SHORTBUS

SHORTBUS

John Cameron Mitchell, 2006

LE COMMENTAIRE

Rien de plus agaçant que de perdre ses clés. Chercher partout, pendant des heures, sans rien trouver. Perdre son sang froid. S’improviser Colombo. Remonter le temps pour se rappeler peut-être de l’endroit où on a vue ces maudites clés pour la dernière fois. En général, c’est derrière le frigo qu’on les retrouve. Certainement pas derrière le canapé. Surtout quand on les cherche à deux, sans vêtement et excités comme des singes savants.

LE PITCH

À New-York, tous les soucis s’évanouissent grâce à une bonne partouze.

LE RÉSUMÉ

Sofia Lin (Sook-Yin Lee) est une sexologue. Jamie (PJ DeBoy) et James (Paul Dawson) viennent la consulter car, après 5 ans, ils songent à une relation libre pour retrouver du souffle. Au cours de la séance, Sofia laisse échapper qu’elle n’a jamais eu d’orgasme. En plus d’être peu professionnel, cette révélation semble incroyable.

So you’re a sex therapist and you’ve never had an orgasm?

Le couple propose à la thérapeute de venir au Shortbus, un salon de rencontres artistico-libertines tenu par Justin Bond (Justin Bond). Tout le monde y vient, même l’ancien maire de New York.

As my dear departed friend Lotus Weinstock used to say: ‘I used to wanna change the world. Now I just wanna leave the room with a little dignity.’

Sofia y fait la rencontre de Severin (Lindsay Beamish), une dominatrice aussi profondément insatisfaite que les autres. Tous les deux vont échanger à propos de leurs problèmes relationnels respectifs.

L’incapacité de Sofia a trouver l’orgasme affecte son compagnon Rob (Raphael Barker) qui se sent coupable et monte à son tour dans le Shortbus.

Jamie et James couchent avec Ceth (Jay Brannan), ce qui ne ravit pas Caleb (Peter Stickles), leur voisin voyeur d’en face qui craint la disparition du couple. Tous les quatre se rencontrent au Shortbus.

James fait une tentative de suicide. Il est secouru par Caleb avec lequel il fera l’amour sous les yeux de Jamie, incrédule. Rob consulte Severin qui finit par perdre le contrôle tandis qu’elle fouette les fesses de son client. Sofia continue d’avoir des cauchemars à cause de cet orgasme qu’elle n’arrive toujours pas à trouver.

Tout le monde va faire un tour au Shortbus.

Come on, let’s go get laid.

Jamie et James y font l’amour, suivis de Seth et Caleb. Severin semble étonnement heureuse. Sofia rejoint un couple et finit par trouver l’orgasme, enfin.

Après un black out, les lumières se rallument à Brooklyn.

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L’EXPLICATION

Shortbus, c’est un sanctuaire.

New York est considéré par ses habitants comme le centre de l’univers. Rien que ça. La ville où l’on ne dort pas est remplie d’insomniaques. Comme chacun sait, le manque de sommeil génère de l’anxiété (cf The Machinist), c’est pourquoi NYC n’est pas facile à vivre. Ville de Woody Allen, capitale de la prise de tête. Le snobisme à l’Américaine (cf Birdman). Mais aussi Wall-Street et ses loups. Tout va vite. Très vite. On se marche sur les pieds avec beaucoup d’agressivité. C’est la vraie vie.

Are you a top or a bottom?

I beg your pardon?

I mean in real life.

This is real life!

Pour le dire autrement, New York n’est pas la ville la plus chilled. Le level le plus élevé de tout le jeu vidéo. Sinatra avait raison : si on réussit à New York, on peut réussir à peu près partout ailleurs.

Si la ville n’avait que des défauts, elle ne serait pas aussi fascinante. Quel est le charme de NYC? Les New Yorkais d’adoption y viennent pour y découvrir des choses nouvelles. Ils sont à la fois tourmentés (cf Frances Ha) et également curieux de ce que la vie peut leur apporter. Prêts à tout essayer (cf Satyricon).

You know what’s the most wonderful thing about New York? It’s where everyone comes to get fucked. It’s one of the last places where people are still willing to bend over to let in the new. And the old. New Yorkers are, uh, permeable.

Cette quête intense du Bonheur est vécue dans un état d’insatisfaction chronique, parce qu’on peut toujours avoir mieux. On le sait. D’ailleurs on ressent une tristesse hypocrite pour toutes celles et ceux qui ne réussissent pas autant que nous – alors qu’on est concentré personnellement sur comment réussir davantage.

I do feel sorry for people who don’t have what we have.

Dans la comparaison permanente, et donc la prétention. Pression maximum.

I love loving my husband. It’s just, there comes a point sometimes where it gets a lot of pressure and kinda like, it feels a little bit, kinda like, um, like somebody’s gonna kill me, and I just have to smile and pretend to enjoy it. And that way I can survive.

On pourrait prendre une respiration. Être cool. Relativiser comme tente de le faire Severin.

Why is it so important for you to have an orgasm anyway? I mean, it feels good, but it’s not gonna save your life.

Cela ne fonctionne ainsi. This is New York. On coupe pas des oranges ici (cf L’associé du diable). Il ne faut pas que réussir, il faut réussir en grand, sinon rien ne vaut la peine. Et tant qu’on n’y est pas parvenu, on souffre à l’image de Sofia à qui il manque un orgasme. Elle couche dans toutes les positions possibles et imaginables. Puis tente de se convaincre qu’elle pourra dépasser son souci existentiel avec Rob grâce à leur intelligence.

I think we can get over this. We can work this through, we’ve been through a lot of stuff together. 

shortbus

Encore une fois très New Yorkais de sa part.

Heureusement, il existe un petit havre de paix sur cette île de fous : le Shortbus. Un endroit où tout est possible : hommes, femmes, petits, grands, blancs, noirs, gros, moches peu importe! Personne ne juge personne. Tout le monde n’y est qu’amour. La volupté, sans les chandelles. La communion, sans Monsieur le Curé. Là où tous les pauvres pêcheurs que nous sommes peuvent trouver un peu de sérénité.

New York is where everyone comes to be forgiven.

Le sexe dans sa forme la plus pure.

Le cerveau se débranche naturellement, préalable nécessaire pour que Sofia puisse prendre du plaisir. Tout n’est que sensations. Severin est submergée par la vibe. Plus de raison d’être en colère contre quoi que ce soit. Se fondre dans la masse pour mieux fuir notre individualité, l’espace d’un instant. Fermer les yeux. Et en voir de toutes les couleurs.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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