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DOGVILLE

DOGVILLE

Lars Von Trier, 2003

LE COMMENTAIRE

Les dictatures finissent toutes par s’écrouler, en général le jour où les personnes assujetties décident de se rebeller et se liguer ensemble pour renverser le pouvoir en place par la diplomatie ou la force. La femme a souffert trop longtemps : trop d’exploitation, trop d’abus et d’injustices. Elle porte la haine dans son regard. Sa vengeance sera terrible. Les jours de la tyrannie masculine sont comptés.

LE PITCH

Une jeune femme est donnée en pâture aux chiens.

LE RÉSUMÉ

This is the sad tale of the township of Dogville. Dogville was in the Rocky Mountains in the US of A, up here where the road came to its definitive end, near the entrance to the old abandoned silver mine. The residents of Dogville were good honest folks, and they liked their township. And while a sentimental soul from the East Coast had once dubbed their main street Elm Street, though no elm had ever cast its shadow in Dogville, they saw no reason to change anything. 

I think the world would be better without Dogville.

L’EXPLICATION

Dogville, c’est là où nous conduit la mesquinerie.

Les habitants de Dogville peuvent être fiers de ce qu’ils ont accompli : une communauté qui vit paisiblement au pied des montagnes. Ils ont presque reproduit la Suisse.

All I see is a beautiful little town in the midst of magnificent mountains. A place where people have hopes and dreams even under the hardest conditions.

Bravo à eux! Attention néanmoins. Car si l’humanité est capable du meilleur, elle n’est jamais loin du pire non plus. L’oublier, c’est prendre le risque de faire la bascule. Il faut donc sans cesse être vigilant, tel un alcoolique qui ne baisse jamais la garde (cf Le dernier pour la route). Guetter les premiers signes de mesquinerie dont nous pourrions faire preuve, de façon à ce qu’elle ne nous conduise pas à notre propre perte (cf I care a lot).

La mesquinerie ne montre jamais son vrai visage. Elle avance cachée. Les habitants de Dogville se félicitent d’accueillir une réfugiée. Mais leur charité n’est pas un prêt à taux zéro. Grace doit montrer patte blanche. Après tout, c’est de bonne guerre! C’est ainsi que tout commence. Les habitants installent une relation malsaine avec Grace dans laquelle ils attendent quelque chose en retour.

À Dogville, les habitants abusent très vite du quid pro quo. Ils profitent de la première occasion pour revoir les termes du contrat – à leur avantage bien sûr.

Nous nous encourageons dans la bassesse, incapables de nous arrêter. Sans garde fou, chacun essaie de gratter à chaque fois un peu plus. On profite de Grace. Puis on se plaint pour en profiter encore davantage. On ne respecte pas son travail. Jusqu’à ce qu’on s’approche dangereusement de la limite à ne pas franchir. Une fois que Grace a été violée, c’est fini. L’asservissement est total. Tout le monde se permet tout et n’importe quoi. On se défoule sur Grace : on la ridiculise dans les rues, on lui fait porter une croix, on lui donne des coups de fouets…

Et encore, qu’est-ce que cela aurait été si Grace avait été étrangère ?

Lorsque la culpabilité pourrait éventuellement nous titiller, on s’en débarrasse aussitôt. On jette Grace aux ordures après s’être servi d’elle plus que copieusement.

Malgré tout, elle est prête à pardonner. C’est une conversation avec Dieu le Père, celui de l’Ancien Testament, qui va la convaincre de prononcer la peine capitale.

Rapists and murders may be the victims according to you, but I, I call them dogs. And if they’re lapping up their own vomit, the only way to stop them is with a lash.

But dogs only obey their own nature, so why shouldn’t we forgive them?

Dogs can be taught many useful things, but not if we forgive them every time they obey their own nature.

La mesquinerie est la petite soeur de la monstruosité, qui n’est pas le monopole des Nazis. Donc soyons aux aguets. Gardons les bras ouverts dans la limite de ce qu’ils peuvent accueillir (cf Biutiful). Et apprenons à ne rien attendre en retour. Si nous ne voulons pas finir dans les flammes de l’enfer.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.


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