120 BATTEMENTS PAR MINUTE

120 BATTEMENTS PAR MINUTE

Robin Campillo, 2017

LE COMMENTAIRE

On peut faire le choix de vivre dans les clous, en espérant glaner au passage quelques images venant récompenser cette bonne conduite. Et puis si peut-être on a vraiment été irréprochable, alors on ira faire un tour au ciel en aller simple. Certains pensent que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pourquoi s’empêcher de vivre au nom d’un hypothétique paradis? Que ce passerait-il si on se rendait compte à la fin d’une vie monotone que ce paradis n’existait pas? Et bien on pourrait décider de faire la fête en mode Carpe Diem(cf Une Journée Particulière).

LE PITCH

Deux garçons tombent follement amoureux l’un de l’autre lors des réunions d’Act Up.

LE RÉSUMÉ

Dans le début des années 90, l’épidémie du SIDA fait des ravages considérables au sein de la communauté gay, lesbienne, toxicomane et hémophile. Les malades s’organisent au sein de l’association Act Up qui se bat pour les droits des malades à travers des actions coup de poing, visant à sensibiliser l’opinion publique. Ils font une descente dans les locaux d’un laboratoire pharmaceutique pour y asperger les murs de sang afin de dénoncer le manque de transparence. Ils distribuent des préservatifs dans les lycées, essuyant les remarques désobligeantes de certaines élèves.

Je risque pas de choper votre connerie de sida !

Les Réunions Hebdomadaires sont parfois houleuses. Les sujets à l’ordre du jour sont toujours sensibles et les avis divergent sur la manière de mener l’action. Sophie (Adèle Haenel) se plaint notamment de l’intervention musclée de Sean (Nahuel Perez Biscayart), ce qui l’a empêché de pouvoir marquer les esprits par son discours.

La violence, c’est inacceptable.

Les débats sont animés entre Thibault (Antoine Reinartz), le président de l’association et le reste des membres.

On doit trouver des slogans plus politiques, plus percutants !

Les malades sont frustrés par le manque d’efficacité des trithérapies. Ils ont peur. Leur temps est compté.

Nous pendant ce temps-là on crève!

La communauté tente de se changer les idées en dansant sur de la house music, à 120 bpm.

Nathan (Arnaud Valois) a rejoint les militants. Il n’est pas séropositif. La radicalité de Sean l’interpelle très fort. Les deux hommes s’attirent, se rapprochent. Sean a des lésions buccales. Nathan s’en moque. L’amour se fiche pas mal des mycoses.

Malgré tout, Nathan est absolument terrifié par le spectre du VIH. Il a préféré ne pas se rendre à l’hôpital alors que son ex souffrait du SIDA. Nathan fuit la maladie autant que Sean est contraint de l’affronter.

Je préfère me dire qu’il est toujours vivant.

Ben non. Soit on est mort, soit on est vivant.

Le couple n’a pas le temps de faire des plans sur la comète. La vie de Sean est une étoile filante. Son état de santé se dégrade beaucoup trop vite. Cette fois-ci, Nathan ne se cache pas. Il accompagne son amant jusque dans les moments les plus pénibles.

J’ai super peur tout le temps. Et puis tu me manques.

Sean réclame le droit à l’euthanasie (cf Mar Adentro). Nathan a le courage de lui faire l’injection fatale. Les cendres seront répandues sur les petits fours d’un banquet d’assureurs, comme il le souhaitait.

Le combat d’Act Up continue.

120BattementsParMinute©Celine_Nieszawer_Photo503-1450x800-c

L’EXPLICATION

120 Battements Par Minute, c’est le compte à rebours en accéléré.

La communauté gay a été persécutée de trop nombreuses années (cf The Imitation Game). C’est peut-être par la faute de ces brimades répétées qu’elle a décidé de vivre pleinement chaque moment, comme prise par un sentiment d’urgence permanente. Vivre de manière insouciante, impulsive, extrême parfois, au mépris des limites de vitesse. Mettre la musique à fond. Dans cette ambiance assourdissante, danser sur la piste de manière frénétique pour mieux se sentir exister.

C’est ici que ca se passe, pas en coulisses.

Quand on conduit trop vite, on prend le risque de se faire flasher. Certains se font prendre et se continuent de se moquer des conséquences. Ils emmènent avec eux tous les autres et pénalisent toute la communauté. La contamination se propage rapidement et beaucoup d’homosexuels préfèrent faire l’autruche.

C’est ce que je pensais : Les PD sont des cons!

Fiste moi, ça vaudra mieux! disait le poète du Rectum (cf Irréversible).

On peut faire semblant que tout va bien, on ne peut pas ignorer la maladie. Elle coupe l’élan (cf Philadelphia). Le VIH est un nuage qui vient couvrir l’arc en ciel. À tel point que lorsque Nathan demande à Sean ce qu’il fait dans la vie, le jeune homme ne peut pas répondre autre chose que séropositif – comme si ça le définissait.

L’urgence est toujours là. Plus pesante. C’est la panique. Face aux questions que posent la mort, les membres d’Act Up ne savent pas comment réagir. Tout le monde se retrouve a l’eau (cf Titanic). Ça gesticule et ça hurle parce que la gestion de la peur varie selon les individus. Bien qu’elle essaie de se réunir en banc compact, la communauté d’Act Up souffre de ce manque de dialogue qu’elle reproche aux laboratoires pharmaceutiques. Dans l’amphithéâtre, c’est la cacophonie. On a parfois du mal à s’entendre.

Votre façon de non dialoguer est scandaleuse!

Les malades se retrouvent malgré eux prisonniers d’un autre train en marche, lancé à grande vitesse avec quelques arrêts à l’hôpital, et dont ils ne peuvent plus sortir. Cette vie sur laquelle ils pensaient surfer les a totalement happés. À présent, elle les dépasse.

Je crois qu’on sait même plus de quoi on parle.

Quand le poids de la vie semble trop lourd à porter, on préfère se saouler sur la piste de danse. Lorsque la mort rappelle sa présence de manière officielle, les questions existentielles deviennent incontournables. La communauté continue de vouloir les fuir, en faisant du bruit sur les cars de la gay pride ou dans les couloirs des labos. Vivre fort et ne surtout pas disparaître dans l’indifférence totale.

Si on n’a rien à attendre de rien, on se demande pourquoi on est là!

120 bpm, ça va vite.

Après s’être précipité de vivre, Sean est contraint de se dépêcher de mourir.

Je suis pas encore mort ?

Cette mélodie ne ralentit pas mais elle finit par se couper brusquement. Ne reste plus que le discret Nathan, et quelques autres, qui vont essayé de changer de rythme et prendre un peu leur temps.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

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