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Lukas Dhont, 2022

LE COMMENTAIRE

On dénonce la bêtise des hommes qui cherchent à savoir qui a la plus grande. C’est pourtant mal connaître la sensibilité masculine qui a besoin de se jauger pour trouver sa place dans le monde. Les garçons font la course à qui sera le meilleur pour garder le troupeau (cf Le Secret de Brokeback Mountain), et ils y prennent du plaisir.

LE PITCH

Une belle amitié ne parvient pas à dépasser l’école secondaire.

LE RÉSUMÉ

Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) sont deux copains qui passent tout leur temps ensemble. Léo va souvent dormir chez Rémi, avec le consentement de sa mère (Léa Drucker). La mère de Rémi (Émilie Dequenne) considère Léo comme son fils.

Ils font la sieste ensemble, se racontent des histoires.

Imagine (…), tu viens d’ouvrir les yeux pour la première fois…

Léo encourage Rémi à jouer du hautbois et va le voir en concert.

À la rentrée, les deux garçons se retrouvent dans la même classe. Ils sont un peu intimidés.

T’es stressé ?

Leur comportement fusionnel se remarque en classe, et intrigue leurs camarades, notamment les filles.

Est-ce que je peux poser une question : Est-ce que vous êtes ensemble ?

…. Non

Cette réflexion sème le trouble chez Léo qui commence à prendre ses distances avec Rémi.

Le premier s’inscrit au hockey comme activité péri-scolaire, pour se démarquer du second. Une activité bien virile où l’on ne mettra pas sa nature en doute (cf Youngblood). Lorsque Rémi s’intéresse à ce sport, Léo le dissuade de le rejoindre.

Petit à petit, ils ne dorment plus sur le même matelas.

Léo n’est plus au rendez-vous lorsqu’il s’agit d’aller à l’école en vélo comme d’habitude. Rémi voit bien que quelque chose ne va pas.

D’habitude tu m’attends toujours, mais là tu m’laisses.

Les deux garçons se battent violemment, au point que Rémi éclate en sanglots lors du dîner. Sa mère remarque également que quelque chose ne vas pas.

Rémi se sent blessé que Léo l’ignore. Dans la cour, il fond en larmes à nouveau puis l’attaque.

Quelques jours plus tard, Léo remarque l’absence de Rémi lors d’une sortie à la mer. Lorsque les élèves reviennent, leurs parents les attendent – ainsi qu’une terrible nouvelle.

Il s’est passé quelque chose…

Dis moi.

… C’est Rémi.

Rémi s’est suicidé.

Une cellule de soutien psychologique est aussitôt mise à disposition des élèves. D’abord dans le déni, Léo souffre du manque de son ami. Il se sent responsable de la mort de Rémi.

Incapable de parler à sa mère. Un sentiment de culpabilité commence à le ronger lentement (cf Inception).

Les parents de Rémi peinent à dépasser leur chagrin. Sa mère va voir Léo jouer au hockey. Celui-ci réclame à revoir les affaires de son ami.

J’peux aller dans sa chambre…?

Finalement, Léo avoue.

Il me manque.

La mère de Rémi l’écoute.

C’est à cause de moi, c’est de ma faute. J’l’ai repoussé.

Puis elle le prend dans ses bras.

La vie continue pour Léo, seul sans Rémi.

L’EXPLICATION

Close, c’est l’enfer du collège.

On pense que les adolescent·es découvrent le monde des adultes sur les bancs de l’université. Ce serait noyé·e dans la masse de la faculté (cf Première Année) ou bizuthé·e en classe prépa (cf Grave) que l’on basculerait dans la sauvagerie. Comme si les étapes précédentes se faisait les doigts dans le nez…

On oublie trop souvent l’étape intermédiaire du collège qui peut brûler les ailes des plus sensibles, comme Rémi.

Au primaire, les enfants peuvent encore se payer le luxe d’être naïfs. Ils se baladent dans leur eden sans se soucier de quoi que ce soit (cf Tomboy), à l’image de Rémi et Léo. Tout semble facile pour eux. Si l’on veut aller dormir chez l’autre, on peut le faire. On peut même le prendre dans ses bras si l’on veut, il n’y a pas de problème. C’est le temps des sourires innocents et des dents blanches. Tout est possible.

Et puis vient la rupture du collège.

Les élèves ont des cours en Flamouche. On ne se sent déjà plus à la maison.

La cour de récréation prend des allures de cours de prison où les détenu·es font leur promenade (cf Un Prophète). Léo et Rémi regardent autour d’eux. Ils ressemblent à du poisson frais.

Les filles plantent les premières banderilles, comme toujours.

Vous avez l’air grave proche pour des meilleurs amis… mais c’est pas méchant.

Léo est le premier à se prendre le jugement d’autrui en pleine tronche. Jugement qui n’a jamais l’air méchant a priori.

C’est juste une question…

Léo a beau se justifier, il se retrouve pris au piège de la tornade des rumeurs. Il fait la une des potins. On ne lui pardonnera rien, surtout pas d’être différent ou simplement trop proche de Rémi. Le collège n’est pas l’endroit où l’on se fait des câlins.

Peut-être que vous assumez pas hein.

Les meilleurs amis du monde se retrouvent soudainement l’un contre l’autre.

Le collège est le moment de l’assimilation. Les groupes s’y forment. Le binôme explose. Léo craint de se sentir rejeté. Il transforme la tendresse de Rémi à son égard en haine (cf Bully). Préférant lâcher la main de son copain de toujours pour rejoindre les autres.

C’est rien, viens… Viens avec le groupe.

Ce qui est bien dommage car on ne trouve rien de l’autre côté. Léo ne le sait pas encore. Il se sent donc bien bête d’avoir fait le mauvais choix, qu’il va devoir assumer.

Puisque l’on ne fait pas de cadeau au collège.

Rémi se sent abandonné. Trop fragile, il n’est clairement pas de taille pour cette vie là.

Quant à Léo, il apprend la vie.

Au collège, les journées ressemblent à des parties de hockey. On doit savoir rester debout sur ses patins, tout en se prenant des coups.

Léo découvre les étiquettes. Face aux ragots, il va devoir prendre de la distance au risque de trahir ses amis à la moindre remarque – ce qui ferait de lui une girouette.

Léo va vivre un drame personnel au sens où il a planté son meilleur copain. Il est donc un traitre.

Désormais il vit avec le doute. Dans quelle mesure son attitude a-t-elle précipité la mort de Rémi ? Personne ne le sait. À partir du collège, on apprend à vivre sans réponse.

Léo va devoir se faire une raison. La vie n’offre pas de seconde chance. Bienvenue au collège. Son amitié est perdue et ne reviendra pas. Il voudrait faire machine arrière, mais ce n’est pas possible. Au mieux, on redouble.

Surtout, Léo découvre brutalement le sens des responsabilités. Ses choix peuvent avoir des impacts sur les autres, y compris les parents de ses amis.

Il va falloir s’endurcir. Le collège n’est pas de la rigolade.

Bon courage Léo.

Ce n’est que le début.