CLOVERFIELD

CLOVERFIELD

Matt Reeves, 2008

LE COMMENTAIRE

La ville qui ne dort jamais fait bien de ne pas fermer l’oeil. En effet, c’est la nuit que tout se joue. Quand la plupart d’entre nous commence à somnoler et cesse de prêter attention aux détails. La situation se dégrade lentement jusqu’à l’explosion finale. La décadence de la civilisation a lieu sous nos yeux. L’edifice se fissure de jour en jour mais nous n’en retiendrons que son explosion finale.

LE PITCH

New York est attaquée, de nouveau.

LE RÉSUMÉ

Un matériel vidéo est récupéré par le Département de la Défense. On y voit d’abord brièvement Rob (Michael Stahl-David) après une nuit de sexe qu’on imagine intense passée avec Beth (Odette Yustman) dans un appartement coquet de Central Park appartenant à son père. Les deux amants discutent d’une balade romantique à Coney Island où Beth n’est jamais allée encore. On y voit ensuite Jason (Mike Vogel), le frère de Rob, et sa copine Lilly (Jessica Lucas) préparant la fête de départ de Rob pour le Japon.

C’est Hud (T.J. Miller) qui filme pendant la fête. Alors qu’il est censé collecter les témoignages des participants à la fête, il préfère se concentrer sur Marlena (Lizzy Caplan).

Beth, qui n’est désormais plus avec Rob, s’invite à la fête… avec son nouveau petit copain Travis (Ben Feldman). L’atmosphère se tend. Rob n’est plus d’humeur à s’amuser. Il fait même carrément la gueule et enchaîne les shots de Sake. Il prend son courage à deux mains en demandant une minute à Beth. Ils s’isolent pour s’expliquer.

You haven’t talked to me in weeks!

Hud, trop content d’avoir un scoop, répand aussitôt la rumeur.

Did you know that Rob and Beth had sex?

Les esprits s’échauffent. Beth quitte les lieux, visiblement contrariée. Hud retrouve Rob pour en savoir plus.

It was just a spur-of-the-moment thing.

Beth told Lori that after you two got together you blew her off.

I didn’t blow her off. 

She said you never called!

I’m leaving. What am I supposed to do? 

I don’t know man, she was heart broken. 

There is no together. It’s just her and me are two separate things. It’s better to just stay friends.

Elizabeth McIntyre, c’est pourtant pas n’importe qui. C’est une nana canon, et pas que physiquement. Rob la quitte pour partir à Tokyo. Il réalise qu’il est peut-être en train de faire une grosse bêtise. L’imbécile hésite.

It’s not that simple.

Son frère en profite pour lui faire la morale. Il est alors interrompu par une explosion.

La ville est attaquée par un monstre gigantesque qui va semer la panique en plongeant la ville dans le chaos. Les New Yorkais sont réduits en pâté pour chats, avant que la zone ne soit finalement entièrement rasée par l’armée.

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L’EXPLICATION

Cloverfield, c’est le style de vie New Yorkais légitimé.

Une certaine approche de la vie serait de se dire qu’il y a des choses plus importantes que nos petits soucis du quotidien. Par exemple, quand Nabila va en prison, c’est terrible. C’est même ouf. Cela donne envie de mourir!

En même temps, des enfants meurent de faim en Afrique. Ce qui permet de prendre un tout petit peu de recul afin de relativiser les mauvaises surprises que la vie nous réserve.

Une autre approche serait de s’interroger sur sa place dans le monde, comme Uxbal (cf Biutiful). Essayer de comprendre un peu comment les choses s’articulent entre elles et le rôle qu’on occupe dans cette comédie. Apprendre de soi. Être conscient de ses limites, ainsi que de son potentiel. Se poser la question du pourquoi, comme le professeur Emmett Brown (cf Retour vers le Futur).

Paradoxalement on peut aussi se demander à quoi bon se prendre la tête comme cela. En quoi nous servent tous ces beaux discours ? À quoi sert la morale de Jason avec ses grands airs supérieurs ?

It’s about moments when you learn to say forget about the world, and hang onto the people you care about the most.

Quand le monde s’écroule, on se recentre sur soi. C’est normal. Cela tombe bien : le monde est en train de s’écrouler. Nous sommes tous des New Yorkais en puissance.

Jason ne vaut pas mieux que les autres. Il sera bien avancé au moment où Godzilla, King Kong ou les zombies débarqueront en ville pour semer la pagaille. Il n’y aura plus grand chose à faire.

Lorsque New York, la ville superficielle par excellence, est frappée de plein fouet par la fatalité, ces jeunes bourgeois sont brutalement sortis de leur rêve. Leur fête est finie, leur petite vie leur échappe à mesure que la créature détruit Manhattan.

Et tout cela leur tombe évidemment dessus sans qu’ils comprennent pourquoi.

I don’t know why this is happening!

C’est d’autant plus dramatique que c’est ainsi. On n’y peut rien. C’est pas comme le trou de la couche d’ozone qu’on peut enrayer ou le réchauffement climatique qu’on peut ralentir. Là, il s’agit d’un monstre, sorti de nulle part, visiblement en colère, qui s’est mis en tête de nous tuer tous.

Pourquoi tant de haine ? Toujours est-il qu’à la fin, le résultat reste le même: tout est rasé. C’est la maladie foudroyante. La météorite qui frappe la terre sans crier gare (cf Deep Impact). Ce sont des avions qui percutent des tours jumelles.

Alors que peut-on faire en attendant ? Comme se demandait Bécaud: et maintenant ?

On peut essayer de profiter pleinement de la futilité de nos petites vies quelconques (cf Frances Ha). À défaut de donner du sens, on peut essayer de donner de l’importance à ce qui n’en a pas (cf Zoolander).

On peut par exemple essayer de savoir qui a couché avec qui. Profiter du luxe ridicule de ces appartements qui surplombent Central Park. Se contempler dans la glace ; aller en soirée pour dire qu’on y est allé, y parler de tout et surtout de n’importe quoi, en profiter pour exhiber fièrement les dernières chaussures à la mode, s’y bourrer la gueule au saké. Profiter d’une journée en amoureux à Coney Island, avant le prochain ouragan dévastateur.

Et puis surtout, on peut immortaliser tout cela et le partager sur les réseaux sociaux (cf The American Meme).

People will want to know how it all went down.

Comme si c’était intéressant.

Comme si quelqu’un d’autre que nous-mêmes en avait quelque chose à faire.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

4 commentaires

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