JESSIE

JESSIE

Mike Flanagan, 2017

LE COMMENTAIRE

Il n’y a pas de mal à se faire du mal de temps en temps, tant que l’on y consent. Quel plaisir de se retrouver momentanément dans une situation inconfortable, dont on sait qu’elle va se finir (cf 50 nuances de Grey). Sans lumière au bout du tunnel, alors ce n’est plus tout à fait la même histoire. La vie a une fâcheuse tendance à se répéter dans l’agonie (cf Split).

LE PITCH

Une femme se retrouve menottée par les deux hommes de sa vie.

LE RÉSUMÉ

Jessie (Carla Gugino) et Gerald Burlingame (Bruce Greenwood) ont loué une petite maison sur le bord d’un lac perdu au fin fond de l’Alabama, le temps d’un weekend, pour retrouver un peu d’intimité.

To spice things up and try and push the boundaries…

Ils aperçoivent au loin un chien errant qui semble affamé. Jessie lui lance un beau morceau de steak à $200.

Gerald choisit la pilule bleue, sinon il ne bande pas.

Jessie porte de la lingerie sexy. Cela ne suffit pas pour Gerald qui sort les menottes.

I was expecting more novelty things like silk or velvet or something…

Oh no these are the real deal! This is good, you’ll like this.

Jessie est nerveuse. Gerald gobe une nouvelle pilule.

L’attitude autoritaire du mâle déplait à Jessie qui se débat et lui demande d’arrêter.

I’m sorry, I’m just feeling a little weird.

Malaise.

Gerald se sent soudainement mal. Il meurt d’un infarctus.

Vrai malaise.

Elle se retrouve menottée en petite tenue sur un lit au pied duquel se trouve désormais son défunt mari, dans une maison loin de tout et dont la porte d’entrée est restée ouverte.

Les heures passent. Jessie commence à avoir ses premières hallucinations. Elle voit le fantôme de son mari se relever pour confesser sa véritable nature, et faire des sous-entendus sur ses infidélités.

Don’t ask a question you don’t to know the answer to, I guess… (…) Everybody’s got a little corner in there somewhere; a button they won’t admit they want pressed. Year after year, I barely gave you a glimpse of mine.

Le chien monte dans la chambre, attiré par l’odeur du sang, et commence à mordre la dépouille de Gerald.

Jessie va devoir trouver une solution si elle ne veut pas pourrir sur ce lit, ou dévorée par l’animal.

Heureusement, une vision d’elle-même se manifeste également afin de ne pas perdre le moral. Elle parvient à boire un peu d’eau, ce qui lui donne un peu de temps.

Pendant la nuit, Jessie est hantée par les cauchemars du passé. Elle revoit son père (Henry Thomas) abuser d’elle (Chiara Aurelia) il y a des années (cf Les Chatouilles). Un jour d’éclipse. Avant de lui faire jurer de ne rien dire (cf Ne le dis à personne).

Please daddy, I won’t tell anybody ever…

Cette fameuse nuit, Jessie a également l’impression d’apercevoir une ombre.

Au petit matin, sa bouche est sèche. Le chien se fait de plus en plus menaçant. Jessie décide de se couper le poignet pour se libérer (cf 127 Heures). Elle prend la voiture à demi-consciente avant de heurter un arbre, ce qui alerte le voisinage.

Six mois plus tard, Jessie s’écrit une lettre à elle-même pour ne plus oublier ce qu’elle avait laissé sous le tapis. Elle a monté une association pour venir en aide aux personnes ayant été abusées comme elles – grâce à l’argent de l’assurance.

The insurance paid, the headlines faded and life went on. A new normal…

Cependant, une ombre continue de hanter ses nuits. Jusqu’à ce qu’elle découvre que ce qu’elle croyait être la mort était en fait Andrew Joubert (Carel Struycken), un détrousseur de cadavres.

This monster was real, real as they come. As real as the cuffs, as the dog. As real as the eclipse.

Jessie va le confronter au tribunal pour se libérer définitivement.

You’re so much smaller than I remember.

La voilà vraiment libre.

L’EXPLICATION

Jessie, c’est la fin de l’éclipse.

Quand l’adolescente se trouve prise en otage sur les genoux de son père en train de se masturber, c’est un peu comme si le soleil disparaissait pour toujours. Un moment inhabituel et angoissant qui fait basculer Jessie dans l’obscurité. L’enfant découvre l’adulte sous un nouveau jour. Elle voit son père comme elle ne devrait pas. C’est la nuit noire. Le cauchemar commence.

Choquée et se sentant coupable d’avoir déclenché ce désir interdit chez celui qui est censé la protéger, Jessie est piégée par la perversité de son père. Celui-ci la force à être complice de son abus.

I’ve never been able to refuse you anything you really wanted, have I. Okay Jess. We’ll try things your way.

C’est en reproduisant inconsciemment ce schéma que Jessie s’est retrouvée mariée à Gerald. Elle est toujours enfermée. Le cauchemar n’en finit plus.

His shackles was silence, and his was comfort.

Gerald est un homme pressé. Jessie le voit peu. Elle ne l’aime pas, en tout cas pas assez pour avoir envie de construire quelque chose avec lui.

Une réalité sur laquelle Jessie a décidé de fermer les yeux. On compte jusqu’à dix et tout cela sera fini. La question demeure néanmoins.

If it wasn’t him keeping him from sleep, it was the question.

Comment arrive-t-on à se libérer de l’emprise de ces hommes sombres ? Sortir de cette éclipse qui empêche de vivre.

Jessie profite de l’opportunité de la mort accidentelle de Gerald non pas pour s’échapper mais pour se forcer à réfléchir sur sa condition. Alors que son tortionnaire ne la menace plus, elle réalise que quelque chose d’autre la bloque. Sans son père, ni Gerald, il y aura toujours un chien ou une ombre dans le coin de sa chambre.

Jessie doit faire revenir le soleil dans sa vie.

We need the sun to come back out.

Pour cela, elle ne peut compter que sur elle-même. C’est pourquoi elle plonge dans le passé, pour se forcer à se rappeler de ce dont elle ne parlait plus. Ne plus être dans le déni du traumatisme. En cherchant à l’effacer de sa mémoire, elle l’a rendu permanent.

Jessie va devoir revivre ces moments d’horreur et reconnecter avec l’adolescente qu’elle fut. Provoquer un dialogue avec elle-même.

You’re the only person who’d understand.

C’est en revivant ces instants pénibles que Jessie parvient à se faire suffisamment mal pour se glisser entre les tenailles. Plutôt que de chercher à oublier, elle se fait a promesse de toujours se souvenir. Ainsi elle a la vie de ses agresseurs dans ses mains, non l’inverse.

You just have to remember.

De cette manière, elle n’est plus éclipsée par aucun monstre. En créant son association, Jessie reprend le contrôle de son histoire en la partageant avec d’autres. La nuit est finie. Peut-être qu’enfin, demain nous appartient.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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