JALOUSE

JALOUSE

Stéphane Foenkinos, David Foenkinos, 2017

LE COMMENTAIRE

La Reine se regarde dans le miroir pour se rassurer sur sa beauté (cf Blanche Neige). Elle a besoin qu’on lui dise qu’elle est la plus belle pour aller danser. Jusqu’à ce qu’un jour, son cauchemar se fasse chair. Une femme à la beauté plus jeune qui va la remplacer. La Reine déteste sa nouvelle rivale, sans pouvoir s’empêcher de la détester.

LE PITCH

Une femme est mal dans sa vie.

LE RÉSUMÉ

Nathalie Pêcheux (Karin Viard) fête les dix huit ans de sa fille Mathilde (Dara Tombroff). Elle a l’impression de faner. En plus, son ex-mari Jean-Pierre (Thibault de Montalembert) s’est invité à la fête avec sa petite amie Isabelle (Marie-Julie Baup). Nathalie est amère.

Tout le monde m’a dit à quel point ma fille était merveilleuse. Et moi, rien. J’suis encore pas mal non. En plus, je suis pas con. J’ai quand même fait normal sup merde!

Remise en question dans son lycée avec l’arrivée de Mélanie (Anaïs Demoustier), une jeune enseignante pleine d’envie, Nathalie commence à perdre le fil. Elle se ferme avec sa fille.

C’est pas parce que tu as dix huit ans que tu peux faire ce que tu veux hein.

Tout comme elle se ferme avec sa collègue.

C’est pas parce que vous avez vingt huit ans que vous pouvez tout vous permettre.

Elle s’accroche néanmoins. Son amie Sophie (Anne Dorval) lui présente Sébastien (Bruno Todeschini), un homme divorcé qui semble s’intéresser à elle.

Tu m’invites à prendre un dernier verre.

Nathalie coince toujours. Elle fait d’abord preuve de maladresse avec Sébastien.

C’est épuisant ces premiers rendez-vous. Il faut paraitre détendu, sympa, drôle, ouvert.

Tout ce qu’on n’est pas.

Alors qu’en fait on est glauque, déprimés, au bout du rouleau.

Elle fait annuler les vacances de son ex-mari aux Maldives. Puis elle empoisonne sa fille pour qu’elle ne puisse pas réussir une audition le lendemain (cf Black Swan)! Nathalie s’enfonce.

Tu es une malade, tu dois te faire soigner!

Ni la psy, ni le yoga lui sont d’une grande aide. C’est à la piscine qu’elle sort la tête de l’eau, en faisant la rencontre de Monique Mougins (Thérèse Roussel). Nathalie parle (cf Three Billboards).

Je suis pas bien depuis longtemps déjà. (…) Tout me semble tellement difficile.

La mort subite de Monique précipite les choses. Plus de temps à perdre. Elle invite Sébastien à l’enterrement. Puis elle couche avec lui, sans faire de drame quand elle apprend qu’il doit partir au Japon pour un an. Pas grave. Elle retourne au lycée et fait la paix avec Mélanie.

Mathilde rate finalement son audition. Nathalie rentre dans le lard du jury.

Comment je peux me calmer devant une telle bande d’incapables!

Pas grave non plus. Mathilde voulait arrêter la danse. Touchée par l’intervention de sa mère, Mathilde retourne vivre chez Nathalie.

Un soir qu’elle croise son voisin de palier, fraichement célibataire, Nathalie discute du couple et de la jalousie dont elle pense s’être libérée.

Vous êtes jalouse ?

Jalouse ? Moi ? Non, je crois pas.

L’EXPLICATION

Jalouse, c’est mal vieillir.

Avec le temps va, tout ne s’en va pas forcément. Ce n’est pas vrai. Mais avec le temps, plus personne ne se supporte – surtout les couples.

Tu vois l’humour de ma femme, tu comprends pourquoi je me réfugie dans le boulot ?

L’âge est effectivement un processus pénible à l’individu dans la mesure où il lui fait perdre sa fraicheur et le rapproche de l’inexorable : un jour ou l’autre, le jeu va s’arrêter. Plus le jeu est plaisant, et plus l’idée qu’il puisse s’arrêter, sans partie bonus, est tout simplement insupportable. Pourtant, on le sait tous.

Ça n’arrive pas du jour au lendemain.

Nathalie souffre de cette réalité (cf Gloria Bell). Les années passant, sa vie lui donne l’impression de lui filer entre les doigts. Tout s’efface doucement. Elle n’est plus dans le coup.

Vous auriez pu m’en parler d’abord.

Son mari est parti pour quelqu’un de plus jeune. Sa fille lui vole la vedette. Une nouvelle enseignante ambitieuse lui fait de l’ombre jusque dans son lycée.

Ne lui reste plus que de la frustration.

Et ben tu t’emmerdes pas. Enfin ta nouvelle vie ne me regarde pas. Moi tu m’emmenais à Dijon chez tes parents…

Bien que nous vivions tous la même situation, Nathalie se sent désemparée. Seule dans sa misère.

C’est plus une période là, c’est ma vie.

Sophie prend les choses comme elle le peut avec son mari (Xavier de Guillebon). Ils acceptent implicitement les tromperies. Le bateau prend l’eau mais il flotte encore.

Tandis que Mathilde refuse d’être confrontée à ce qui l’attend plus tard. Elle aimerait profiter de sa jeunesse, ce qui est bien légitime. Donc elle se protège de l’agressivité de sa mère en la lui renvoyant en pleine face.

C’est pas ma faute si tu as une vie de merde.

Nathalie souffre parce qu’elle lutte contre la mort, et qu’elle perd. Quand on nage à contre-courant, on se bat contre les éléments en se comparant à tout le monde. Dans sa condition, les autres lui semblent tous être plus heureux. Nathalie se réfugie derrière son statut de victime. La jalousie lui donne toutes les excuses.

Le décès de Monique Mougins lui permet d’ouvrir les yeux (cf Kennedy et Moi). À quoi cela lui sert de se plaindre de son vivant sinon à attirer l’attention à elle ? Une attention dont elle pourrait essayer de s’affranchir.

Quand elle accepte que la mort peut frapper à l’improviste, et que se battre pour l’attention des autres lui pourrit la vie, tout change soudainement. Nathalie accepte que Mélanie puisse arriver dans son école avec des idées nouvelles. Elle fait de la place aux autres.

En fait on est pareilles toutes les deux. Je suis sûre que vous étiez comme moi à mon âge. Essayez de vous souvenir.

Nathalie lâche la grappe de son ex-mari. Qu’il vive sa vie et parte en vacances aux Maldives si cela lui chante.

Nathalie peut se taper Sébastien si cela l’amuse, sans se soucier de savoir si elle le reverra un jour ni l’accuser d’être un connard (cf Mon Roi).

Elle dit ses quatre vérités au jury, en lieu et place de sa fille. Ras le bol de l’attention des autres.

Ainsi elle peut se libérer de sa jalousie maladive, retrouver le sourire et faire disparaitre ses ridules. Quand elle affirme ne pas être jalouse, elle bascule dans une forme d’hypocrisie. Facile à dire à son voisin qu’on n’est pas jalouse quand on a toute son attention.

En tout cas, cette hypocrisie lui va certainement mieux au teint.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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