LA LIGNE VERTE

LA LIGNE VERTE

Frank Darabont, 1999

LE COMMENTAIRE

La vie est injuste par définition. Au moment de passer de l’autre côté, condamné par la justice des hommes, garderons-nous notre dignité ? Poussés injustement vers la fosse par autrui, saurons nous regarder la mort les yeux dans les yeux (cf The meaning of life).

LE PITCH

Christ est ressuscité, Christ est vivant, Christ reviendra sur la chaise électrique.

LE RÉSUMÉ

Dans sa maison de retraite, Paul Edgecomb (Dabbs Greer) regarde un vieux film en noir et blanc et se rappelle avec émotion d’un détenu qui était sous sa responsabilité du temps où il était gardien dans le couloir de la mort du pénitencier de Cold Mountain.

À l’époque Paul (Tom Hanks) supervisait les officiers Brutus Howell (David Morse), Dean Stanton (Barry Pepper), Harry Terwilliger (Jeffrey DeMunn) et Percy Wetmore (Doug Hutchison) dont les penchants sadiques dérangeaient tout le monde.

Torturant sans relâche Eduard Delacroix (Michael Jeter) jusqu’à saboter son execution, condamnant Delacroix à cramer dans des souffrances horribles – comme si la mort par électrocution n’était pas une peine assez cruelle.

Depuis sa cellule, John Coffey (Michael Clarke Duncan) avait tout ressenti de l’intérieur. Cet imposant gaillard, condamné à mort pour le viol et le meurtre de deux fillettes, attendait son tour comme les autres. Un personnage mystérieux qui affirmait avoir peur de l’obscurité.

Do you leave a light on after bedtime? Because I get a little scared in the dark sometimes. If it’s a strange place.

John montrait des pouvoirs surnaturels. Soignant Paul qui souffrait de coliques néphrétiques. Guérissant Melinda Moores (Patricia Clarkson), la femme du directeur (James Cromwell), de sa tumeur au cerveau. Comme s’il aspirait le mal.

Un jour, il a recraché toute cette douleur dans la bouche de Percy. Celui-ci, sous le choc, a ensuite abattu de sang froid un autre détenu, William « Wild Bill » Wharton (Sam Rockwell).

Wharton était un psychokiller. Il se distinguait par la violence de ses propos et le caractère déplacé de son comportement. Wild Bill était le meurtrier des fillettes.

John a permis à Paul de voir par lui-même la vérité.

Perturbé et convaincu de l’innocence de John, Paul ne savait plus plus quoi faire. Il a demandé à Coffey s’il voulait être libéré. Sans doute l’aurait-il libéré volontiers. Mais John voulait en finir. Fatigué de toute cette violence.

On the day of my judgment, when I stand before God, and He asks me why did I kill one of his true miracles, what am I gonna say? That it was my job? My job?

You tell God the Father it was a kindness you done. I know you hurtin’ and worryin’, I can feel it on you, but you oughta quit on it now. Because I want it over and done. I do, I’m tired, boss. (…) Mostly I’m tired of people being ugly to each other. I’m tired of all the pain I feel and hear in the world everyday. 

Sa seul requête fut de regarder un vieux film en noir et blanc. Puis il fut accompagné jusqu’à ce siège funèbre. Ce fut la dernière execution de Paul qui demanda à être transféré dans un centre de détention juvénile (cf Sleepers).

Sa punition pour avoir tué un miracle de Dieu, c’est la vie éternelle. Il voit tous ceux qu’il aime partir les uns après les autres. Son calvaire est sans fin.

We each owe a death – there are no exceptions – but, oh God, sometimes the Green Mile seems so long.

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L’EXPLICATION

La Ligne Verte, c’est le châtiment de ceux qui répètent deux fois la même erreur.

La légende veut qu’un homme fit des miracles il y a des années. Changer l’eau en vin. Guérir des malades. Marcher sur l’eau. Pas mal de choses assez incroyables pour l’époque au point que deux livres ont été écrits à son sujet avec de nombreuses interprétations.

Plusieurs jours dans l’année sont dédiés à cet homme. De nombreuses églises et cathédrales ont été érigées un peu partout dans le monde en son nom. Pas mal de gens aussi sont morts de l’inquisition (cf Le Nom de la Rose) ou à cause des croisades parce que certains apôtres ont compris tout de travers.

La légende dit que cet homme s’appelait Jésus. Un homme qui prônait l’amour et la paix, défendait des valeurs de partage et qui tendait l’autre joue. Pas le bienvenu dans un monde égoïste comme le nôtre (cf Dogville).

Jésus fut alors redouté. On s’en est méfié. Son influence était grandissante. Alors quand l’occasion s’est présentée de le condamner à mort comme un malpropre, sur une croix, personne ne s’en est privé. C’est ce que raconte l’histoire.

Après cette énorme bêtise, il était trop tard. Rongés par la culpabilité de s’être débarrassés un peu rapidement de quelqu’un d’aussi spécial, les peuples se sont divisés sur la question.

Certains ont dénoncé les responsables. Puis on a commencé à parler de résurrection puis de parousie. L’idée que cet homme extraordinaire puisse revenir n’était pas si farfelue dans ce sens où elle nous donnait de l’espoir. Voire même du sens.

Ce retour serait une occasion de prouver qu’on est capable de bien se comporter. Faire de l’élu notre roi. Lui donner les clés pour sortir de sa cellule.

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Voilà toute l’histoire.

En théorie, on apprend de ses erreurs.

En l’occurrence, on n’apprend rien du tout.

Cela arrange bien tout le monde de croire que cette fameuse légende puisse revenir, sans qu’elle revienne vraiment. On fait tellement semblant d’espérer qu’on ne veut pas regarder. Dans le fond, on n’y croit pas vraiment.

Quand l’opportunité se présente, elle nous passe sous le nez. Tout ce qui compte est la possibilité que quelqu’un puisse revenir. La force de l’hypothèse.

Pour le reste, on se donne bonne conscience pour mieux continuer comme si de rien n’était.

People hurt the ones they love. That’s how it is all around the world.

Une chose est sûre, nous sommes en prison.

You can’t hide what’s in your heart.

Tout ce qu’il nous est possible de faire est de rester serviable envers autrui.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

6 commentaires

  • Cette histoire ressemble étrangement .Exécuté pour meurtre à 14 ans, sans preuves. 70 ans plus tard, la justice américaine a annulé sa condamnation. Voici l’histoire de George Stinney Jr., devenu un des symboles de la lutte contre la peine de mort.

  • La Ligne Verte montre surtout que la peine de mort était un fléau à une époque ou l’on ne prenait pas le temps et/ou on avait pas les moyens d’investiguer…. c’était la facilité d’une société naïve et en plein changement….. et aujourd’hui ou en est on ? Car au final on mourra tous un jour, mais au lieu de donner la mort, pourquoi ne pas donner la vie ?

    John Coffey avait raison…. il était dégoûté des gens et de leur comportement…. le personnage de Tom Hanks reçoit une bénédiction en ayant une espérance de vie rallongée et au lieu d’en retirer le positif il ne retient que le négatif … c’est en cela que l’humain excelle, il voit toujours le verre à moitié vide …. Dieu, à quoi pensais-tu quand tu as créé l’humanité ?

  • En y revenant je me dis que le message pourrait être (un peu comme dans Des souris et des hommes) qu’il faut être capable de tuer son innocence quand on a pas le choix (pour endurer toutes les horreurs du monde), qu’il n’y a pas de place pour les faibles malheureusement (ceux qui seraient trop romantiques, trop naïfs et pas assez réalistes, ceux qui ne peuvent pas regarder la réalité en face, la supporter)… et en même temps il faut justement être capable paradoxalement de garder une part d’humanité, de rêve, de candeur (c’est De Niro qui épargne le cerf dans Voyage au bout de l’enfer).

    « Life’s a bitch » comme dit la chanson :

    Bref, ça reste un peu tiré par les cheveux xD

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