THE GRAND BUDAPEST HOTEL

THE GRAND BUDAPEST HOTEL

Wes Anderson, 2014

LE COMMENTAIRE

Les entretiens les plus efficaces sont généralement ceux qui ont lieu dans les ascenseurs. Le fameux elevator pitch. On se regarde dans les yeux, le dos bien droit. La respiration fluide. Penser à aller à l’essentiel. Un argumentaire bien ciselé. Des réponses précises. Quelques étages et l’affaire doit être pliée, sur fond de musique d’ambiance.

LE PITCH

Dans les années 30, le Grand Budapest était un haut lieu de l’hôtellerie mondiale.

LE RÉSUMÉ

Une jeune fille s’approche d’un buste à l’effigie de l’auteur des mémoires qu’elle tient à la main. L’auteur (Tom Wilkinson) y raconte son voyage au Grand Budapest Hotel dans les années 60. L’établissement n’était déjà plus que l’ombre du palace qu’il fut jadis.

L’auteur (Jude Law) y fit la rencontre du propriétaire des lieux M. Zero Moustafa (F. Murray Abraham) qui lui conta son histoire…

Dans les années 30, Zero (Tony Revolori) rejoint le Grand Budapest Hotel où il apprend les secrets du métier auprès de l’irréprochable Monsieur Gustave H. (Ralph Fiennes).

A lobby boy remembers what people hate, a lobby boy anticipates the client’s needs before the needs are needed, a lobby boy is, above all, discreet to a fault. Our guests know that their deepest secrets, some of which are frankly rather unseemly, will go with us to our graves. So keep your mouth shut, Zero.

La guerre menace et Madame D. (Tilda Swinton), l’une des nombreuses maîtresses du Maître d’Hotel décède soudainement. Gustave s’empresse d’aller à sa veillée (pour toucher sa part de l’héritage).

En chemin, les deux hommes se font molester par les officiers de Henckels (Edward Norton) qui les fait relâcher sur le champs. Gustave hérite d’un tableau, ce qui irrite le fils de Madame D, Dmitri (Adrien Brody). De retour à l’hôtel, Gustave place le tableau dans un lieu sûr puis se fait arrêter pour le meurtre de Madame D.

Gustave s’évade grâce à Zero et son amoureuse Agatha (Saoirse Ronan). Ils sont immédiatement pourchassés par J.G. Jopling (Willem Dafoe), un tueur à la solde de Dimitri.

De retour à l’Hotel, Gustave et Zero sont pris dans une fusillade avec Dimitri venu chercher son tableau. Une autre partie du testament fait de Gustave le nouveau propriétaire et Zero devient son héritier.

Quelques temps plus tard, Gustave se fait abattre par la milice lors d’un voyage en train. Zero hérite de tout mais ne pourra éviter la démolition du Grand Budapest.

L’auteur part en Amérique du Sud sans connaître les dernières volontés de Zero.

La jeune fille referme le livre puis part.

the-grand-budapest-hotel-photo-saoirse-ronan-tony-revolori-1157553

L’EXPLICATION

The Grand Budapest Hotel, c’est la déliquescence.

En France, on aime croire qu’on vieillit comme le bon vin. C’est un mensonge: même les meilleurs grands crus finissent par avoir un goût de vinaigre quand on les laisse trop longtemps à la cave. C’est une cruelle vérité. Tout finit toujours par tomber en décrépitude. C’était vrai pour Simone Signoret, Jeanne Moreau, Michel Galabru et Jean-Paul Belmondo, cela l’est aussi pour le Grand Budapest Hotel.

La faute au temps qui passe évidemment ainsi qu’au manque d’entretien… ou plutôt au manque d’intérêt, qui est incarné par l’avide et vulgaire Dimitri, tout de noir vêtu, frustré d’avoir vu son héritage lui filer sous le nez. Il insulte M. Gustave.

I thought I was supposed to be a fucking faggot.

You are, but you’re bisexual.

C’est à cause d’hommes comme Dimitri qu’on gaspille notre temps à se faire la guerre plutôt que de prendre soin des merveilles de ce monde.

M. Gustave représente une autre vision de la vie, plus colorée. Il déteste la vulgarité.

Rudeness is merely an expression of fear. People fear they won’t get what they want. The most dreadful and unattractive person only needs to be loved, and they will open up like a flower.

Il a un sens de l’éthique irréprochable et n’hésite pas à voler au secours de Zero.

You can’t arrest him just because he’s a bloody immigrant, he hasn’t done anything wrong!

M. Gustave a surtout le sens du service client (cf Les vestiges du jour). Il est exigeant avec tout le monde, y compris lui-même. L’excellence est un effort au quotidien.

If there’s one thing we’ve learned from penny dreadfuls, it’s that when you find yourself in a place like this, you must never be a candy ass; you’ve got to prove yourself from day one. You’ve got to win their respect.

C’est ce qui lui vaut d’être apprécié par tout le monde. C’est ce qui lui permet aussi d’avoir la vie sauve quand Henckels le reconnaît dans le wagon.

M. Gustave a une passion pour les antiquités. Il n’a pas peur du temps qui passe et sait prendre soin de ses petites vieilles.

More flavorful, or so they say.

Dans notre société moderne égoïste qui ne jure que par le jeunisme et le FOMO, M. Gustave ferait figure d’OVNI. On se fout de la longévité. Sans comprendre l’intérêt de la loyauté.

It’s quite a thing, winning the loyalty of a woman like that for nineteen consecutive seasons.

M. Gustave est comme une crème de soin. Il est bien conscient que le monde disparait. Il se bat pour lui faire conserver sa grâce, même s’il ne s’agit que d’une façade.

To be frank, I think his world had vanished long before he ever entered it. But I will say, he certainly sustained the illusion with a marvelous grace.

M. Gustave est lui aussi victime du temps qui passe. Il finit par douter de son oeuvre.

There’s really no point in doing anything in life because it’s all over in the blink of an eye, and the next thing you know, rigor mortis sets in.

Et l’humanité s’abandonne progressivement à la barbarie.

You see, there are still faint glimmers of civilization left in this barbaric slaughterhouse that was once known as humanity. Indeed that’s what we provide in our own modest, humble, insignificant… oh, fuck it.

MV5BODQ2N2QzNzUtMDE5Yy00NmRmLWE5NDgtYjE1ZmY0MzVkODQ5XkEyXkFqcGdeQXVyMjMzMDI4MjQ@._V1_SY1000_CR0,0,1330,1000_AL_

Zero réalise que M. Gustave tenait le Grand Budapest Hotel à bout de bras et qu’il n’en est pas capable lui-même. Il prend conscience de l’ampleur de la tâche. Nous ne sommes pas à la hauteur de nos aïeux. On se réclame d’eux sans réussir à poursuivre leur travail. Nous ne célébrons même pas correctement leur mémoire puisque c’est M. Gustave qui mériterait un buste, non l’auteur.

Le jour où nous ne nous intéresserons plus aux histoires, alors le monde touchera réellement à sa fin (cf Neverending Story).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.