MON BEAU-PÈRE ET MOI

MON BEAU-PÈRE ET MOI

Jay Roach, 2000

LE COMMENTAIRE

Il existe des moments dans la vie qu’un homme redoute comme la perte de sa première dent de lait, la rupture de son frein, son premier TR. Une fois ces épreuves passées, l’homme croit qu’il a fait le plus dur. Erreur. C’est oublier un instant terrible que l’homme craindra toujours plus que tout, la rencontre avec un autre homme : le père de sa conjointe – ou de son conjoint.

LE PITCH

Un homme fait la rencontre de sa belle-famille représentée par un ancien agent de la CIA.

LE RÉSUMÉ

Greg Focker (Ben Stiller) veut se marier avec Pamela (Teri Polo). Comme toutes les institutrices, elle vit dans un monde rempli de farfadets avec des princes charmants qui demandent officiellement la main de la princesse à son père Jack Byrnes (Robert de Niro). Greg ne va pas pouvoir déroger à la règle : il va passer un week-end en enfer.

Ses bagages sont perdus.

Un bébé lui vomit dessus dans l’avion.

Il est immédiatement mis en position de faiblesse par son beau-père.

Ses blagues tombent à plat.

Son cadeau ne lui fait pas marquer de point.

Il aime les chiens quand Jack aime les chats.

Il explose le nez de sa future belle-sœur au cours d’une partie de water-volley – en arborant un maillot de bain ridicule.

Environ tout ce qu’il avait redouté de pire se produit lors de ce week-end.

Greg se traîne péniblement jusqu’à ce que Jack consente quand même à lui laisser la main de sa fille, mais sans jamais finir sur la bonne note que Greg cherchait désespérément.

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L’EXPLICATION

Mon Beau-Père et Moi, c’est le début des ennuis.

Se marier avec quelqu’un, c’est aussi se marier avec toutes ses casseroles. La plus grosse casserole étant ici symbolisée par la belle-famille (cf Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu). Chacun a ses petits défauts, et ses défauts un peu moins petits. Les parents peuvent se révéler en être un gros. Vivre avec Pam, c’est subir son père. Omniprésent. Exigent. Un patriarche au sens classique du terme (cf Les dents de la Mer 2). Ben ne sera jamais assez bien à ses yeux.

Un mariage n’est que le début d’un voyage qui techniquement peut ne pas avoir de fin. Quand le curé dit « pour le pire », voilà le genre de désagrément qu’il sous-entend. Jack met d’ailleurs Greg en garde.

I will be watching you!

Tout est une histoire de confiance. Greg va être mis sur le grill de Jack. C’est normal. La confiance qu’il faut essayer de créer avec sa ou son partenaire passe par le juge de paix qu’est le beau-père. Un travail de longue haleine, interminable. Car Jack ne laisse rien passer à Greg.

Can you ever really trust another human being?

C’est le fameux circle of trust à côté duquel Jack place Greg de manière à le mettre complètement à l’aise. Compliqué d’accepter l’autre dans ce qu’on a construit de plus intime. S’il est facile de laisser les gens rentrer dans sa maison comme invités, il est moins évident de les laisser s’y installer comme invités permanents (cf Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?).

En même temps on peut comprendre que les Byrnes soient tristes de voir leur fille abandonner leur nom pour Focker. Si les parents souhaitent tous une vie épanouie à leurs enfants, ce n’est pas à n’importe quel prix. Ils ont encore un droit de regard sur ce le choix de leurs enfants, afin de s’assurer que tout le supposé travail de leurs ancêtres ne soit ruiné. On ne transige pas avec la valeur de l’arbre généalogique.

Jack perçoit Greg comme un agent secret tentant de s’infiltrer au sein de la famille Byrnes. Un élément hostile. Il fume, n’aime pas les chats, n’est pas comme les autres. Surtout, il force Jack à la cohabitation. Il perturbe. Concrètement, Greg ne fait rien d’autre que mettre la pagaille au sein de cette famille sans histoire.

That smell Bob is our shit. Focker flushed the toilet in the den so the septic tank overflowed.

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Dans ce mano a mano entre le gendre et la belle famille règne une tension d’autant plus intense que Jack ne se remet d’ailleurs pas en question lui-même. Il ne laisse aucun moment de répit à Greg. En même temps, ce n’est pas à lui de faire les efforts. Et il a le mérite d’être honnête.

Under my roof, it’s my way or the long island expressway.

Le constat tragique est qu’il n’existe pas de happy end. Jack ne devient pas soudainement moins bête grâce à Greg. Et Greg ne progresse pas forcément grâce à Jack. Ils cohabitent simplement, difficilement, toujours un peu sous la menace de l’autre et la garde jamais complètement baissée. A l’image du voisinage franco-allemand, ils ne sont et ne seront jamais complètement sereins.

L’erreur de Greg est qu’il prie pour que tout se passe bien. Il ne réussit pas à être lui même car il ne pense qu’à plaire à Jack, ce qu’il ne réussira jamais. Certes Jack l’observe et le teste. C’est son piège. Car à vouloir tellement bien faire, Greg finit par se dénaturer.

Jack cherche à voir ce qui se cache en Greg. Il ne s’intéresse pas au Greg bien lisse, au contraire. Jack déteste les menteurs et finit par les démasquer. Greg ne joue pas du tout le jeu du détecteur de mensonge. Il se croit supérieur et commet une erreur. Tout pourrait peut-être se régler si Greg confiant à Jack ce qu’il a sur le cœur.

Le mariage n’est pas un sprint, plutôt un marathon. Dans cette épreuve d’endurance, personne n’arrive à jouer la comédie bien longtemps. Les comiques que nous sommes ne mettent pas longtemps avant de perdre leur nez de clown. La preuve: Patrick Sébastien, Laurent Gerra, Michel Leeb, Jean Roucas nous ont bien fait marrer avec leurs gags jusqu’à ce qu’on réalise qu’en fait, ils n’étaient tout simplement pas drôles.

Il ne nous manque plus que quelques années pour réaliser que c’était aussi le cas pour Arthur, Anne Roumanoff, Nicolas Canteloup ou Elie Semoun. Voire même Gad Elmaleh.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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