IF THERE IS A HELL BELOW

IF THERE IS A HELL BELOW

Nathan Williams, 2016

LE COMMENTAIRE

Le chirurgien esthétique du Joker lui faisait remarquer que s’il fallait faire une sortie, il était préférable de la faire en beauté. Une façon assez esthétique de voir les choses, presque Fordienne. Compte tenu du peu de temps que nous avons sur cette planète, autant faire preuve d’un peu de style. Tant qu’à porter des gants pour ne pas laisser de trace sur son revolver, autant choisir des gants en cuir un peu retro. Et tant qu’à produire de l’électricité, autant faire tourner des éoliennes bien qu’elles ne soient pas éternelles.

LE PITCH

Un journaliste rencontre une indic, en toute discretion, mais pas sans surveillance.

LE RÉSUMÉ

Abe (Conner Marx), jeune chroniqueur au Chicago Mercury, a rendez-vous au milieu de nulle part avec Debra (Carol Roscoe) qui prétend travailler pour la NSA et s’apprête à divulger des informations secret-défense. C’est d’ailleurs par surprise qu’elle s’introduit dans le SUV de Abe. Elle insiste pour rester anonyme.

Please don’t say my name.

Le journaliste va devoir montrer patte blanche afin de rassurer son contact, totalement paranoïaque. Cette inquiétude est fondée: une voiture suspecte est garée non loin d’eux.

They’re following us.

Debra donne l’ordre à Abe de rouler. L’autre voiture les prend aussitôt en filature avant de continuer sa route.

Soulagé, Abe doit néanmoins s’employer à calmer Debra de nouveau. Il lui raconte une histoire à propos d’une cinquantaine de chenilles qu’il a voulu sauver dans sa jeunesse. Ces chenilles s’étaient ensuite entretuées jusqu’à ce que trois ne survivent. Surprise, Debra s’amuse de cet étrange récit. Sa langue se délie.

Elle indique à Abe que la clé USB qu’elle est sur le point de lui confier contient une liste de noms. Pas le temps d’en dire plus que la voiture refait son apparition.

Abe et Debra foncent. Ils pensent avoir semé leurs assaillants. On n’échappe pas aux agents Mooney (Mark Carr) et Schafer (Paul Budraitis). Abe, naïf, finit dans un trou avec deux balles dans la tête. Debra ne va pas tarder à le rejoindre. 

Une fois leur mission accomplie, Mooney et Schafer changent leur plaque d’immatriculation et reprennent la route. Avant de se séparer, Mooney raconte à Schafer une histoire de tortue qu’il a du abandonner puis qu’il a retrouvée des années plus tard.

Schafer, visiblement soucieux, n’a pas de nouvelle de Mooney. Il décide de retourner sur les lieux du crime et découvre que Debra n’est pas là où elle devrait l’être.

Mooney est mort quelques mètres plus loin. Debra est introuvable. Schafer reprend sa traque.

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L’EXPLICATION

If There Is A Hell Below, c’est ne faire confiance à personne.

Debra et Abe ont chacun une bonne raison de se rencontre: Abe a besoin de Debra qui va lui offrir un scoop ainsi qu’une promotion. En échange, Debra a besoin du journal de Abe pour faire enfin éclater une affaire au grand jour et secouer un peu le système.

Si le contrat semble clair, les protagonistes ne se connaissent pas du tout. Ils sont dans le désert avec très peu de choses auxquelles se raccrocher. C’est pour cela qu’ils doivent avancer à pas extrêmement mesurés. Debra prend ses précautions: elle s’installe à l’arrière de la voiture de manière à ce que le conducteur ne puisse pas la voir, elle porte des lunettes de soleil pour mieux masquer ses émotions et des gants pour ne pas laisser de trace. Elle est mystérieuse.

Abe ne peut pas travailler dans ces conditions. Il tente une approche décontractée pour mettre sa partenaire à l’aise, ce qui ne semble pas apporter les garanties attendues par Debra – en plus de la petite enquête qu’elle a déjà menée sur le reporter. Chacun se renifle.

Il faut toujours faire preuve de transparence dans l’espoir de peut-être gagner la confiance de l’autre.

You’re supposed to be someone I can trust.

Après tout, Abe a lui-aussi besoin de garanties. Qui est elle ? Son histoire est-elle seulement vraie ?

Is it even a true story?

Debra pourrait être une planche pourrie. Abe se doit de rester vigilant. Cette femme va peut-être lui attirer des ennuis, encore une fois malgré elle.

I didn’t mean for any of this to happen.

N’oublions pas que Debra est une menteuse. Elle trompe son employeur, en l’occurrence l’État qui n’est lui-non plus pas irréprochable. L’État assure la protection de ses sujets en échange de leur liberté. Il peut donc espionner et punir tous ceux qui sont susceptibles de poser une menace à son bon fonctionnement.

La vocation de l’État n’est certainement pas d’offrir la liberté, bien que cela fasse partie parfois de sa devise, mais de garantir l’ordre. Debra en sait quelque chose et se permet de faire la leçon au journaliste qui croit agir au nom de la vérité.

You’re delusional, you’re a party to these actions, you’re complicit and deep down you know it. This world is chaos and fear and desperation and violence. The only thing that has ever brought any security and order to it is the careful and ruthless application of power.

Quand il le juge nécessaire, l’État impose donc son pouvoir: les purges aux prétextes obscurs, les états d’urgence prolongés qui confèrent des pouvoir étendus, les référendums dont les avis n’ont pas été respectés.

Dans ce climat Kafkaïen, comment se fier à Debra qui demande à Abe de se débrouiller avec une simple liste de noms ? Comment se fier à Abe qui promet de jeter la clé USB par la fenêtre et qui jette plutôt son briquet?  Comment se fier à Mooney qui était censé tuer Debra mais n’a visiblement pas fait son boulot correctement ?

Les tortues sont élevées puis rejetées, les chenilles se mangent entre elles plutôt que de s’entraider.

Il est nécessaire de se poser la question de savoir s’il y a un enfer sous terre et de se demander comment cet enfer pourrait être pire que celui que nous nous imposons.

On dit souvent que les ignorants sont bénis. C’est à la fois vrai et faux. Car c’est bien Abe qui n’a commis aucun crime qui finit dans un trou.

La solution pour ne pas mourir est d’être paranoïaque comme Debra ou de survoler les débats sans faire de bruit comme Schafer.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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