LÉGENDES D’AUTOMNE
Edward Zwick, 1995
LE COMMENTAIRE
On ne se marre jamais vraiment autant qu’entre hommes, encore plus quand on est un homme soi-même. Blagues salaces. Propos racistes. On se provoque. Ça sent bon la testostérone, quand ça ne sent pas le pet. Et ça rigole fort. Avec juste ce qu’il faut de place laissée à la femme si elle souhaite profiter du spectacle.
LE PITCH
Trois frères s’en vont en guerre.
LE RÉSUMÉ
Un Amérindien (Gordon Tootoosis) se souvient de la famille Ludlow…
Le père, William (Anthony Hopkins), quitte l’armée yankee en protestation contre le traitement réservé aux Amérindiens (cf Danse avec les Loups).
I can assure you, gentlemen, there is nothing quite so grotesque as the meeting of a child with a bullet; or an entire village slaughtered while sleeping. That was the Government’s resolution of that particular issue and I have seen nothing in its behavior since then that would persuade me that it has gained either in wisdom, common sense, or humanity.
Il s’installe dans le Montana avec ses fils – vu que sa femme (Christina Pickles) s’est barrée pour la ville.
That spring she didn’t return. And after that she didn’t come much to see us.
Les frères grandissent. Samuel (Henry Thomas) arrive au ranch avec sa fiancée Susannah (Julia Ormond). Son frère aîné Alfred (Aidan Quinn) en tombe immédiatement amoureux, tout comme son autre frère Tristan (Brad Pitt) – connu pour être le sauvage de la bande.
La guerre bat son plein en Europe (cf 1917). Samuel veut sauver le monde libre.
This is a turning point in history!
Il part en France, au grand désespoir de Susannah et de son père car les deux autres frères décident de partir également pour le protéger. Avant de partir, Alfred surprend Susannah et Tristan sur le point de s’embrasser. Pas bon…
Au front, ni Alfred ni Tristan ne peuvent empêcher le jeune Samuel de se prendre dans les barbelés allemands puis de se faire déchiqueter par les mitrailleuses. Les deux frères rentrent l’un après l’autre dans le Montana.
Alfred déclare sa flamme à Susannah le premier.
I’m in love with you.
Elle préfère attendre le retour du second.
Malheureusement, Tristan est une âme tourmentée. Leur couple passionné peine à se stabiliser. Tristan part en mer de longues années (cf The Master).
Were you going to say goodbye? Tristan? How long will you be gone?
Not long. A few months.
Susannah lui écrit, sans jamais recevoir de réponse.
Tristan, I have nowhere to send this letter and no reason to believe you wish to receive it. I write it only for myself. And so I will hide it away along with all the things left unsaid and undone between us.
Alfred, qui a commencé une carrière en politique au grand damn de son père, en profite pour demander la main de Susannah. Cette fois, elle se résigne. Elle accepte.
Leur mariage est pourtant mis en danger par le retour de Tristan, car Tristan revient (cf She’s so lovely). Au ranch, il retrouve Isabel (Karina Lombard) avec laquelle il a un enfant. Susannah ne peut l’accepter.
I still sometimes dream that I’m the mother of your children. I wanted her to die.
Elle se suicide.
Alfred utilise son réseau pour se venger de Tristan, mais finit par se rallier à la famille. C’est l’heure de la réconciliation.
Finalement, l’increvable Tristan connaîtra la mort sur le tard, suite à une attaque de grizzly (cf The Revenant).
It was a good death.
L’EXPLICATION
Légendes d’Automne, c’est vraiment pas un pour rattraper l’autre.
Le XXe siècle était définitivement un monde d’hommes, sur le déclin. On peut considérer le siècle précédent comme un monde d’hommes à son apogée, si l’on peut dire. Des hommes tout puissants, qui ne se remettaient pas en question.
Some people hear their own inner voices with great clearness and they live by what they hear. Such people become crazy, or they become legends.
Maîtres de leurs terres, ils construisaient leur histoire sur le champ de bataille, puis sur le champ amoureux. Des frères qui s’aimaient, d’une manière strictement virile bien sûr, puis qui se détestaient (cf Les liens du sang). Chiens et chats. Au sein de la famille, Alfred se sent comme le vilain petit canard.
I followed all of the rules, man’s and God’s. And you, you followed none of them. And they all loved you more. Samuel, Father, and my… even my own wife.
Quand les hommes se trompaient, ce n’était jamais de leur faute.
Nothing that Tristan did was truly his own fault. It was the bear.
Ils n’avaient rien à s’apprendre, surtout pas le vieux.
Don’t talk at me boy as if I’ve never seen a war!
Ils battaient, se trahissaient puis s’excommuniaient.
Damn you, boy. Don’t you blame my son for Samuel’s death! Samuel chose to be a soldier and soldiers die. Sent to be slaughtered by the men in the government. Parasites like you! Damn and blast you!
En somme, de vraies légendes!
Ils considéraient la femme comme leur propriété. Une chose que l’on possède et qui sert de trophée, ou qui sert à faire des enfants. Alfred voulait Susannah mais Tristan avait déjà marqué son territoire alors l’autre lui fit comprendre qu’il fallait la marier.
Damn you, Tristan. You will marry her!
Qu’est-ce que Susannah avait bien à dire dans toute cette histoire ?
Pas grand chose.
Les Ludlow ont jeté son dévolu sur elle. Choisie par le plus naïf du clan. Convoitée par le plus aîné. Conquise par le plus rebelle. Prisonnière du ranch. La pauvre s’est retrouvée bringuebalée entre ces trois lascars qui l’abandonnèrent pour faire la guerre.
Alfred ne savait rien faire d’autre qu’insister très lourdement, avec son air de Gad Elmaleh aux yeux rouges.
Is there any hope that you could learn to love me…?
Finalement Susannah a décidé de tenter sa chance avec Tristan, à la nature incontrôlable et violente. Le papillon écorché repartit aussitôt. Mauvaise pioche. Elle dut donc se marier avec un homme qu’elle n’aimait pas, tout en souffrant du retour possible de son Ulysse.
Accablée de douleur, Susannah préférât mettre fin à ses jours.
Sans parler d’Isabel qui mourût d’une balle destinée à Tristan.
Mais peu importe!
À l’automne, le plus important était que le père soit content que ses deux survivants de fils fassent la paix.
Il n’y a pas à dire, il n’y en avait vraiment que pour les hommes!