PANIQUE À NEEDLE PARK

PANIQUE À NEEDLE PARK

Jerry Schatzberg, 1971

LE COMMENTAIRE

On nous dit que la vie est belle, qu’il en faut très peu pour être heureux (cf Le Livre de la Jungle). Toujours prendre la vie du bon côté des choses (cf La vie de Brian). Parce que la vie, c’est avant tout une galère.

LE PITCH

Parfois, on ferait mieux de se casser une jambe.

L’HISTOIRE

Après un avortement foireux, Helen (Kitty Winn) retourne vivre avec Marco (Raul Julia). Elle tombe malade et retourne à l’hôpital où vient souvent lui rendre visite Bobby (Al Pacino), un dealer de Sherman Square plein de bonnes intentions. Plutôt que de retourner vivre chez ses parents, Helen décide d’emménager avec Bobby bien qu’il soit toxicomane.

Bobby demande de séduire son dealer contre un peu d’héroïne. Elle se fait arrêter par l’inspecteur Hotch (Alan Vint) qui lui explique d’où vient l’expression ‘Panic in Needle Park’: lorsque l’héroïne vient à manquer, les toxicomanes deviennent fous et se retournent les uns contre les autres pour obtenir un shoot.

Helen est relâchée. Elle retourne auprès de Bobby et se met à consommer à son tour. Lorsqu’il le découvre, Bobby, suivant une logique de toxicomane déroutante, lui propose de l’épouser! Hank (Richard Bright) se demande bien de quoi les deux amoureux vont pouvoir vivre. Bobby propose ses services à Hank, bien connu pour ses cambriolages.

Bobby rate son premier casse pour cause d’overdose. Il rate également le second puisqu’il finira en taule. Pendant qu’il purge sa peine, Helen se prostitue pour se procurer sa drogue (cf Requiem for a Dream). À sa sortie, Bobby se dispute avec Helen puis le couple se réconcilie.

Bobby est ambitieux. Il demande à Santo le secteur de Needle Park pendant que Helen multiplie les passes au point d’en oublier d’aller rendre visite à sa mère.

Après avoir escroqué un beau pactole à un client d’Helen, le couple part se mettre au vert et s’achète même un chiot. La belle histoire ne durera pas longtemps. Suite à un énième shoot dans les toilettes du ferry qui les ramène à Manhattan, Helen ne peut empêcher son petit chien de passer par dessus bord.

Bbad trip.

Helen est arrêtée une nouvelle fois par Hotch.

Hotch, you wanna ball me?

It’s not gonna be that easy, Helen. I want Bobby.

Hotch en pince pour Bobby et espère que celui-ci balance Santo.

Sous pression, Helen dénonce son ami puis viendra l’attendre à sa sortie de prison. D’abord furieux, Bobby reprend sa route avec Helen à ses côtés.

L’EXPLICATION

The Panic in Needle Park, c’est l’amour sous héroïne.

Quand Trump dit qu’il veut faire des États-Unis un grand pays à nouveau, on se demande bien à quelle période de l’Amérique il fait référence. Parce que les années 80, c’était violent. Les années 70, franchement c’était pas de la rigolade non plus. New York à cette époque, c’était plutôt sombre.

Si Sinatra a chanté que ceux qui y arrivaient là-bas pouvaient y arriver partout, c’est qu’il y avait une raison!

Dans cet enfer, Helen et Bobby sont tout simplement deux paumés qui vont essayer de vivre une belle histoire d’amour qui ne peut jamais vraiment décoller de la poubelle. L’amour à son meilleur, c’est un couple bien propre fait de prince et de princesse, de type caucasien, préférablement catholiques et avec les dents blanches. En général, ils ont des enfants qui sont bons à l’école.

L’amour à son pire, c’est Helen et Bobby. C’est gris. Il se vit sur les trottoirs. Ils ne s’aiment pas moins pour autant. Leur amour est peut-être même plus pur. Leur drogue, elle, ne l’est pas. Ils sont montés à bord d’un avion sans aile.

L’amour est définitivement plus fort que la raison puisque Helen est consciente du chemin qu’elle prend en vivant avec Bobby. Elle ne peut pas faire un choix rationnel. Tout comme Bobby ne peut se résoudre à l’envoyer chier malgré ses nombreuses coucheries. Ces deux là ne peuvent pas s’empêcher de s’aimer. Deux compagnons de galère. Même dans un moment de lucidité, ils ne peuvent pas se séparer. C’est leur choix.

I’m a germ. You should split.

You don’t have to tell me when to go. I’ll just leave.

L’amour n’est quand même pas plus fort que tout puisque Helen et Bobby ne parviennent pas à se sortir de leur condition de junkies, bien au contraire. Ils continuent de s’enfoncer. Helen ne peut empêcher son petit chien de tomber à l’eau. Bobby prétend ne pas être accroc. Il a néanmoins besoin de sa dose de manière de plus en plus récurrente. Ce sont avant tout deux gros losers qui resteront toujours des losers.

Last night, tonight, what difference does it make? So, I fucked up.

That’s the story of your life!

L’amour sous héroïne rend les choses un peu moins désagréables entre deux crises de panique. Ce sont des montagnes russes en plein New York. Des respirations de moins en moins profondes avant de remettre la tête sous l’eau. Bobby profite de ces courtes éclaircies pour se fantasmer en star de base-ball.

I was the Babe Ruth of West 81st Street. That’s right! I hit that ball, I hit the ball on the roof one time, right, I went up to get it. There was this crap game going on, right. I won $79 before my next turn at bat. Huh? I’m the greatest!

On sait depuis Leaving Las Vegas que l’amour alcoolisé ne fonctionne pas. L’amour sobre ne marche pas toujours non plus (cf When a Man loves a Woman). Le bateau finit immanquablement par couler (cf Titanic). L’amour sous héroïne ne vaut pas beaucoup mieux car il ne peut pas échapper à la réalité.

On veut y croire. Pourtant, on doit bien admettre la cruelle vérité qui veut que nous dépendons bien trop de notre environnement. La plus belle histoire d’amour vécue dans l’ambiance feutrée d’un HLM ne fera jamais rêver personne.

Tartiner une tranche de pain moisi avec la meilleure confiture du monde, elle aura toujours le goût de Marmite.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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