LE MENU

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Mark Mylod, 2022

LE COMMENTAIRE

Il faut un sacré culot pour renvoyer un plat en cuisine sous prétexte que la cuisson ne serait pas bonne. Insulte suprême. Malgré tout, cela se produit plus souvent que l’on ne le pense. Malgré les efforts du personnel en cuisine qui, en général, sait ce qu’il fait. Quand le plat est servi en retour, aucune excuse. Une paire de ciseau dans la viande, afin de dire que celles et ceux qui ne sont pas content·es peuvent aller voir ailleurs.

LE PITCH

Des client·es trié·es sur le volet s’offrent une expérience culinaire unique.

LE RÉSUMÉ

Tyler Ledford (Nicholas Hoult) et Margot Mills (Anya Taylor-Joy) prennent le bateau pour se rendre à Hawthorn, un restaurant ultra select basé sur une petite île isolée.

Sont du voyage la critique culinaire Lillian Bloom (Janet McTeer) et son assistant (Paul Adelstein). La star de cinéma George Diaz (John Leguizamo) et sa maîtresse (Aimee Carrero). Le couple fortuné Anne (Judith Light) et Richard Liebbrandt (Reed Birney). Soren (Arturo Castro), Dave (Mark St. Cyr) et Bryce (Rob Yang), trois jeunes businessmen du richissime investisseur Doug Verrick.

Les client·es sont accueilli·es sur l’île par Elsa (Hong Chau), en attendant de rencontrer le prestigieux chef Julian Slowik (Ralph Fiennes).

Bizarre : Margot ne semble pas être sur la liste.

Après une petite visite de courtoisie orchestrée par Elsa, le dîner est présenté par le chef en personne.

Do not eat. Taste…

Les plats se suivent et présentent tous une originalité. Margot ne semble pas bluffée outre mesure.

We’ve reached the base camp of Mount Bullshit…

Au contraire de Tyler qui se montre beaucoup plus enthousiaste.

You don’t get it, it’s a concept. Trust me, he’s telling a story.

Lillian Bloom prend les lunettes pour trouver quelque chose à redire.

It’s fiendish really! (…) Though I will say that this emulsion does look slightly split. (…) I mean you shouldn’t really see that in a restaurant of that quality.

Les autres ne prêtent pas vraiment attention à ce qu’ils mangent jusqu’à ce que le plat suivant révèle des vérités embarrassantes pour chacun·e, imprimées sur leurs tacos.

Pour le plat suivant, le Chef pousse son sous-chef Jeremy (Adam Aalderks) au suicide, avant de servir ses restes – bien saignant. Les client·es ne savent pas s’il s’agit de lard ou de cochon.

That was a shock! I didn’t see that coming…

Is this real?!

It’s not funny!!

This is just theater…

What is happening??

The acting is astonishing.

La soirée vire alors au cauchemar. Profondément dégoûté par ses clients, Slowik veut tirer sa révérence dans un diner macabre.

I haven’t had desired to cook for so many ages.

Il révèle ses intentions : tout le monde doit mourir. Se pose une question concernant Margot, l’invitée surprise. Elle est une escort que Tyler a invité à la dernière minute après que sa petite amie ne l’ait quitté. Le chef montre une certaine empathie envers Margot, et lui offre le choix.

Do you want to die with those who give or with those who take?

Les client·es sont pris·es en otages. Impossible d’échapper au dessert.

Margot remarque une photo du chef cuisinant son premier burger, le sourire aux lèvres. De retour à table, elle a l’idée de commander un burger au chef trop heureux de prendre du plaisir à cuisiner quelque chose de simple et faire plaisir au client.

Margot le complimente en prenant soin de ne pas finir le burger pour mieux demander une boite au chef afin de pouvoir le finir plus tard. Slowik accepte. La permission est ainsi donnée à Margot de quitter l’île.

Elle est la seule rescapée. Les autres sont condamné·es à finir en guimauve carbonisée après que Slowik ne mette le feu à son restaurant.

We must embrace the flame!

L’EXPLICATION

The Menu, c’est la mauvaise surprise du chef.

Quelqu’un, un jour, a eu l’idée de génie de dire que le client était roi. Depuis, cette règle est devenue religion dans les métiers du service. L’enfer de toutes celles et ceux qui travaillent dans le secteur de l’hospitalité ou de la restauration de luxe. Car le fameux client n’est que très rarement satisfait, peu importe la qualité de ce qui lui est proposé.

Le client n’a jamais tort, même quand il est de mauvaise foi. Il en existe. Et le chef sait les reconnaître…

I know what a bad customer is.

En l’occurrence, le chef fait un burn out (cf Chute Libre). Il veut retourner le rapport de force en faisant passer ses clients à la caisse car il a perdu la flamme (cf The Chef).

Thank you for everything. You represent the ruin of my art.

Le chef en a tout simplement marre de celles et ceux qui se goinfrent (cf Next floor). Celles et ceux qui critiquent, sans prendre le temps d’apprécier ou reconnaître toutes les heures de travail de celles et ceux qui s’épuisent à essayer de les satisfaire.

I’ve allowed my work to reach the price point where only the class of people in this room can access it. I’ve been fooled into trying to satisfy people who can never be satisfied.

Ces apprenti·es foodies qui pullulent sur les réseaux sociaux en se croyant légitimes. De tous les clients qui peuvent ruiner des réputations de par leurs commentaires sur les moteurs de recherche. Slowik est un chef old school un peu dépité (cf No Country for Old Men).

Hawthorne, c’est chez lui. C’est lui qui décide. À travers son menu, le chef règle ses comptes avec des habitué·es qui ne font même plus attention à ce qu’ils mangent.

Please tell me one dish that you ate the last time you were here, or the time before.

Does it matter…?

It matters to the halibut and to the artist whose work turns to shit inside your gut!!

Le chef dénonce celles et ceux qui peuvent s’installer à sa table parce qu’ils ont truqué les comptes, comme les trois arrogants que sont Dave, Soren ou Bryce. Il tourne en ridicule les stars de cinéma qui ne cherchent qu’à se montrer, plutôt que de passer un bon moment.

Le chef donne la leçon en plusieurs étapes de manière théâtrale et avec beaucoup de cynisme. Finalement, il sert à ses clients ce qu’ils sont venus chercher.

It’s part of the menu, it’s part of the show. This is what you’re paying for. This is an exclusive experience.

Plutôt que de proposer un voyage, chaque plat devient une occasion de faire passer un message.

There is no way to avoid the mess. The mess you make of your life, of your body, of your sanity. By giving everything you have to pleasing people you’ll never know.

Il réclame un peu plus de considération en apportant une perspective oubliée par des client·es gâté·es pourri·es.

We’re nothing but a nanosecond. Nature is timeless…

Il rappelle le sens des valeurs que les client·es ont visiblement perdu (cf Jiro dreams of sushi).

In the kitchen, we all work together or nothing works at all! We work as a team.

Tout en reconnaissant qu’il a peut-être aussi participé à cet état de fait.

That’s our culture and my restaurant is part of the problem.

Tout doit couler.

Le chef n’épargne qu’une cliente : celle qui, comme lui, propose des prestations à des clients qui abusent (cf The Girlfriend experience). Il se reconnait en elle et souhaiterait pouvoir lui faire plaisir.

I take my work very seriously and you’re not eating. And that wounds me.

Margot est la seule qui mérite de survivre. La seule à pouvoir se sortir de cette spirale infernale. Elle témoigne d’une société proche de se faire vomir (cf La Grande Bouffe) et qui doit revenir aux fondamentaux : un bon cheeseburger sauce ketchup.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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