THE REDEEM TEAM

THE REDEEM TEAM

Jon Weinbach, 2022

LE COMMENTAIRE

On attend d’une équipe qu’elle gagne, mais aussi qu’elle perde pour mieux gagner à nouveau. Sans parler du beau jeu. Car le plus important c’est les trois points n’est tout simplement pas vrai. Le plus important, c’est le spectacle. L’art et la manière. Seulement à ce prix peut-on dire que l’équipe a fait le boulot.

LE PITCH

Une équipe part à la reconquête de son honneur.

LE RÉSUMÉ

Les États-Unis ont dominé le basketball mondial de la tête et des épaules pendant de longues années. Un sentiment de suffisance a conduit le pays à n’envoyer que ses seconds couteaux ou ses jeunes loups lors de compétitions internationales. Histoire de se faire la main contre les tocards.

Jeux Olympiques de Munich 1972. Guerre froide. Les États-Unis n’ont jamais perdu un match. Ils affrontent en finale l’Union Soviétique. Au terme d’un match polémique, l’URSS l’emporte d’un tout petit point qui fait tâche outre-Atlantique.

Just because we’re Americans, we’re better. You know, if you were from Europe or Southern America, well you couldn’t be as good because you weren’t American. And that wasn’t true.

Séoul 1988. La guerre est encore froide. Les États-Unis affrontent l’URSS en demi-finales. Les Soviétiques avec leurs moustaches et leurs mulets se démènent comme des beaux diables pour déjouer les pronostics. 82-76. L’affront de trop.

En 1992, le mur de Berlin est tombé. Ce n’est pas une raison. Les États-Unis envoient l’artillerie lourde à Barcelone : Michael Jordan, Magic Johnson, Larry Bird, Patrick Ewing, David Robinson, Charles Barkley, Scottie Pippen, Clyde Drexler, Karl Malone, John Stockton… ne manquait peut-être que Dominic Wilkins. La dream team remet les pendules à l’heure. Tout le monde a compris : les Etats-Unis sont bien les plus forts.

Mais le niveau a monté. Des cohortes de joueurs venant d’Europe et d’Amérique du Sud rejoignent la prestigieuse NBA. Pas que pour y faire de la figuration (cf Tony Parker : the final shot).

There was a lot of beauty in the fact that we have lost because it means that the game is growing so much, and that there are so many countries playing out there and playing at a higher level.

La preuve en 2004 en Grèce. Les Americains emmenés par LeBron James, Tim Duncan, Allen Iverson, Carmelo Anthony et Dwayne Wayde perdent d’abord contre Porto Rico puis s’inclinent en demi-finales face aux Argentins de Ginobili – joueur des San Antonio Spurs. La honte. Au point que les médias raillent leur propre équipe.

Mike Krzyzewski est appelé à la rescousse pour remettre de l’ordre dans la maison. LeBron James, Carmelo Anthony, Dwayne Wayde remettent les couverts mais chutent à nouveau en demi-finales – cette fois-ci contre la Grèce. On commence à douter sérieusement. L’hégémonie Américaine serait-elle terminée ?

Jeux Olympiques de Pékin 2008. Impossible que les États-Unis reviennent de Chine sans l’or. Coach K ajoute Kobe Bryant à l’effectif. Black Mamba réputé individualiste rejoint l’équipe avec un état d’esprit irréprochable. Chacun à sa place.

It can be all stars, but they have to fit roles.

Kobe s’entraine dur et joue physique. Il ne suffit plus de dire qu’on ne prend plus les autres de haut, il faut aller au charbon.

We had to learn a different game.

Les autres se mettent au diapason.

This is a working relationship.

Premier match. La redeem team joue contre l’Espagne. 8min à peine et Kobe Bryant rentre dans le lard de Pau Gasol – pourtant son coéquipier à Los Angeles. Le ton est donné.

Les matchs s’enchaînent, les Américains se baladent jusqu’en finale où se dresse à nouveau l’Espagne. Cette fois le match est plus serré. Les Espagnols ne se laissent jamais distancer. La redeem team finit par faire le break dans les toutes dernières minutes d’un match époustouflant.

You have to love those games.

Cette médaille vaut bien plus que de l’or.

L’EXPLICATION

The Redeem Team, c’est faire les choses en grand.

Il est injuste d’affirmer que la France est un pays de sport qui ne sait pas gagner. Des champion·nes, on en a plein!

Cependant, il est vrai que pendant longtemps, les Français ont porté le surnom de beautiful losers. Des footballeurs capables de rater leur avion pour la Coupe du Monde à la dernière seconde, la faute à un modeste Bulgare. Une porte d’Auteuil qui s’ennuie ferme depuis Yannick Noah. Un french flair enchante, sans être assez pour gagner une coupe du monde de rugby. En deux mots : Raymond Poulidor.

C’est parce que la France est connue pour être capable du meilleur quand elle est outsider, comme du pire quand elle est favorite.

Les États-Unis à l’inverse ne savent pas être discrets. Il n’y a rien qu’ils détestent autant que de ne pas faire de bruit. La victoire de plus de 25pts en 1996 contre la Yougoslavie avec une dream team bis ? Personne ne s’en rappelle.

On pense à tort que les États-Unis ne savent faire que gagner. C’est faux. Ils savent aussi perdre, avec la manière. Quand l’équipe se fait sortir, cela doit nécessairement être fracassant. De même, les victoires ne sont belles que lorsqu’elles résonnent fort. Il faut gagner de manière symbolique.

Les États-Unis impérialistes boulimiques se lassent vite de tout, y compris d’eux-mêmes. Ils ont besoin de se mettre en danger pour mieux se réinventer. Sentir les flammes brûler pour renaître de leurs cendres avant l’heure. Sentir les frissons.

Rois du storytelling, les États-Unis aiment l’idée d’écrire l’histoire d’une façon grandiose. Ainsi une défaite est intéressante car elle fait exception. La seconde défaite pose problème car elle installe une forme de routine. Il en faut alors une autre pour montrer que la situation mérite d’être retournée.

Donner une étiquette à cette équipe pour qu’on en ait quelque chose à faire, si possible avec un petit clin d’oeil moral.

A shot of redemption.

Remettre le traumatisme de 1972 sur la table. Profiter de l’adrénaline qui monte. Donner l’occasion que les grands joueurs attendent pour répondre présents.

They were built and ready for that moment.

Quand Ginobili sort sur blessure, l’équipe se relâche. Elle se met à ronronner. Les joueurs s’éteignent. Il faut une menace en permanence. Une Corée du Nord. Un terroriste.

Une forme de tension pour nous tenir en haleine. La vie dans l’excès.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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