BONS BAISERS DE BRUGES

BONS BAISERS DE BRUGES

Martin McDonagh, 2008

LE COMMENTAIRE

On dit de Bruges qu’elle est la Venise du Nord. Ce qui est à peu près aussi bête que d’affirmer que Vesoul est la Nice de l’Est. Bruges est une ville au charme médiéval évident. Mais il y règne un froid humide et on y parle flamin (cf Bullhead). Tandis que Venise est simplement unique.

LE PITCH

Deux tueurs se mettent au vert en Belgique.

LE RÉSUMÉ

Ray (Colin Farrell) execute un contrat à Londres. Malheureusement, il tue un petit garçon par accident. Son commanditaire Harry (Ralph Fiennes) lui donne l’ordre de se faire oublier pendant deux semaines sous la surveillance de Ken (Brendan Gleeson).

À Bruges.

Shortly thereafter the instructions came through. « Get the fuck out of London, youse dumb fucks. Get to Bruges. » I didn’t even know where Bruges fucking was… It’s in Belgium. 

Ken est bien décidé à profiter de son séjour dans la cité Flamande alors que Ray trompe l’ennui avec Chlöe (Clémence Poésy).

Harry informe Ken de sa décision : Ray doit mourir car tuer un enfant est impardonnable. Tellement impardonnable que Ray songe lui-même au suicide. Ken ne peut se résoudre à tuer son partenaire. Il lui confisque son arme et le place dans un train afin qu’il puisse recommencer sa vie ailleurs.

Furieux, Harry débarque en Belgique. Il exige des explications de la part de Ken qui est convaincu que Ray mérite une seconde chance. Ce n’est pas l’avis de Harry.

Did I ask you to be his psychiatrist?? No! I asked you to fucking kill him.

Ken est grièvement blessé. Il trouve la ressource pour monter jusqu’en haut du beffroi et se jeter dans le vide.

Reconnu par des touristes Canadiens avec lesquels il s’était quelque peu disputé, Ray a été renvoyé en gare de Bruges. Trop tard. Aux portes de la mort, Ken l’invite à prendre son gun pour se protéger de Harry.

Une course poursuite s’engage alors sur les canaux. Harry blesse Ray mais tue par accident une personne de petite taille figurante sur le tournage d’un film. Persuadé qu’il vient lui aussi de tuer un enfant, Harry se suicide sur le champ.

Dans l’ambulance, Harry philosophe sur l’enfer et prie pour ne pas mourir.

There’s a Christmas tree somewhere in London with a bunch of presents underneath it that’ll never be opened. And I thought, if I survive all of this, I’d go to that house, apologize to the mother there, and accept whatever punishment she chose for me. Prison… death… didn’t matter. Because at least in prison and at least in death, you know, I wouldn’t be in fuckin’ Bruges. But then, like a flash, it came to me. And I realized, fuck man, maybe that’s what hell is: the entire rest of eternity spent in fuckin’ Bruges. And I really really hoped I wouldn’t die. I really really hoped I wouldn’t die.  

L’EXPLICATION

Bons baisers de Bruges, c’est la rédemption.

Ray est un homme avec un cas de conscience légitime puisqu’il a tué un enfant. À partir du moment où il commet son erreur, il bascule en enfer. Deux semaines à Bruges. Une éternité. Le plat pays. Une bière qui ne suffit pas à se saouler. Un enfer au rabais comme lui confirme Ken.

Two weeks, in fucking Bruges?

He said this whole trip, this whole being in Bruges thing, was just to give you one last, joyful memory before you died.

In BRUGES? The Bahamas, maybe. Why fucking Bruges??

I suppose it’s cheaper.

Quoi qu’il fasse, Ray ne peut échapper à ce qu’il a fait. S’il veut s’en sortir, il doit passer par Bruges où il n’y a rien d’autre à faire que d’être pris à la gorge par la culpabilité. Ray doit prendre la pleine mesure de son acte.

I killed a little boy!

Ken l’accompagne dans ce voyage initiatique vers la paix. Il le provoque en faisant semblant de s’intéresser à l’architecture locale. Lorsqu’il fait mine de l’aider, en réalité il ne fait que le tester.

Just keep movin’. Keep on movin’. Try not to think about it.

C’est évidemment inutile. Impossible de penser à autre chose.

Ken propose alors une porte de sortie à Ray. La voie de la facilité. On prend à droite sur l’autoroute et on oublie tout (cf La 25e heure). Les pêchés effacés d’un coup d’éponge (cf Boy A).

Heureusement que des Canadiens à la conscience impeccable le renvoient à Bruges. Il faut savoir que les Canadiens ne ferment pas leur porte d’entrée à clef!

Tout ramène donc Ray à Bruges où il doit prendre le dessus. Assumer ses actes. Accepter de donner sa propre vie en échange.

That’s all because of me. He’s dead because of me. And I’m trying to… been trying to get me head around it, but I can’t. I will have always have killed that little boy. That ain’t ever going away. Ever. Unless… maybe I go away.

C’est parce que Ray est prêt à tout pour réparer le crime qu’il a commis que Ken, son ange gardien, va lui venir en aide en lui permettant d’affronter le diable en personne.

Harry est le Dieu de l’Ancien Testament. Celui qui ne rigole pas, celui qui punit, celui n’a jamais fait d’erreur.

You’ve got to stick to your principles.

De cet affrontement ressort que nul n’est parfait. Pas même Harry qui va se rendre compte qu’il est humain lui aussi. Comme il ne déroge pas à ses propres principes, il se tire une balle dans la tête. Droit dans ses bottes.

Désormais, Ray doit affronter le plus dur. Survivre à ses blessures. Il saura alors qu’il a une chance extraordinaire qu’il ne peut gâcher sous aucun prétexte. Ne plus fuir le réel. Il devra donc quitter son job pour commencer une formation. Trouver un vrai boulot. Peut-être travailler comme livreur (cf Sorry we missed you).

Se tuer à la tâche plutôt que tuer les autres.

Ne plus jamais avoir à remettre les pieds à Bruges.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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