DES SERPENTS DANS L’AVION
David Richard Ellis, 2006
LE COMMENTAIRE
Il y a des choses qui ne vont décidément pas ensemble. Quand on veut faire une surprise originale à sa copine le soir de la St Valentin, on évite par exemple de lui proposer sa saucissse dans une boite. Et puis quand on prend l’avion, on apprécie ne pas avoir de serpents dans les allées. C’est une question de civilité.
LE PITCH
PNC aux portes. C’est parti pour la panique à bord.
LE RÉSUMÉ
Sean Jones (Nathan Phillips) assiste à un meurtre commandité par le criminel Edward Kim (Byron Lawson). Il est un témoin gênant, un témoin à abattre. Heureusement pour lui, l’agent du FBI Neville Flynn (Samuel L. Jackson) s’occupe de sa protection et va l’aider à embarquer pour un vol à destination de Los Angeles où il pourra témoigner.
Do as I say, and you’ll live.
Le FBI réquisitionne tout le premier étage de l’appareil, par mesure de sécurité. Ce qui déplaît fortement aux clients de première classe pas habitués à voyager dans ce genre de conditions, avec la populace. Les hôtesses de l’air se veulent rassurantes.
Is it safe back there?
Yes, yes, it is totally safe there.
Mon oeil!
Elles ne sont pas au bout de leurs surprises. En effet, les hommes de Kim ont fait embarquer une bonne centaine de serpents venimeux à bord de l’appareil.
You know all those goddamn security scenarios we ran? Well, I’m stuck in the middle of one we didn’t think of.
What the hell you talking about?
Eddie Kim somehow managed to fill the plane with poisonous snakes.
Wait, hold on. What kind of insane plan is that? He can’t possibly guarantee that the snakes are gonna get to Sean.
Yeah, well, he doesn’t have to guarantee it if he brings down the whole plane down.
La logique est implacable. Les serpents, excités par des phéromones, sont relâchés et commencent à semer la pagaille dans l’avion. Ils mordent tout le monde, sans discrimination. Avec une préférence prononcée pour les gros seins et les testicules.
Aw, fuck! Fucking bitch! Get off my dick! Aw, fuck! Fuck.
Il y a largement assez de reptiles pour faire péter un plomb à Indiana Jones : des vipères, des mambas, des serpents corail, des crotales, des pythons, un boa…
Les passagers meurent dans d’atroces convulsions. Le pilote (David Koechner), bien que blessé, continue de faire des blagues graveleuses.
You sure you can fly this thing with one hand?
Honey, you’d be surprised at what a man can do with one hand.
Neville Flynn garde son calme légendaire. Au sol, ses collègues Hank Harris (Bobby Cannavale) et le Dr Steven Price (Todd Louiso) attendent avec des anti-venins. Il suffit à Flynn d’assurer la protection de son client. Il doit aussi veiller à ce que l’avion atterrisse à Los Angeles dans de bonnes conditions. Le gros problème est que le pilote a succombé à ses morsures.
Troy (Kenan Thompson), le gardien du corps de l’artiste Three Gs (Flex Alexander), se propose de prendre le gouvernail – fort de son expérience sur playstation. Il fait atterrir l’avion miraculeusement (cf Sully). Flynn a eu l’idée de génie de faire un trou dans le cockpit de manière à éjecter tous les serpents.
Les quelques survivants sont reconnaissants envers Flynn. Surtout Sean Jones qui l’emmène faire du surf après toutes ces aventures.
L’EXPLICATION
Des Serpents dans l’Avion, c’est la nécessité de maintenir le cap dans la tempête.
La notion de contrôle dans la vie n’est qu’une illusion. Il y a quelque chose de rassurant pour l’ego dans le fait de se dire qu’on est en charge, alors qu’en fait tout ne fait que nous échapper sans cesse. On ne fait guère que surfer sur la vague finalement, en essayant de ne pas se casser la figure. C’est la vague qui décide – pas nous.
Flynn a beau se fâcher tout rouge…
ENOUGH IS ENOUGH! I HAVE HAD IT WITH THESE MOTHERFUCKING SNAKES ON THIS MOTHERFUCKING PLANE!
C’est sa frustration qui parle. Il ne peut rien faire au sens où les serpents sont bien dans l’avion. Il va falloir faire avec, même si cela n’était pas son souhait.
Lui et son pote Hank Harris sont les rois de la planification. Ils font des scénarios pour essayer d’évaluer ce qui peut mal se passer. Et ils n’avaient certainement pas pensé à cela. C’est donc un cas extrême, ce qui n’est pas si rare finalement. Il y a toujours quelque chose qui nous tombe sur le coin de la figure : une entorse du genou, un train pas à l’heure, des problèmes d’incontinence, un dinosaure qui sort de son enclos (cf Jurassic Park)…
Quand les choses se gâtent, nous pouvons nous rappeler les paroles du philosophe:
Reposez-vous les méninges et laissez-vous faire
Laissez-vous aller, décompressez et prenez l’air
Une bouffée d’oxygène pour un moment de plaisir
Lee Rick’s saura vous détendre, sans vous faire souffrir
La mélodie se mêle à mes mots et ceci sans mélo
Car le mélomane que je suis manie les mots sans mélodrame
La thérapie reste musicale mettant ainsi de côté le côté médical
En bémol ou en dièse souvent d’accord et toujours à l’aise
Je m’explique pendant que d’autres se compliquent l’existence
Alors en toute confiance, gardez l’écoute et suivez la cadence
C’est ce qu’essaie de faire Flynn. Il est exemplaire car il parvient à s’adapter. L’agent du FBI reste confiant. En tout cas, s’il doute, il ne le montre pas. Il reste à l’écoute de la situation et parvient à prendre les décisions qui s’imposent comme de descendre dans la soute pour faire fonctionner la climatisation. Et il suit la cadence. Il devient la cadence, ce qui finit par inspirer les autres qui se laissent faire. Tout le monde lâche prise petit à petit, sous l’impulsion de Flynn qui s’est abandonné lui-même à la situation.
Nous sommes tous à bord de cet avion, infesté de serpents ou de punaises de lit qui nous piquent les chevilles. Qu’on décide de paniquer ou d’aller se planquer dans les toilettes pour faire du sexe, cela ne nous aidera pas plus à nous en sortir.
Il faut s’en remettre à la pensée stoïcienne et à la playstation. Confiants dans le fait que l’avion arrivera à bon port et que nous ferons partie des survivants. Jusqu’ici tout va bien (cf La haine). Les hommes font semblant qu’ils ont la situation bien en main – au singulier.
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