BROKEN FLOWERS

BROKEN FLOWERS

Jim Jarmusch, 2005

LE COMMENTAIRE

La soixantaine semble être devenu le bel âge (cf Wolf, La Grande Bellezza). Un homme mûr, néo-retraité, sûr de sa force, stable émotionnellement, avec des revenus conséquents, une prostate encore en parfait état de marche, un crâne pas encore totalement dégarni, faisant face à une petite coupe de champagne et surtout arborant un survêtement impeccable. Qui plait à la mère… et à sa fille. À soixante piges, l’homme est à son apogée.

LE PITCH

Un sexagénaire est hanté par le fantôme de son fils de 19 ans.

LE RÉSUMÉ

Un beau matin, Sherry (Julie Delpy) quitte Don (Bill Murray) et claque la porte de son appartement après que celui-ci ait reçu une enveloppe rose. Dans cette enveloppe, une lettre lui indique qu’il est le père d’un jeune garçon de 19 ans qui cherche sa trace.

« Dear Don. Sometimes life brings some strange surprises. Its been almost 20 years since we’ve seen each other, but, now there’s something I need to tell you. Years ago, after our story ended, I discovered I was pregnant. I decided to go through with the pregnancy and I had a baby. A son, your son. I decided to raise him by myself because our time together had come to a close. My son is now almost 19. He’s somewhat shy and secretive, unlike you. But, a sensitive wonderful person. A few days ago he left on a mysterious road trip. But, I’m almost certain he’s searching for his father. I’ve told him almost nothing about you. But, he’s resourceful and imaginative. Anyway, if this is, in fact, your correct address, well, I just felt I should let you know. »

Don compte bien ne rien faire et continuer à se la couler douce. Son voisin Winston (Jeffrey Wright) va l’en empêcher en menant l’enquête à sa place. Il identifie cinq ex-petites amies qui peuvent être la mère potentielle du soit-disant fils de Don.

Don part d’abord à la rencontre de Laura (Sharon Stone) et de sa fille Lolita (Alexis Dziena) qui passe le plus clair de son temps les fesses à l’air. Laura est veuve mais visiblement pas la mère du fils de Don.

Il continue sa route chez Dora (Frances Conroy) qui a abandonné sa vie de baba-cool pour une vie bien rangée auprès de Ron (Christopher McDonald). Elle ne semble pas plus être la mère du fils de Don.

Carmen Markowski (Jessica Lange) non plus. La psychiatre pour animaux a une fille de seize ans, une relation avec sa secrétaire (Chloë Sevigny), mais pas de fils.

Ce n’est pas Penny (Tilda Swinton). Elle a gardé une rancoeur profonde contre Don, ce qui lui vaut d’être frappé au visage par l’un de ses amis bikers.

La cinquième des ex de Don, Michelle Pepe, est au cimetière.

L’inventaire est terminé.

À son retour, Don a reçu une lettre de Sherry dans laquelle elle lui avoue qu’elle l’aime toujours. Winston la soupçonne d’avoir écrit la première lettre pour le piéger. C’est alors que Don remarque un jeune vagabond dans la rue (Mark Webber) qui pourrait avoir l’âge de son fils. Tout comme Don, il porte un survêtement. L’attitude un peu pressante de Don fait malheureusement fuir le jeune homme.

Hold on a second. Wait. I know you think that I’m your father, don’t you?

What?

Just tell me. You can talk to me, chief.

Man, you’re fucked up!

Don, désespéré au milieu d’un carrefour, croise le regard d’un jeune homme (Homer Murray) à bord d’une voiture. Il a comme un air de famille. Lui aussi porte un survêtement. Et il écoute lui aussi Mulatu Astatke.

L’EXPLICATION

Broken Flowers, c’est quand les choses finissent par faire du sens.

Don est plus que jamais un vieux garçon depuis que Sherry l’a plaqué. Il erre dans la vie, sans but, et désormais sans petite amie. Suffisamment de succès dans l’informatique pour vivre confortablement, ce qui ne fait pas de lui un milliardaire pour autant. Il est un homme seul. C’est à dire pas grand chose.

Are you gangster?

No. I wish.

Il n’a pas forcément envie de partir à la chasse au fils. En même temps, que faire d’autre ? Cette quête est douloureuse car elle le ramène en arrière, là où il n’a plus sa place. Ce qu’il a raté. Le temps a passé. L’eau a coulé sous les ponts, sauf pour Penny. Les ex-petites amies de Don ont de la sympathie pour lui. Le plat a néanmoins un petit goût de réchauffé désagréable.

Don a beau passer la nuit avec Laura, il se sent comme un gros pervers de mater les fesses de Lolita. Dora n’est plus la même. Tout comme Carmen qui préférerait vraiment que Don s’en aille. Don arrive en retard pour rencontre Michelle puisqu’elle est déjà morte depuis des années. Son expérience est amère. Il se rend compte qu’il n’a plus sa place auprès ces femmes. Son souvenir est plus ou moins précis.

La trace qu’il a laissée derrière lui n’est pas toujours agréable. Le passé prend des allures de livres qu’on referme un jour pour une raison et qu’on ne devrait plus jamais rouvrir.

Well, the past is gone, I know that. The future, isn’t here yet, whatever it’s going to be. So, all there is, is, is this. The present. That’s it.

Il n’y a que le présent qui compte. Et dans le présent, Don ne compte finalement pas plus. Seul, désorienté au milieu du carrefour de sa vie (cf Cast away). Il se sent stupide d’avoir échoué dans sa quête. Ridicule de chercher son fils au mauvais endroit sans parvenir à le trouver.

C’est finalement son fils qui le trouve. Tous les deux ne s’échangent qu’un regard. Ils savent. Ces deux là ne pouvaient finalement que se rencontrer comme cela. Don est apaisé. Être père (cf Demain tout commence). Son fils reprend le flambeau. Ils n’ont pas besoin de se parler ou se prendre dans les bras. La vie continue. Tout va bien. Tout est en place.

Le compte est bon.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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