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APOCALYPTO

APOCALYPTO

Mel Gibson, 2006

LE COMMENTAIRE

On peut déceler les prémices de la chute d’une civilisation à plusieurs indices: une catastrophe naturelle (cf San Andreas), une crise économique (cf Inside job), la montée du populisme, un virus (cf Contagion)… Et une fois que cette civilisation a disparu, on ne peut que constater les dégâts. Prenons l’exemple de la civilisation Maya : 1) Son nom évoque un personnage de bande dessinée 2) Ses monuments sont visités par des touristes avec des selfie-sticks. 3) Sa légende est racontée par Eva Longoria pour le compte d’une marque de glaces au chocolat.

LE PITCH

Un homme court pour échapper à son destin.

LE RÉSUMÉ

Les chasseurs de Patte de Jaguar (Rudy Youngblood) croisent sur leur route des rescapés d’une tribu voisine encore sous le choc, sauvagement attaqués par des guerriers. De retour au village, le père de Patte de Jaguar le met en garde.

Those people in the forest, what did you see on them?

I do not understand.

Fear. Deep rotting fear. They were infected by it. Did you see? Fear is a sickness. It will crawl into the soul of anyone who engages it. It has tainted your peace already. I did not raise you to see you live with fear. Strike it from your heart. Do not bring it into our village.

Car un peu comme les Normands dans Astérix, ces Mayas ne connaissent pas la peur. Le père de Patte de Jaguar ne veut pas que ça commence sous prétexte qu’ils viennent de croiser une bande de bras cassés.

Le village va pourtant voir la trouille les yeux dans les yeux le lendemain matin, attaqué par les hommes de Zéro Loup (Raoul Trujillo). Les tentes sont brûlées, les femmes violées et les hommes faits prisonniers, dont Patte de Jaguar qui a vu son père se faire assassiner sous ses yeux. Sept (Dalia Hernandez), la femme de Patte de Jaguar, enceinte jusqu’aux dents a réussi à se cacher au fond d’un puits avec son fils. Si personne ne leur vient en aide rapidement, ils y mourront cependant.

Les hommes sont conduits vers la cité locale où il vont servir pour le sacrifice. Patte de Jaguar est miraculeusement sauvé par une éclipse du soleil. Superstitieux, le Roi lui accorde la vie sauve et le laisse à la disposition des guerriers. Patte de Jaguar devient une proie pour Zéro Loup et ses hommes qui s’entraînent à la chasse.

Patte de Jaguar parvient à s’échapper. Bien que blessé, il a l’avantage de connaître la forêt. Il parvient à éliminer ses assaillants un par un mais finit par se faire coincer sur la plage. Les guerriers le laissent cependant fuir à nouveau, leur attention étant captivée par deux navires de conquistadors au large.

Patte de Jaguar rejoint le village pour sauver sa femme et son fils. Sept, intriguée par les conquistadors, s’interroge sur ce qu’ils doivent faire. Patte de Jaguar préfère retourner dans la forêt.

We must go to the forest. To seek a new beginning.

L’EXPLICATION

Apocalypto, c’est la fin qui commence.

La source de l’extinction d’une civilisation vient de l’intérieur.

‘A great civilization is not conquered from without until it has destroyed itself from within.’
W. Durant

Certes il existe des facteurs exogènes qui peuvent provoquer la fin d’un monde. Reconnaissons aux dinosaures leur manque cruel de chance. En ce qui concerne la civilisation Maya, c’est uniquement de sa faute. Le ver était à l’intérieur du fruit. Elle s’est perdue en route, trop sûre de son fait, étourdie par trop d’excès et ivre du sang de ses sacrifices. Surtout elle a pris goût à la violence (cf A history of violence) et s’est auto-mutilée. Les guerriers de la ville ont décimé les villages alentours pour leur plaisir, sans raison, les empêchant de voir d’où venait la vraie menace.

On pourrait arguer que les Mayas étaient élitistes et qu’ils faisaient la sélection par l’arrière comme on dit en cyclisme. Ceux qui n’étaient pas assez forts pour faire face aux exigences de la société furent exécutés. Les Mayas se sont donc mordus la queue avant même que les Espagnols ne leur portent l’estocade.

Le destin de chacun reste entre ses mains. Si on gagne, c’est parce qu’on le voulait plus fort que l’adversaire. Si on perd, c’est qu’on n’a pas fait ce qu’il fallait. Ce ne sont jamais les autres qui gagnent, ce sont nous qui perdons. C’est ainsi que s’est joué la finale de l’Euro 2016, ou la finale du Mondial 2018. En tout cas, ce serait faire une grossière erreur que de penser que Mayas, Incas, Aztèques… c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Rien à voir. Il serait stupide de croire que les Mexicains ne sont foncièrement bons qu’à servir des tacos aux gringos.

Avec de la distance, on pense que notre civilisation occidentale ne risque rien parce qu’elle est forte. Le danger est déjà là. On regarde les gratte-ciels de La Défense grimper vers le ciel, persuadé qu’elles sont le symbole d’une société florissante qui durera 1.000 ans – comme Hitler et son Reich. On se croit à l’abri. Plein de certitudes. Nous sommes pourtant tous concernés. C’est ce qui nous guette. Rien n’est éternel (cf Into Eternity). Même pas les diamants (cf Blood Diamond). À en croire Joseph Tainter, ça nous pend même au nez. L’ambition des hommes finit par leur jouer des tours.

I saw a hole in the Man, deep like a hunger he will never fill. It is what makes him sad and what makes him want. He will go on taking and taking, until one day the World will say, ‘I am no more and I have nothing left to give.’

Tout cela finit par se traduire par des débordements de violence qu’ils ne faut d’ailleurs pas redouter. En effet, la violence va nous frapper quoi qu’il arrive. Il faut s’y préparer. Le courage c’est de ne pas fuir. Même si à un moment il faut être assez malin pour partir loin des navires conquistadors. Dans ce cas là, il ne s’agit pas de lâcheté. Plutôt d’intelligence. Sachons rester lucides. Courage fuyons.

Regardons plutôt autour de nous. Observons le réchauffement climatique, les attentats et les réactions post-attentats, le Brexit. Voyons les bateaux de Le Pen et Mélenchon arriver. Et retournons au plus vite dans la forêt!

Cette explication de film n’engage que son auteur.


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