127 HEURES

127 HEURES

Danny Boyle, 2010

LE COMMENTAIRE

Quand on se retrouve coincé face à un problème, on a encore un peu le choix même si on n’en a pas l’impression. On peut essayer de régler un autre problème pour avancer. Et s’il n’y a plus qu’un problème à régler alors c’est le moment de trouver des ressources insoupçonnées en soi. Crier ne servirait à rien d’autre qu’à perdre la voie.

LE PITCH

Un jeune randonneur à qui rien ne fait peur se retrouve pris au piège de la nature (cf Into the Wild).

LE RÉSUMÉ

Aron Ralston (James Franco) est un amoureux des grands espaces. Il part à l’aventure dans le parc national des Canyonlands dans l’Utah. Les décors sont éblouissants. Aron n’en manque pas une miette.

Il croise Kristi (Kate Mara) et Megan (Amber Tamblyn) et les emmène nager dans une piscine souterraine magnifique. Après cette baignade, Aron reprend sa route en solitaire (cf Mad Max) vers Blue John Canyon. Il glisse et tombe, sans se blesser. Malheureusement, un rocher lui bloque le bras droit contre la paroi. Il ne peut plus bouger. Seul.

Son analyse de la situation est bonne :

I’m in pretty deep doodoo here.

Une impasse.

Aron commence un enregistrement video pour ne pas perdre le moral. Et il se rationne au cas où cette situation devait durer plus longtemps que prévue. Il va falloir attendre que d’autres randonneurs le trouvent. Ce qui est probable. Mais quand ?

Après cinq jours, c’est à dire 120 heures, Aron n’a plus d’eau. Contraint de boire son urine pour s’hydrater, il perd espoir.

MOVE THIS FUCKING ROCK!

Il songe à se couper le bras mais la lame de son couteau n’est pas assez dure. Les hallucinations le gagnent : il s’imagine d’abord s’échapper, puis il est pris de visions de sa famille, de Kristi et de Megan. Enfin, il se croit l’invité d’un talk show.

Good morning, everyone! It is 7 o’clock here in Canyonlands, USA! And this morning on the boulder, we have a very special special guest, self-proclaimed American superhero, Aron Ralston! Let’s hear it for Aron!

Retrouvant un peu de lucidité, il comprend que s’il en est là aujourd’hui c’est parce qu’il n’a dit à personne où il allait. Le voilà donc condamné.

Le jour suivant, il a la vision d’un enfant qui pourrait être son fils. Avec l’énergie du désespoir, il entame son bras avec des roches puis termine l’amputation à coups de canifs afin de se libérer. Il se donne du courage.

Don’t mess up!

Après plus d’une heure de travail acharné, Aron entame son périple vers sa voiture. Il est secouru par d’autres randonneurs.

L’EXPLICATION

127 heures, c’est l’envie d’avoir envie.

Comme tous les randonneurs, Aron veut se frotter à la nature pour y découvrir de nouveaux paysages, vivre des sensations uniques et surtout se trouver au milieu de cette immensité. Certains préfèrent être très grands au milieu de la piste de danse (cf La fièvre du samedi soir). D’autres ont besoin de se sentir tout petits au milieu des canyons.

Aron aime les sensations fortes. Le risque. Il part à l’aventure en solo. Convaincu que rien ne pourra lui arriver. Cette expérience, il l’a cherchée.

You know, I’ve been thinking. Everything is just comes together. It’s me. I chose this, I chose all of this. This rock has been waiting for me my entire life. In its entire life, ever since it was a bit of meteorite a million, billion years ago up there In space. It’s been waiting, to come here. Right, right here. I’ve been moving towards it my entire life. The minute I was born, every breath I’ve taken, every action has been leading me to this crack on the earth’s surface.

Il n’a pas beaucoup de temps pour se trouver.

Une centaine d’heure pour sortir du traquenard dans lequel il s’est mis tout seul comme un grand. Au début de son expérience, il se retrouve très serein. Il ne panique pas, essaie de s’organiser de manière méthodique et s’encourage.

Don’t lose it. Aron, do not lose it.

Ce n’est que le début. L’expérience ne devient véritablement intéressante que lorsqu’il rentre dans le dur et qu’il perd les pédales. C’est dans un moment de confusion qu’il arrive à reconnaître son erreur : il a fait preuve d’orgueil. Il s’est cru plus grand que la nature et il est désormais à sa place.

Aron qui croyait tout savoir sur pas mal de choses se sent désormais bien bête.

Hey there, Aron! Is it true that you didn’t tell anyone where you were going?

On dit que ce sont toujours les meilleurs nageurs qui se noient. Il le comprend. ou plutôt, il l’experimente. C’est le moment de rupture. La vie ne tient qu’à un fil ou parfois à un pouce.

L’immobilisme contraint cet electron libre qu’est Aron à faire l’expérience de l’humilité. Il laisse un mea culpa émouvant dans une video testamentaire adressée à sa mère.

I wish I had learned some lessons more astutely, more rapidly, than I did. I love you.

C’est quand il croit que tout perdu qu’Aron va véritablement se découvrir. Tel un phénix qui renait de ses cendres, Aron retrouve un second souffle. Car il a en lui la fameuse envie d’avoir envie. La solitude lui permet d’aimer les gens. On lui a donné la nuit pour qu’il aime le jour, et inversement. Il veut rallumer sa vie.

De toute façon, si on n’a pas l’envie d’avoir envie, on ne se coupe clairement pas le bras même si c’est la seule solution pour s’en sortir. Aron aime trop la vie pour l’abandonner. Il se charcute au nom de l’existence. Choisir de vivre avec un bras en moins, en comptant peut-être sur les progrès de la science en matière de prothèses.

Cette aventure lui a coûté un bras et lui a apporté en force de caractère. Il n’est plus seul au monde (cf Cast Away). Aron a fait un sacrifice. Il a appris le sens des responsabilités. Un devoir qu’il n’a pas qu’envers lui mais aussi envers les autres.

Désormais prêt à être papa. Et il peut même continuer à profiter de sa passion. Du moment qu’il tient les autres au courant.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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