L’OEUVRE SANS AUTEUR – 1E PARTIE

L’OEUVRE SANS AUTEUR – 1E PARTIE

Florian Henckel von Donnersmarck, 2018

LE COMMENTAIRE

Pour un Général de Gaulle qui se retire avec classe, combien s’accrochent à leur chaise ? Quand celles et ceux qui gouvernent n’atteignent pas leurs objectifs, le peuple trinque. Les Allemands moribonds ont cru au Reich de mille ans promis par Hitler. L’ivresse n’aura duré que quelques années, pour une gueule de bois de près d’un demi-siècle. Le dictateur à qui l’on offre le bouquet de fleurs aujourd’hui nous étouffera peut-être demain (cf La Chute).

LE PITCH

Un jeune artiste essaie de trouver sa voie entre Allemagne Nazie et Allemagne de l’Est.

LE RÉSUMÉ

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, le petit Kurt Barnert montre déjà de belles capacités artistiques. C’est pourtant la pire des époques pour lui. À Dresde, les Nazis crachent sur l’art dégénéré.

Qu’est-ce que ça à avoir avec l’Art ?

Sa tante, la jeune Elisabeth May (Saskia Rosendahl) l’encourage à ne jamais détourner les yeux, sous prétexte que tout ce qui est vrai est beau.

Malheureusement, les délires créatifs d’Elisabeth passent mal. Jouer du piano nue puis se frapper la tête avec un vase sous prétexte de trouver la note de musique absolue n’est pas quelque chose que les Allemands pouvaient comprendre.

Le diagnostic tombe : schizophrénie.

Direction l’hôpital psychiatrique (cf Vol au dessus d’un nid de coucou).

Les Nazis neutralisent les handicapés de toute nature pour faire des économies d’échelle. Les bien portant·es doivent être les premier·es à en profiter – surtout celles et ceux qui ont les yeux bleus et les cheveux blonds.

Puis les choses s’accélèrent. Il faut libérer de la place. Tou·tes les patient·es dont la fiche comporte un + rouge seront aussitôt déporté·es.

Votre stylo, votre épée.

Le Professeur Carl Seeband (Sebastian Koch) n’hésite pas longtemps avant de condamner Elisabeth, bien que celle-ci le supplie. La discipline nazie ne s’embarrassait pas avec des états d’âme. Elisabeth arrive dans un camp d’extermination dont elle ne reviendra malheureusement pas.

Quelques années passent. Les Alliés rasent Dresde. Seeband est capturé par les Soviétiques qui le condamnent à mort. Alors qu’il attend son tour en prison, le Professeur aide à mettre au monde le fils d’un officier Russe qui le protège et détruit son dossier pour offrir une seconde chance à l’ancien SS.

Qui sauve une vie sauve le monde entier. Tu as sauvé mon monde. Je m’assurerai personnellement que personne ne touche à l’un de tes cheveux.

Kurt (Tom Schilling) a grandi et travaille comme ouvrier. Son père paie cher son adhésion tardive au régime Nazi : aucune école ne veut l’embaucher (cf Allemagne Année Zéro).

Le patron de Kurt remarque son talent et soutient sa candidature à l’école des beaux arts de Dresde. Sous le régime communiste, le discours n’a finalement pas changé. Picasso est mis à l’index.

Kurt tombe amoureux de Ellie (Paula Beer), une jeune styliste qui, tout comme lui, est frustrée par le manque d’originalité artistique dont fait preuve le régime. Il ignore qu’Ellie est la fille de Seeband.

Le jeune homme emménage dans la résidence des Seeband où un appartement se libère – ce qui lui permet de voir Ellie plus fréquemment.

Les relations avec Carl sont mauvaises. Ellie tombe enceinte. Kurt sait très bien qu’il ne pourra pas s’épanouir artistiquement au pays du réalisme socialiste, ni amoureusement avec Seeband dans les parages.

Il est temps de regarder vers l’Ouest

oeuvre sans auteur 1

L’EXPLICATION

L’oeuvre sans auteur – 1e Partie, c’est comprendre.

Trop nombreux sont les protagonistes qui ne comprennent pas l’histoire dont ils ou elles sont pourtant acteurs ou actrices. Ils ou elles vivent les événements de manière passive, comme si tout s’imposait à eux/elles. Une bonne raison de se plaindre à longueur de journées et de répéter qu’on ne comprend pas.

Vu comme cela, on peut regarder la croisière du haut du pont et ne pas voir venir l’iceberg en face (cf Titanic).

Elisabeth ne comprend que trop bien ce qui se passe. Son extra lucidité la disqualifie. Elle ne fait pas peur parce qu’elle se frappe le cadre avec un vase, nue dans le salon. Au contraire, elle fait peur quand elle devine que l’officier nazi déteste sa femme sur la base d’une photo, ou qu’elle explique à Seeband que sa fille a un grand coeur sur la base d’un dessin.

Elisabeth a effectivement percé le secret de l’univers.

Parce qu’elle n’a pas su le garder pour elle, le monde va lui faire payer.

Les Nazis croient épurer la planète de la race inférieure alors qu’en réalité, ils n’éradiquent que la beauté. Leur discipline et leurs costumes noirs ont du mal à cacher leur angoisse du monde qu’ils veulent grand, structuré, droit parce que cela les rassure.

Elisabeth voit plutôt le monde tel qu’il est : divers, différent, bizarre.

Heureusement, les Nazis sont comme la Tecktonik : une tendance de mauvais goût, éphémère bien qu’elle dura trop longtemps. Celles et ceux qui ont dansé sur ces rythmes sont mort·es aujourd’hui ou vivent sous une fausse identité quelque part en Bolivie. Accablé·es par la honte. Non sans raison.

Les Nazis ont eu Elisabeth mais ils n’auront pas Kurt.

Seeband est tenace. Il essaie même de convaincre sa fille d’avorter parce que son expérience de gynécologue lui fait dire qu’aucun jeune couple ne se remet d’un avortement. Kurt est plus malin. Lui aussi a tout compris.

Quelque chose le pousse à nouveau vers le challenge nazi. Seeband est de nouveau sur sa route. Il va falloir l’affronter, sans en avoir peur.

Kurt n’a pas pu empêcher son père de se pendre. Son septième sens lui permet cependant de ne pas être pris par surprise par le père de sa petite-amie (cf Mon beau-père et moi). Un homme malveillant bien que très lucide par ailleurs lui aussi. Kurt ne sait strictement rien de Carl et il a pourtant déjà tout deviné de lui.

Il sait qu’il a déjà atteint le plafond de son école, n’en déplaise à son professeur.

Tu aurais du travail et même de l’argent!

Je suis désolé. C’est pas pour moi…

Moi, moi, moi…!

L’avenir de Kurt s’écrit avec Ellie. Sa liberté passe par le dépassement de Carl. Le comprendre est déjà trouver un élément de réponse. Tout est lié.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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