe Mellowman avait résumé la vie comme étant faite de victoires, de matchs nuls et de défaites, c’est à dire un juste milieu entre deux pôles. On dit du match nul qu’il arrange tout le monde.

Il est pourtant bien « nul » pour une raison.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Un commentaire

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