LE TEMPS DU LOUP

LE TEMPS DU LOUP

Michael Haneke, 2003

LE COMMENTAIRE

Nous sommes éternellement insatisfaits. Si constamment à la recherche d’un soleil toujours plus éclatant qu’il nous est pénible de ne pas jouir d’un ciel bleu en permanence. En même temps, comment se satisfaire d’un climat nuageux sous une pluie battante? Peut-être le jour où le réchauffement climatique nous sera devenu vraiment insupportable…

LE PITCH

Une mère et ses deux enfants tentent de survivre à la campagne.

LE RÉSUMÉ

Anne (Isabelle Huppert), Georges (Daniel Duval) et leurs deux enfants arrivent dans leur résidence secondaire. Au moment de décharger leurs affaires, ils découvrent la présence d’un autre couple et de leurs enfants (cf It comes at Night). Georges s’insurge.

Qu’est-ce que vous croyez, vous êtes dans une propriété privée ici!

Devant la menace de l’homme (Pierre Berriau) armé, Georges change d’approche et tente d’apaiser les esprits.

On peut toujours trouver une solution non?

La négociation échoue. Georges est abattu froidement. Il ne continue pas l’aventure. C’est l’échec pur et simple de la diplomatie.

Anne n’a pas le temps de s’apitoyer sur la mort de son mari. Elle reprend son chemin avec Ben (Lucas Biscombe) et Eva (Anaïs Demoustier) (cf La Route). En chemin, ils croise un enfant errant (Hakim Taleb) qui tente lui aussi de survivre seul (cf Paranoid Park).

Ils rejoignent un groupe composé de Koslowski (Olivier Gourmet), M. Azoulay (Maurice Bénichou), sa femme (Maryline Even) et leur fille (Florence Loiret-Caille), Monsieur Brandt (Patrice Chéreau) et sa femme Lisa (Béatrice Dalle). Tout le monde est dans l’expectative, bloqué sur le chemin.

On attend le train.

Un peu plus loin sur la ligne de chemin de fer se trouve un autre groupe emmené par un homme (Serge Riaboukine). Anne retrouve l’assassin de son mari mais elle aucune preuve contre lui. On lui demande gentiment de se calmer.

Soyez raisonnable madame.

Le soir, un saltimbanque (Claude Singeot) amuse un peu la galerie en faisant un numéro avec des lames de rasoir. L’assemblée se divertit quelques minutes, ce qui ne saurait faire oublier que tout le monde est quand même à bout de nerfs.

Si nous ne respectons pas les règles les plus élémentaires, autant abandonner tout de suite.

Jean (Thierry Van Werveke) retrouve la trace d’un ouvrier Polonais (Costel Cașcaval) qu’il accuse d’être responsable de la mort de l’un de ses amis. Les esprits s’échauffent. Le Polonais est également accusé de la disparition d’une chèvre alors qu’il n’y est pourtant pour rien.

La fille de M. Azoulay se suicide.

Eva écrit parfois à son défunt père qui lui manque.

En pleine nuit, Ben se déshabille face au feu et menace de s’y jeter avant que Jean ne l’en empêche.

Tout va s’arranger…

Que les beaux jours paraissent pourtant loin.

L’EXPLICATION

Le Temps du Loup, c’est le programme des réjouissances.

Le confort est une dimension que l’on recherche et à laquelle on s’habitue vite, au point où il peut-être même difficile de s’en priver. On préfère le TGV au TER regional. De la même manière, il est plus naturel de passer d’un hotel deux étoiles à un hotel trois étoiles. L’inverse pique toujours un peu.

Quand une famille de la classe moyenne part en week-end dans sa maison de campagne, elle apprécie pouvoir profiter des lieux après un long voyage – sans que des intrus s’y soient invités sans permission (cf Le Docteur Jivago). C’est le minimum.

Nous aspirons tellement toujours à mieux que certaines réalités nous sont tout simplement inimaginables. Dormir à la belle étoile quand nous l’avons décidé, aucun problème. Par contre, dormir dehors par nécessité, certainement pas.

Cette réalité, nous l’observons pourtant autour de nous ou derrière nos écrans au quotidien sans jamais sans la vivre. La réalité des autres, pour laquelle nous ne sommes évidemment pas préparés (cf Jusqu’au déclin). Dans un monde post-apocalyptique, la famille d’Anne s’est visiblement trompée en venant se mettre au vert.

Vous connaissez bien la situation ou vous faites semblant d’être bête ? Pourquoi vous êtes pas restés en ville au lieu de venir ici ?

Pas préparée à évoluer dans la sauvagerie, cette famille se retrouve comme des vagabonds. Impossible d’imaginer faire l’expérience que subissent les réfugiés. Malgré tout, Anne et ses enfants se retrouvent bien du mauvais côté de la barrière. Un monde où le chacun pour soi n’est plus à leur avantage. Plus possible de compter sur les autres (cf L’homme sans passé).

Mais c’est votre devoir de nous aider!

Chacun se débat pour ne pas se noyer. Plus le temps d’être civilisé. Le dialogue ne sert à rien ni à personne.

On pourrait pas discuter calmement ? Je voulais simplement vous dire que nous n’étions pas vos ennemis.

Plus de loi, plus de règle. La menace vient de partout (cf It comes at night). Le mari d’Anne est abattu sans procès. Le meurtrier n’est même pas considéré comme un suspect. La justice a disparu.

Tout le monde peut soupçonner tout le monde.

Tous logés à la même enseigne.

Pas tout à fait. Ceux qui ont des réserves d’eau ou un revolver ont le pouvoir. Le rapport de force est plutôt redéfini.

Croyez-vous qu’il fasse partie des justes ?

Excusez-moi mais qu’est-ce que vous entendez par ‘juste’ ?

Un état de survie très compliqué à accepter pour des personnes qui ont toujours été habituées à vivre à l’abri d’une structure. Ces individus ne reviennent pas à un état primitif qu’ils n’ont jamais connu, ils le découvrent.

Soyez certaines que nous avons honte.

Un effort que beaucoup ne sont pas prêts à faire. Après le suicide de sa fille, M. Azoulay songe à tout arrêter. À quoi bon ?

Excusez-moi mais je crois que tout ça, c’est trop difficile.

Anne et ses enfants deviennent des proies faciles. Ils doivent se réfugier auprès d’un groupe afin de ne pas se faire dévorer par les loups. Pas d’autre perspective que se lever le matin, dans l’espoir de pouvoir se lever le jour suivant. Peut-être voir passer le train, sans aucune garantie.

Une mort à petit feu.

Le spectre d’un effondrement que nous pourrions bien être amenés à connaître si une crise venait à ébranler l’économie mondiale ou que la guerre revenait à nos frontières.

L’Histoire a montré que c’était possible. Les experts du MIT l’ont annoncé en 1972.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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