PHILADELPHIA

PHILADELPHIA

Jonathan Demme, 1993

LE COMMENTAIRE

Dans la vie, tout est facile jusqu’à ce que cela ne le soit plus. L’épreuve nous donne alors une occasion de montrer notre vraie valeur. Face aux problèmes, qu’ils soient financiers ou de santé, nous nous retrouvons seul·es sans rien d’autre que notre propre volonté. C’est au mental que nous devons affronter la difficulté. Tout se joue toujours dans la tête. À la tronche.

LE PITCH

Un malade du SIDA se bat jusqu’au bout pour conserver sa dignité.

LE RÉSUMÉ

Andrew Beckett (Tom Hanks) travaille chez Wyatt Wheeler, un cabinet d’avocats de Philadelphie. Son talent est incontestable et incontesté. Son ascension est fulgurante : son patron, Charles Wheeler (Jason Robards), lui donne une promotion méritée.

I appreciate your faith in my abilities.

Faith, Andy, is the belief in something for which we have no evidence. It doesn’t apply to this situation.

Bien qu’il soit discret sur son homosexualité et sur le fait qu’il souffre du SIDA, l’un des associés Walter Kenton (Robert Ridgely) remarque une trace sur le front d’Andy.

Quelques jours plus tard, alors qu’il travaille depuis la maison, un dossier important disparait avant d’être retrouvé in-extremis. La confiance se rompt. Le cabinet en profite pour le libérer de ses obligations. Andrew devient Beckett.

Some people think you have an attitude problem, Beckett.

Persuadé qu’il a été victime d’un licenciement abusif dû à sa condition, Andy cherche un avocat pour le représenter. Après avoir essuyé de nombreux refus, il fait la rencontre d’un confrère Joe Miller (Denzel Washington) qui fait preuve de scepticisme.

I don’t see a case. 

Les deux hommes se retrouvent par hasard à la bibliothèque où ils sont tous les deux victimes d’ostracisme. Miller change alors d’avis. Il vole au secours de Beckett et décide d’accepter l’affaire.

Au tribunal, les associés de Wheeler se réfugient derrière la soit-disant incompétence de leur ancien collaborateur. Ils nient avoir remarqué sa maladie mis à part Bob Seidman (Ron Vawter) qui reconnaitra avoir eu des soupçons. Miller va parvenir à prouver  que la compétence d’Andy était indiscutable et qu’il fut bien licencié pour un autre motif, en l’occurrence sa maladie. Et ce n’est pas juste.

L’état de santé d’Andy se dégrade. Il ne peut assister au verdict. Wyatt Wheeler est condamné à lui verser plusieurs millions de dollars au titre du préjudice subi.

Miller se rend à l’hôpital afin d’annoncer la bonne nouvelle à Andy et lui rendre un dernier hommage.

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L’EXPLICATION

Philadelphia, c’est avoir l’intelligence de ne pas tout confondre.

L’histoire d’Andrew Beckett est celle d’un procès. De quoi parle-t-on au juste ? De compétence ou de maladie ? Qu’est-ce qui explique qu’Andy se retrouve devant un jury ? Il s’agit d’être précis. C’est le métier de Miller qui va recentrer les débats lors de sa plaidoirie.

No matter how you come to judge Charles Wheeler and his partners in ethical and moral and inhuman terms, the fact of the matter is when they fired Andrew Beckett because he has AIDS they broke the law.

Miller doit d’abord prouver la compétence de son client qui ne doit pas être discutée. Andrew aime profondément le droit.

What do you love about the law, Andrew?

It’s that every now and again – not often, but occasionally – you get to be a part of justice being done. That really is quite a thrill when that happens.

Aimer son métier est nécessaire mais pas suffisant. Il faut aussi délivrer, ce qui était le cas d’Andy qui était apprécié par ses collègues. Son talent lui a valu d’obtenir des affaires importantes. Si Andrew était si mauvais alors pourquoi lui confier un dossier si important?  Ou alors s’il excellait dans son travail alors on peut poser la question: pourquoi a-t-il été licencié ? Pourquoi lui, qui respectait pourtant son employeur et ce malgré les réflexions misogynes et homophobes de Wheeler.

Car c’est bien d’homophobie dont il s’agit. Le problème n’est pas qu’Andy avait le SIDA puisqu’il assurait. Problème : il était gay – et il avait le SIDA. Plus que de faire le procès du SIDA, Miller doit donc gratter encore la surface pour faire le procès de la discrimination.

C’est de cette manière qu’il pourra faire gagner son client. Il va commencer par mettre le sujet tabou de l’homosexualité sur la table (cf Dallas Buyers Club) par quelques provocations bien senties qui permettent de mettre tout le monde sur un pied d’égalité.

In this courtroom, Mr.Miller, justice is blind to matters of race, creed, color, religion, and sexual orientation.

With all due respect, your honor, we don’t live in this courtroom, do we?

L’orientation sexuelle est effectivement quelque chose dont on ne doit pas parler, ni au tribunal ou au travail (cf Bohemian Rhapsody).

Did you tell Charles Wheeler you were gay?

No.

Why not?

You don’t bring your personal life to a law firm, you’re not supposed to have a personal life.

Et pourtant tout le monde s’observe, s’interroge et juge. Tout se sait. Ce paramètre ne peut donc pas être ignoré.

Miller va chatouiller les partenaires de Wyatt Wheeler sur ce terrain sensible pour trouver la faille. Il veut montrer qu’ils ont un problème avec les homosexuels.

Andy brought AIDS into our offices, into our bathroom, brought AIDS to our annual God damn family picnic!

We ought to be suing him!

Il s’agit donc de leur faire cracher la pilule. Kenton évoque non sans une certaines fierté ses années dans la US Navy où il avait plongé la tête d’un marin dans les toilettes après y avoir fait ses besoins pour « lui donner une leçon », pour le punir d’être « ainsi ».

Il avait travaillé par le passé avec une collaboratrice Melissa Benedict (Kathryn Witt) qui avait contracté le SIDA à cause d’une transfusion, pas comme les homosexuels qui selon lui n’ont que ce qu’ils méritent.

I felt and still feel nothing but the deepest sympathy and compassion for people like Melissa who contracted this terrible disease for no fault of their own.

Wheeler ne se prononce pas. Il invoque les principes de la Bible – dont on connait la position sur l’homosexualité : Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme, cela serait une abomination.

La graine du doute est plantée dans les têtes des jurés. Le licenciement ne semble pas être justifié. Donc il est abusif.

Miller gagne en permettant à son client d’obtenir gain de cause. Il gagne car il contribue à rendre la justice, un concept si cher à Andy. Car il dépasse ses propres préjugés homophobes.

Some of these people make me sick. 

Ce procès est une révélation pour Miller – ce marchand de tapis qui donne sa carte de visite à tout le monde et passe des annonces à la TV va se mettre véritablement au travail. Il arrête de tout confondre.

Au fil du procès, Miller va se rapprocher d’Andy, quelqu’un de différent de par son origine ethnique et son orientation sexuelle mais qui n’est pas si différent dans le fond. Andy est comme Miller un jeune avocat talentueux et ambitieux. Au delà des étiquettes faciles, Miller découvre chez Andy un homme raffiné, sensible et déterminé.

Miller fait des miracles. L’homme de couleur prend la défense d’un paria face à une institution toute puissante et réussit à faire changer d’avis l’Amérique, à Philadelphie – le berceau de sa civilisation naissante.

Celui qui avait tendance à faire des amalgames prend conscience de l’importance des détails. Il fait désormais la part des choses.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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