HELLBOY

HELLBOY

Guillermo del Toro, 2004

LE COMMENTAIRE

Chacun·e a son point faible. L’invulnérable Achille mourut touché d’une flèche au talon. La vanité est un piège dans lequel on tombe à chaque fois (cf L’associé du diable). Même les plus grands gaillards comprennent qu’ils peuvent mourir quand ils se font un petit bobo à l’index.

LE PITCH

Un démon oeuvre pour protéger le monde des vilains.

LE RÉSUMÉ

La Seconde Guerre Mondiale touche à sa fin. Les Nazis sont aux abois (cf Le Vieux Fusil). Hitler désespéré, missionne une entité pour remporter la guerre par tous les moyens – y compris occultes. Rendez-vous dans le nord du Royaume-Uni. En présence du mystique Grigori Rasputin (Karel Roden), ils comptent ouvrir un vortex vers l’autre monde afin d’en faire sortir les Ogdru Jahad, des créatures monstrueuses qui pourraient renverser l’issue du conflit.

Un escadron allié parvient à les empêcher de réaliser leur terrible dessein.

Cependant un jeune démon est parvenu à s’échapper. Il est recueilli par Trevor Bruttenholm (Kevin Trainor). Les soldats le baptisent Hellboy.

There we were, an unready father for an unwanted child. The boys gave him a name that very night; in retrospect, not the most fortunate, but nevertheless a name we all came to use. We called him, Hellboy.

Des années plus tard, Trevor Bruttenholm (John Hurt) a fondé le Bureau for Paranormal Research and Defense. Atteint de maladie, Bruttenholm prépare la suite et dépêche l’agent du FBI John Myers (Rupert Evans) pour s’occuper de celui qu’il considère comme son fils.

Stand by him when I’m gone. (…) You will help him to become a man.

Myers peine à gagner l’estime d’Hellboy (Ron Perlman).

Just what was it that landed you this job pushing pancakes? (…) What is your area of expertise?

Pire, le jeune homme flirte avec Liz Sherman (Selma Blair), dont Hellboy est amoureux depuis la grande section de maternelle. La jalousie s’en mêle (cf L’Enfer).

She took his picture. DAMN. She took his picture…

Raspoutine est ressuscité par des Nazis immortels. Ils libèrent Sammael, un monstre qui sème la panique en ville et qui se reproduit à vue d’oeil.

Hellboy est appelé à la rescousse.

Après un combat acharné contre une armée de Sammael, et quelques pertes, Hellboy finit par neutraliser Raspoutine dont la dépouille se retrouve possédée par un BéhémothHellboy se laisse alors intelligemment avaler par ce monstre pour mieux lui faire exploser des grenades dans le bidon.

Il a bien gagné le droit d’embrasser la princesse.

« What makes a man a man? » a friend of mine once wondered. Is it his origins? The way he comes to life? I don’t think so. It’s the choices he makes. Not how he starts things, but how he decides to end them.

L’EXPLICATION

Hellboy, c’est l’Amérique qui s’approprie l’existentialisme.

Les États-Unis sont une terre d’expatriés sanguinaires (cf There Will Be Blood). Des explorateurs (cf The Revenant) qui se sont nourris de la violence pour se constituer (cf Gangs of New York). Un pays d’ambitieux qui a comblé un manque d’histoire par son ambition sans limite, condamné à regarder toujours vers l’avant. Des états liés entre eux par le patriotisme et le ralliement aux valeurs de la bannière étoilée : propriété privée, liberté d’expression, permis de port d’armes.

Pour autant, l’Amérique d’après-guerre se pose encore la question de son identité.

What is it that makes a man a man? Is it his origins, the way things start? Or is it something else, something harder to describe?

Les États-Unis impérialistes ont diffusé leur influence un peu partout, mais ils manquent trop de penseurs pour s’emparer du monde des idées. Qu’à cela ne tienne, ils vont s’approprier la théorie de Jean-Paul : l’existence précède l’essence. Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et se définit ensuite.

C’est l’histoire de Hellboy : une créature diabolique sortie des enfers et qui se retrouve dans un univers coupé en deux avec les gentils Américains d’un côté et les affreux de l’autre côté. Adopté par les boys qui amadouent le petit monstre… avec des barres chocolatées. La roublardise du plan Marshall.

Hellboy incarne ce qui manquait à l’Amérique : une philosophie.

Il est celui que l’on cache mais qui susurre des choses interdites à l’oreille. La tentation à laquelle on aime succomber. Pour autant, il joue le rôle d’ange gardien puisque sous son contrôle, le monde libre est à l’abri de l’alliance entre les Russes et les Allemands.

In the absence of light, darkness prevails. There are things that go bump in the night, Agent Myers. Make no mistake about that. And we are the ones who bump back.

Hellboy est surtout celui qui décide de qui il veut être. Il est ce qu’il fait de ce que l’on a voulu faire de lui. Si cela ne tenait qu’à Raspoutine, Anung un Rama de son vrai nom, ferait régner le chaos.

Hellboy préfère casser ses cornes pour rester le seul maître à bord. Il est celui qui fait le choix (cf Matrix).

Remember who you are! You have the choice! Your father gives you that.

Cet état d’esprit lui permet de s’affranchir de toute autre religion que la sienne. Il se bat contre tous les Sammael, les anges déchus. In God we trust sur les Dollars. Le Dieu du commerce. L’invitation à s’enrichir pour soi-même. Le rêve américain. Tout un symbole. Hellboy devient un modèle sartrien à la force de caractère qui emporte tout sur son passage. Un héros américain comme on aime, qui n’abandonne jamais (cf Lance Armstrong : stop at nothing).

I’ll never give up on you… ever.

Un prince moderne qui séduit la princesse torturée (cf La Belle au Bois Dormant). Tel un champion qui vient de sauver la liberté, montant sur le podium pour chercher son trophée et qui embrasse l’hôtesse venue lui remettre sa médaille. À l’ancienne.

Une philosophie bien commode : Chacun·e doit prendre ses responsabilités. Pas d’état providence, ni de passe droit. Dans le combat entre le bien et le mal, on peut toujours choisir le bien – tout en se sachant capable du pire.

Alors qu’en vérité Hellboy est un vrai gentil. C’est un amoureux des chats. On ne peut pas être une mauvaise personne quand on est du côté des matoux.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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