JARHEAD

JARHEAD

Sam Mendes, 2005

LE COMMENTAIRE

On apprend la jeunesse à développer des points de vue et à les exprimer, parfois avec virulence. Quand on voit où cela mène la jeunesse, on peut regretter le bon vieux temps des colonies de Sardou. Une époque où l’armée était respectée. Ceux qui l’ouvrait un peu trop se cognait à un mur. Le dur apprentissage de la vie.

LE PITCH

Un jeune Américain de plus s’engage pour son pays.

LE RÉSUMÉ

Suivant les traces de son père parti au Vietnam, Anthony « Swoff » Swofford (Jake Gyllenhaal) s’engage dans les Marines arguant qu’il s’est perdu à l’école.

What the fuck are you even doing here?

Sir, I got lost on the way to college, sir.

Il arrive en retard. C’est un vrai tire au flanc. Il se fait porter pâle. Le Sergent Sykes (Jamie Foxx) identifie le lascar et en fait un sniper (cf American Sniper). Toujours moins dangereux que démineur, encore que…

Officiellement sniper, Swofford se voit assigner le Caporal Alan Troy (Peter Sarsgaard) comme binôme. Tous les deux partent en Irak après l’invasion du Koweit dans le cadre de l’opération Bouclier du Désert. Prêts au combat, les GI se retrouvent au camp à faire des manoeuvres. Ils finissent par mourir d’ennui. Le Lietenant Kazinski (Chris Cooper) ne leur avait pas menti.

Our current mission is to protect the oil fields of our good friends in the Kingdom of Saud until further notice, and gentlemen, I’m talkin’ a lot of oil, a LOT of oil, so you will hydrate, you will train, you will adjust to this desert, and you’ll hydrate some more, and you will be ready, you will maintain a constant state of suspicious alertness, and one day soon, Saddam Hussein is gonna regret pullin’ this sorry shit!

Swofford se soule lors de la soirée de Noël. Fergus (Brian Geraghty) qui a pris sa relève met accidentellement le feu et déclenche un feu d’artifices complètement involontaire et totalement embarrassant pour Swofford le lendemain, qui décuve en faisant la corvée de latrines.

Les vacances sont finies. Les soldats sont envoyés à la frontière Saoudienne pour l’opération Tempête du Désert. Le groupe découvre que Troy avait un casier judiciaire dont il n’avait pas informé ses supérieurs. Il va être démobilisé et ne pourra plus réintégré les forces armées. Ses amis veulent s’assurer qu’il ne les oubliera pas en le tatouant au fer rouge.

Dans le désert, les troupes sont d’abord attaquées par erreur par des avions de l’US Air Force. Ils ne voient pas d’ennemi, juste des carcasses de blindés iraquiens en flammes. Ils se retrouvent sous une averse de pétrole car les puits sont en feu.

Swofford et Troy sont enfin envoyés en mission. Au moment d’appuyer sur la gâchette, la mission est annulée puis remplacée par un raid aérien. Les deux soldats ont du mal à cacher leur frustration (cf Substitute).

Le retour à la vie civile n’est pas triste. Troy avait raison lorsqu’il citait Hemingway.

I love it out here, this is what I want – ’cause I count for something. Back home, I’d be working some nowhere job, nobody’d even know I was alive. ‘We burn the fat off our souls,’… Hemingway said that.

La copine de Swofford l’a quitté pour un autre. Fowler (Evan Jones) drague les strip teaseuses. Escobar (Laz Alonso) travaille chez Auchan. Troy est mort. Tout le monde se retrouve à son enterrement pour sortir les petits mouchoirs. Seul Sykes a la chance d’enchaîner les tours de manège au front.

A story, a man fires a rifle for many years. And he goes to war, and afterwards he comes home, and he sees that whatever else he may do with his life – build a house, love a woman, change his son’s diaper – he will always remain a jarhead, and all the jarheads killing and dying, they will always be me. We are still in the desert.

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L’EXPLICATION

Jarhead, c’est engagez-vous, rengagez-vous qu’ils disaient.

On pense que seuls les intellectuels sont tourmentés. Certes ils savent parler de leur détresse, mais ils ne sont pas les seuls à souffrir du vide de sens. Même les soldats peuvent se poser des questions bien qu’on ne les formate pas en ce sens. Ils ne se retrouvent pas dans la vie civile. Au combat au moins, ils ont l’impression de servir à quelque chose : défendre les intérêts de leur pays.

I could be working with my brother right now. (…) Do you know why I don’t? Because I love this job. 

Ces hommes sont dans le concret. Ils réclament du concret.

Fuck politics. We’re here. All the rest is bullshit.

Swofford règle son pas sur le pas de son père. Il veut s’inscrire dans la lignée tout comme M n’est pas peu fier en somme de suivre la filière. C’est la même chose. Il veut quand même se trouver une identité propre dans l’armée.

That’s Vietnam music… can’t we get our own music?

Qu’il ne s’impatiente pas. Il va l’avoir sa putain d’guerre. Et malgré tout, l’Irak n’est pas si différent du Vietnam.

Every war is different, every war is the same.

Le combat reste le combat. À la guerre comme à la guerre. Peu importe l’affrontement, les soldats ont tous la pétoche lorsqu’ils se retrouvent au front (cf Les Sentiers de la Gloire). Ils ne sont que des enfants (cf The Thin Red Line). Et Swofford le fort en gueule n’est pas différent des autres.

Are you scared?

Look, I’m twenty years old and I was dumb enough to sign a contract. I can hear their fucking bombs already. I can hear their bombs and I’m fucking scared, yeah.

La différence est que même au front, ces soldats là semblent désoeuvrés.

Ils commencent à ne plus servir à rien. La société technologique les remplace par des drones (cf Good Kill). L’armée les a entraînés pour tuer. Elle leur a promis du sang, elle leur offre du sable. Les soldats doivent protéger les puits de pétrole et fermer leur gueule.

You signed a contract, you don’t have any rights, you got any complaints you complain to Saddam Insane and see if he gives a fuck.

Why that’s exactly what Saddam Hussein does. You’re treating us the same way.

You are a marine. There is no such thing as speech that is free. You must pay for everything that you say.

Ils sont les dindons de la farce. Les cocus de l’histoire. Leur pays leur a menti. Et lorsqu’il rentre, ça n’est pas en héros mais en anonymes.

Don’t thank me, just don’t fuckin’ die.

Voilà comment la société de consommation traite des enfants dont elle a si cruellement besoin. Elle les prend au berceau, aspire leurs plus belles années puis les rejette à la mer sans bouée de sauvetage (cf Matrix). Elle bafoue leur honneur (cf A few good men).

Attention au retour de flamme…

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

9 commentaires

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