ROCK
Michael Bay, 1996
LE COMMENTAIRE
La ponctuation compte. Savoir mettre un point final à un roman, pour finir en beauté. Faire comprendre à son public que le concert est bel et bien terminé et que tout le monde va pouvoir rentrer chez soi. Clôturer le bal. Éteindre la lumière. Transmettre l’information qu’il est désormais possible de passer à autre chose.
LE PITCH
Un général de l’armée Américaine menace la baie de San Francisco.
LE RÉSUMÉ
Le Général Hummel (Ed Harris) en a gros sur la patate. Avant de rendre des comptes à l’administration, il passe rendre hommage une dernière fois à sa défunte femme.
There’s something I’ve gotta do, Barb. Something I couldn’t do while you were here. I tried. You know I tried everything, and I still don’t have their attention. Let’s hope this elevates their thinking. But whatever happens, please don’t think less of me.
Il contacte ensuite l’état major pour poser ses conditions. L’état Américain doit payer des dommages et intérêts aux familles des victimes de la guerre.
Remember Operation Desert Storm? (…) It was my men on the ground that made those hits possible by lazing the targets. (…) No benefits were paid to their families. No medals conferred. These men died for their country and they weren’t even given a goddamn military burial. This situation is unacceptable. (…) One million dollars will be paid to each of the eighty-three marines’ families. (…) Do I make myself clear?
Évidemment, sa requête est écartée. Alors Hummel durcit le jeu. Avec une bande de mercenaires, il s’empare d’Alcatraz et menace de tirer des missiles chargés de gaz neurotoxiques sur la ville si les fonds ne lui sont pas virés.
Deux hommes providentiels sont envoyés sur place. L’agent du FBI Stanley Goodspeed (Nicolas Cage), expert en armes chimiques, accompagné d’un ancien espion du MI6, John Patrick Mason (Sean Connery) détenu dans les prisons américaines pour possession de secrets compromettants.
This man knows our most intimate secrets from the last half century! The alien landing at Roswell, the truth behind the J.F.K. assassination. Mason’s angry, he’s lethal, he’s a trained killer… and he is the only hope that we have got.
Il est aussi le seul homme à s’être échappé de la fameuse prison.
Le directeur du FBI James Womack (John Spencer) ne cède pas à la requête de Hummel qui est sur le point de baisser les armes.
I’m not about to kill 80,000 innocent people! Do you think I’m out of my fucking mind? We bluffed, they called it. The mission is over.
Le Capitaine Darrow (Tony Todd) et le Capitaine Frye (Gregory Sporleder) reprennent les commandes et veulent executer leurs plans. Ils sont finalement neutralisés. Goodspeed désamorce les missiles et feint la mort de Mason pour lui rendre sa liberté. Après plus de trente ans de détention, celui qui n’existe pas va vraiment pouvoir disparaître.
L’EXPLICATION
Rock, c’est la voie de la liberté.
Les hommes n’aspirent véritablement qu’à une chose : être autonomes. À un moment de leur vie, ils doivent saisir l’opportunité de ne plus jouer le children’s game (cf Le Stratège). La liberté s’acquiert. Ces hommes doivent aller au devant d’elle (cf Mad Max).
Hummel a fait le choix de rejoindre une corporation au sein de laquelle il a trouvé une façon d’exister. Il n’y joue néanmoins qu’un rôle de pion (cf Un crime dans la tête). Bien qu’il soit monté en grade, ce Général n’en reste pas moins un exécutant agissant sur les ordres du politique.
Lassé d’envoyer ses hommes à l’abattoir sans compensation pour leurs familles. , Hummel s’offre un dernier baroud d’honneur – pour la forme. Dégoûté par trop de mensonges, il cherche à marquer les esprits.
The men of marine force recon are selected to carry out illegal operations throughout the world. When they don’t come home, their families are told fairy tales about what happened to them… and denied compensation. Well, I have choked on these lies my entire career. Well here and now the lies stop!
Au plus profond de lui, il est conscient que cette tentative est vouée à l’échec. Mais il veut pouvoir partir la conscience tranquille, c’est d’ailleurs en ce sens qu’il fait ses adieux à sa femme. En homme d’honneur, il se bat au nom de valeurs qui lui sont chères, comme la justice.
This isn’t about terrorism, it’s about justice. It’s about reminding you people of something you find politically convenient to forget.
Il meurt dignement, en homme libre.
Dans sa vie d’espion, Mason a eu l’occasion de voler des documents secrets. Convaincus que ces pièces pourraient lui de ne dépendre de personne. Malheureusement, il s’est fait kidnapper par la justice américaine qui l’a réduit au silence. En prison, le Britannique n’existe plus. Malgré tout, il a continué de nourrir l’espoir de trouver une porte de sortie un jour – porté par son désir de liberté.
How’d you do it?
Nurtured the hope that there was hope. That one day I’d breathe free air. Perhaps meet my daughter. Modest hopes, but they kept a man alive.
Mason va pouvoir enfin profiter du temps qu’il lui reste à vivre.
Quant à Goodspeed, il est un homme à qui on ne dit rien de ce qui se passe, tout simplement car on ne juge pas qu’il soit bon pour lui d’être au courant des tenants et aboutissants. Peut-être se mettrait-il à réfléchir avant de désamorcer les menaces terroristes? Il est tenu dans le secret, et c’est très bien comme ça.
You’re on a need-to-know basis, and you don’t need to know.
Goodspeed est un homme à la recherche de sens au mauvais endroit. Sa quête de vie le pousse à tromper la mort. Il n’hésite pas à prendre tous les risques, au contact de gaz mortels, pour mieux sentir son coeur battre. D’une certaine manière, il est lui aussi prisonnier du danger.
Sa femme Carla (Vanessa Marcil) est enceinte de trois semaines. Voilà un nouveau challenge à la hauteur de ses ambitions. Après avoir fui ses responsabilités trop d’années, Goodspeed va pouvoir trouver la liberté dans les liens sacrés du mariage – et les couches-culottes.