DANGEREUSEMENT VÔTRE
John Glen, 1985
LE COMMENTAIRE
Après tant d’années marquées par le patriarcat et la discrimination, beaucoup d’hommes croyaient que leur droit d’exiger tout et n’importe quoi de la part des femmes serait éternel : lessive, ménage, massage de pieds… à volonté! Et puis quoi encore? Ces hommes aujourd’hui sont doivent essuyer les coups.
LE PITCH
L’agent 007 tente d’empêcher un psychopathe de raser la Sillicon Valley.
LE RÉSUMÉ
Les services secrets de sa Majesté s’intéressent de près à la société Zorin Industries, dont la patron Max Zorin (Christopher Walken) seraient en affaires avec les Soviétiques. Il fabrique des puces électromagnétiques.
James Bond (Roger Moore) mène l’enquête en compagnie de Tibbett (Patrick Macnee). Direction Chantilly et les écuries de Zorin, fan de chevaux. Les deux Anglais découvrent que les pure sangs de Zorin sont dopés. Voilà pourquoi ils remportent toutes les courses. May Day (Grace Jones), la garde du corps de Zorin, s’occupe des deux curieux. Elle règle son compte à Tibbett. Bond s’en sort miraculeusement.
À bord de son dirigeable, Zorin dévoile ses plans à ses investisseurs : détruire la Sillicon Valley, rien que ça, pour s’emparer du marché des puces électroniques.
Gentlemen, for centuries alchemists tried to make gold from base metals. Today, we make microchips from sillicon, which is common sand; but far better than gold. Now, for several years, we had a profitable partnership, you as manufacturers, while I acquired and passed on to you industrial information that made you competitive, successful. We are now in the unique position to form an international cartel to control not only production, but distribution of these microchips. (…) I propose to end the domination of Silicon Valley and leave us in control of that market.
Pour cela, chaque investisseur doit mettre 1 million au pot. Ceux qui ne participent pas sont dégagés sur le champ et sans parachute.
So, anyone else want to drop out?
À San Francisco, Bond découvre que Zorin est le fruit d’expériences menées par un Nazi du nom de Carl Mortner (Willoughby Gray), de son vrai nom Hans Glaub. Sur une plateforme pétrolière appartenant à Zorin, 007 séduit l’agente du KGB Pola Ivanova (Fiona Fullerton) afin d’en savoir plus sur les plans diaboliques du fou furieux.
Détente can be beautiful.
This is no time – to be discussing – politics.
Peine perdue. C’est grâce à Stacey Sutton (Tanya Roberts) que Bond comprend tout. Zorin veut faire exploser la faille de Hayward et celle de San Andreas pour inonder la région. Imparable.
It’s time to flood the fault.
Zorin et Scarpine (Patrick Bauchau), son chef de la sécurité, déposer une bombe dans la mine et laissent Bond en compagnie de May Day, laissés pour morts. Furieuse d’avoir été trahie, May Day se sacrifie pour sauver James Bond. Sympa.
Get Zorin for me!
James Bond s’execute en s’accrochant au dirigeable de Zorin pour l’affronter dans un combat collectif au dessus du Golden Gate. Collectif car l’agent britannique doit également se battre contre Mortner et Scarpine.
Il triomphe comme à son habitude.
Le Général Gogol insiste pour remettre l’ordre de Lenine à 007 mais il est introuvable. Seule Stacey Sutton a réussi à le trouver, comme par hasard. Sous la douche.
Where is he? What’s he doing?
Just cleaning up a few details.
L’EXPLICATION
Dangereusement vôtre, c’est être rusé comme un renard.
Aristophane trouvait que le renard était un animal à la fois intelligent et sournois. Au Moyen-Âge, le Roman de Renart en a remis une couche sur la ruse du goupil. La Fontaine n’a fait qu’enfoncer le clou avec sa fable du corbeau. Le décor est planté.
En l’occurrence, James Bond a absolument tout du renard. C’est précisément ce qui fait sa force d’agent secret. Il sait charmer. À vrai dire, il ne sait quasiment faire que ça. Mais il le fait très bien. Ça marche du tonnerre. Alors pourquoi s’en priver?
Sur la route qui le sépare de son ennemi, Bond a besoin de progresser pas à pas. Personne ne va lui offrir Zorin sur un plateau! Ce n’est pas du tout cuit. Alors il se sert de son enquête pour soudoyer des informations aux femmes qui entourent Zorin. Il place ses pions en quelques sortes.
En finissant dans le lit de May Day, Bond a peut-être sans le savoir placé un pion très important puisque c’est sans doute grâce à la nuit qu’ils ont passé ensemble qu’elle décide de se sacrifier pour lui. Ne l’oublions pas. Sans cette aventure, Bond finissait dans le fond d’une mine. Pas à la hauteur du personnage.
007 charme ensuite Pola Ivanova, ce qui ne l’aide pas véritablement dans son enquête. Mais il n’y a pas de mal à se faire du bien. C’est la philosophie du renard qui vit d’abord pour profiter plutôt que de mettre ses talents uniquement au profit de l’efficacité. Un renard n’est pas un froid calculateur. Il s’amuse aussi un peu à l’occasion.
Après quoi, 007 séduit Stacey Sutton qui lui donnera un accès direct à l’homme qu’il recherche. Pour cette belle récompense, elle aura le droit de partager sa douche avec le bel agent secret. La chance.
Enfin, et parce qu’il n’y a pas que les femmes, James Bond doit également attendrir les chairs de son ennemi en le flattant, avec une ironie que seuls les Anglais peuvent apprécier pleinement.
Brilliant. I’m almost speechless with admiration.
Zorin ne l’est pas. Il va donc logiquement laisser tomber son fromage, baisse la garde, pour tomber à la renverse du haut de son Zeppelin. 007 connaît son métier.
James Bond est rusé comme un renard au sens où il a compris que la vanité est une faiblesse, particulièrement sensible chez les vilains (cf L’Associé du Diable). Et que pour faire chuter ces vilains, la route est pavée de femmes qui n’attendent que de voir ces intouchables (cf Harvey Weinstein) perdre l’équilibre. Bond en profite également pour faire tomber les femmes comme des dominos.
Il est le malicieux qui réussit le tour de force de profiter de ces demoiselles, sans que personne ne demande à être remboursé. On ne porte pas plainte contre James Bond. Chapeau l’artiste. Et merci.