THE WATERMELON WOMAN

THE WATERMELON WOMAN

Cheryl Dunye, 1996

LE COMMENTAIRE

Quand les acteurs ou les actrices reçoivent une récompense, ils ou elles remercient toujours les autres. Il en est de même en entreprise. Les patron·nes ont toujours un mot pour leurs équipes, même certain·es n’en pensent rien. Malgré tout, aucun·e capitaine ne se retrouve seul·e sur le devant de la scène. La règle voudrait que l’on se mette toujours en retrait.

LE PITCH

Un projet documentaire fait étrangement écho à la vie de sa réalisatrice.

LE RÉSUMÉ

Cheryl (Cheryl Dunye) est employée dans un videostore (cf Clerks), avec sa collègue Tamara (Valarie Walker). Toutes les deux sont noires, lesbiennes, et pas vraiment en phase avec les images que relaient Hollywood (cf Brainwashed).

I can barely stand the stuff that Hollywood puts out now, let alone, that nigger mammy shit from the 30s.

Cheryl veut faire un documentaire sur ces actrices noires du passé, qui n’étaient jamais créditées.

The problem is I don’t know what I want to make a film on. I know it has to be about black women; because, our stories have never been told. 

Après avoir visionné le film Plantation Memories, Cheryl tient son sujet : retrouver l’identité d’une mystérieuse Watermelon Woman (cf Sugar Man).

Her name: ‘The Watermelon Woman’. (…) Is ‘Watermelon’ Woman her first name? Her last name? Or is it her whole name? I don’t know; but, girlfriend has it goin’on!

Parallèlement, Cheryl fait la rencontre de Diana (Guinevere Turner).

I’ve never done anything like this before. The hip swinging lesbian style isn’t my forte.

Tamara ne cache pas sa jalousie.

All I see is once again you are going out with a white girl, acting like she wants to be black, and you are bein’ a black girl acting like she wanna be white. I mean, what’s up wit chu, Cheryl? You don’t like the color of your skin nowadays?

Les recherches de Cheryl la conduisent à Philadelphie où Shirley Hamilton (Ira Jeffries) révèle le véritable nom de l’actrice.

‘Watermelon Woman’? I don’t know where you got that mess from. Probably from when she was makin’ those movies. But, her name was Fae Richards.

L’actrice Fae Richards (Lisa Marie Bronson) était également chanteuse.

When Fae would sing, oh boy, she was beautiful, like poetry.

Fae était apparemment en couple avec la réalisatrice blanche Martha Page (Alexandra Juhasz).

Can you believe it? Fae’s a sapphic sister. A bull-dagger. A lesbian!

Camille Paglia (Camille Paglia) tient à modérer les propos selon lesquels les actrices noires de l’époque contribuaient à véhiculer des clichés racistes. La critique se réapproprie même tous ces codes, au nom de ses racines italiennes (cf Green Book).

I really am distressed with a lot of the tone of recent African-American scholarship. It tries to say about the Mammy that her large figure is desexualizing, degrading, dehumanizing. And this seems to me, so utterly wrong. (…) The presence of the Mammy in the kitchen, seems to me, has been misinterpreted. (…) My Italian Grandmothers, never left the kitchen. (…) The watermelon, seems to me, another image that has been misinterpreted by a lot of black commentary. (…) After all, a piece of watermelon has the colors of the Italian flag: red or white or green.

La rencontre avec la soeur de Martha Page (Patricia Ellis) vaut aussi le détour.

The whole thing was quite disturbing. First, she started by describing Fae all wrong. She started talking shit about Fae and all those « coloreds » her sister employed.

Cheryl reçoit une lettre de June Walker (Cheryl Clarke) qui fut la compagne de Fae pendant vingt ans. Elle tient à ce que la vérité soit respectée : Fae n’eut pas de relation avec Martha Page. Par contre, elle fut certainement une pionnière pour sa communauté (cf Simone).

She did so much. That’s what you have to speak about. She paved the way for kids like you to run around making movies about the past and how we lived then. Please, Cheryl, make our history before we are all dead and gone. But, if you are really in the family, you better understand that our family will always only have each other.

Cheryl se sépare de Diana et se brouille avec Tamara. Mais elle finit son projet pour rendre hommage à Fae.

Sometimes you have to create your own history. The Watermelon Woman is fiction.

L’EXPLICATION

The Watermelon Woman, c’est finalement trouver qui l’on est (cf Les Évadés).

Les Grecs répétaient qu’il fallait se connaître soi-même. Facile à dire. Quand on fait partie d’une minorité au sein de la minorité d’une minorité, on a pratiquement l’impression d’être transparent·e.

C’est le cas de Cheryl qui est une femme, noire et lesbienne. Elle cumule les mandats pour ainsi dire. Quand elle se promène dans la rue, les autorités l’arrêtent et se chargent bien de lui rappeler son statut.

I’m not a boy!

Well, you look like one, little crackhead.

Comment Cheryl peut-elle faire pour exister ? Tout d’abord : ne pas rester muet·te.

I wasn’t going to be quiet!

Cheryl a besoin de raconter son histoire.

Ce n’est pas suffisant car il faut trouver une manière de rendre ce récit intéressant. Car jusque là, personne ne s’intéresse à Cheryl la célibataire endurcie.

Alors Cheryl va se raconter par l’intermédiaire d’un documentaire fictionnel, et le récit de Fae Richards – une femme à son image.

I’m gonna be the one who says: I am a black lesbian filmmaker, who’s just beginning; but, I’m going to say a lot more and have a lot more work to do.

Le choix de Fae n’est pas un hasard. Elle est un symbole dans lequel Cheryl se retrouve.

What she means to *me* – a 25 year old black woman, means something else. It means hope, it means inspiration, it means possibility, it means history!

Comme Fae, Cheryl a dû batailler ferme pour se faire un nom dans son industrie, et sortir de l’anonymat.

She really worked hard to become the film star she wanted to be. 

En tant que femme noire lesbienne, elle a dû dépasser chaque cliché pour réussir à se réapproprier son histoire. Cheryl va devoir traverser les mêmes épreuves entre les réflexions désobligeantes de son manager au videostore, la jalousie de Tamara ou le racisme larvé de Diana. Tout comme Fae, la réalisatrice doit se détacher de tout cela pour revendiquer sa propre identité.

Grâce à Fae, Cheryl peut s’inscrire dans une histoire plus grande que la sienne, qui lui permet de devenir universelle et d’inspirer d’autres personnes comme elle.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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