SAN ANDREAS

SAN ANDREAS

Brad Peyton, 2015

LE COMMENTAIRE

Nous devenons des habitué·es des catastrophes et c’est tant mieux car l’avenir nous en réserve de plus en plus (cf The Impossible). Les crises proposent sans cesse un nouveau visage, ce qui les rend impossibles à anticiper. Si l’on sait désormais qu’un bateau de croisière a besoin d’un nombre adéquat de canots de sauvetage, personne n’est encore prêt à ce que le Titanic nous tombe sur la tête.

LE PITCH

Un vaillant pompier de Los Angeles tente de secourir sa femme et sa fille.

LE RÉSUMÉ

Le professeur Lawrence Hays (Paul Giamatti) a mis au point un système prédictif de tremblements de terre qui lui permet d’affirmer que le Big One n’est plus qu’une question de jours. Il ne croit pas si bien dire car il se fait surprendre lui-même par un séisme, partant du Nevada pour frapper San Francisco via Los Angeles.

Pendant ce temps, Ray (Dwayne Johnson), pompier de LA, est lui aussi victime d’un tremblement de terre à une échelle plus personnelle : sa femme Emma (Carla Gugino) a préféré se mettre en couple avec Ian Riddick (Ioan Gruffudd), patron milliardaire d’un consortium immobilier. Choix du coeur, sans doute.

Ray n’a pas le temps de s’apitoyer sur son divorce qu’il est appelé à la rescousse. Pas rancunier, il fonce d’abord à Los Angeles plutôt que dans le Nevada pour venir en aide à son ex-femme Emma qui se trouve prisonnière d’une tour prête à s’écrouler.

Puis il enchaîne avec San Francisco où leur fille Blake (Alexandra Daddario), lâchement abandonnée par Riddick, se trouve à la merci du tsunami qui menace la baie.

Après de nombreuses péripéties, la petite famille se retrouve à nouveau. Mieux, la famille s’aggrandit car Blake a récupéré un petit ami dans les décombres en la personne de Ben (Hugo Johnstone-Burt).

Tandis que la côte Ouest est coupée en deux (cf L’âme divisée de l’Amérique).

San-Andreas-film-catastrophe-de-2015

L’EXPLICATION

San Andreas, c’est une sacrée secousse.

La Californie est très américaine au sens où tout y est gros : de gros tremblements de terre, de gros biceps comme ceux de Ray, de gros imbéciles comme Riddick, de gros seins comme ceux de Blake et surtout de grosses ficelles.

L’Amérique aime les récits classiques avec des gendarmes dans un monde où tout s’écroule (cf Independence Day, La Chute de Londres). Car le monde est bien sur le point de s’écrouler.

En effet, la faille de San Andreas rappelle l’inéluctable à travers la prédiction du professe Hays :

It’s not a matter of if, it’s a matter of when.

Nous sommes donc tous avertis : cela va secouer. Tout comme pour le réchauffement climatique, cela va chauffer. Certain·es se réjouissent du fait que les hivers soient plus chauds. Les patron·nes de station de sport d’hiver oubliées par la neige se veulent rassurant·es (cf Les bronzés font du ski).

Mais personne ne panique car nous croyons dans les happy ending. Et nous savons que Zorro va arriver, d’après la prophétie d’Henri Salvador.

Quand la tragédie arrive, car elle finit toujours par arriver selon la loi de Murphy (cf Interstellar), il est pratique de pouvoir compter sur Superman, peu importe si celui-ci porte un casque de pompier plutôt qu’une cape. Puisque dans de telles circonstances il est certainement préférable d’être avec un pompier qu’avec un pompiste (cf Tchao Pantin).

Il s’agit là de la réhabilitation du gros costaud qui sauve les chats coincés dans les arbres, ou les filles au fond d’une falaise. Ces dernières années, le héros était devenu un peu taiseux, plus cérébral et définitivement plus compliqué à cerner. La faille de San Andreas réclame qu’on en revienne aux méthodes traditionnelles faites de héros, qui ne réfléchissent pas beaucoup mais qui compensent par leur générosité (cf Daylight).

Un pompier vaut donc mieux que deux architectes. Riddick a beau être riche, il n’est pas courageux pour un rond. Il va chercher du secours pour Blake puis quand il prend la mesure du sinistre, il n’hésite pas à l’abandonner et ne pense plus qu’à sauver ses propres intérêts.

Les hommes, comme les loups, sont des solitaires (cf Mad Max). Tels des rois lions, ils peuvent aussi être égoïstes. Rappelons quand même que Ray dont le boulot était d’aller sauver des vies dans le Nevada, a préféré la jouer perso en allant sauver sa petite famille. Dire qu’on croyait que les pompiers ne faisaient pas de clientélisme… (cf Backdraft).

Le couple est également secoué mais se réconcilie, toujours grâce à l’obstination d’un homme. C’est parce que Ray s’accroche et qu’il fait preuve de courage pour braver tous les dangers qu’il regagne le cœur de Emma dont on se demande encore comment elle a pu plaquer son molosse pour un tocard comme Riddick.

La possibilité de mourir va permettre à Emma et Ray de réaliser que leur amour éprouvé par les aléas de la vie est pourtant bien plus solide qu’il n’y parait. Et qu’il ne mérite pas qu’Emma demande le divorce (cf Marriage story).

Face à ce monde détruit par la secousse, ils sont donc à nouveau ensemble, plus forts que jamais.

Et maintenant quoi ?

Now, we rebuild.

Au travail (cf Moonfall)!

Dans ce San Francisco à reconstruire, désormais soulagé des problèmes de trafic urbain et où le prix de l’immobilier va enfin pouvoir redevenir raisonnable, on serait presque tenté de regretter Riddick dont le boulot était quand même d’imaginer des immeubles.

Erreur! Tout ira bien tant qu’on aura des combattants féroces qui résistent sans cesse et restent debout, héroïquement même dans la tempête.

La catastrophe de San Andreas nous montre que le courage est tout ce qui compte, bien au delà du profit. Être ensemble, en vie. Pas besoin de villa avec piscine à partir du moment où l’on a quelques pansements.

Cet épisode devrait également nous conduire à secouer nos principes ancestraux. Deux ou trois astuces peuvent être retenues de ce cataclysme de façon à être moins pris·es au dépourvu le jour où nous serons nous-mêmes confronté·es à une catastrophe similaire (cf The Road).

S’il n’est pas donné à tout le monde de rider les raz-de-marée, sachons au moins nous mettre à l’abri convenablement sous une table.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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