MAX ET LES FERRAILLEURS

MAX ET LES FERRAILLEURS

Claude Sautet, 1971

LE COMMENTAIRE

Les hommes sont de gros nigauds. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez (cf Her). Quand même conscients de leurs propres limites, ils se servent d’outils pour voir plus loin – ce qui est tout à leur honneur. Par contre, ces imbéciles maîtrisent mal leur voyeurisme (cf Fenêtre sur cour), ce qui les conduit à faire du surplace et bloquer les voies sur berge.

LE PITCH

Un flic frustré instrumentalise un groupe de petits gangsters.

LE RÉSUMÉ

Max (Michel Piccoli) aurait bien aimé coincer Carmona mais il s’est fait doubler par son informateur. Encore un braquage de banque, encore un mort sur la conscience. La honte.

Je passe pour un con, une fois de plus!

L’inspecteur de police sait très bien qu’il doit arrêter les contrevenants sur le fait.

Ces mecs ne sont coupables qu’au moment du flagrant délit!

C’est en croisant Abel (Bernard Fresson) que lui vient une idée lumineuse : Exploiter son ancien camarade de régiment devenu truand de banlieue pour réaliser un gros coup, à moindre frais.

Je veux juste réussir un flagrant délit avec un minimum de risque.

Son plan est de retourner la tête de Lily Ackermann (Romy Schneider), une travailleuse du sexe indépendante qui partage la vie d’Abel.

Alors Max se fait passer pour Felix, un banquier. Il utilise sa fortune personnelle pour se payer les services de Lily – dont il refuse de profiter.

Tu veux pas faire l’amour ?

Non.

Ben qu’est-ce qu’on fait ?

Rien.

À dessein. Son comportement inattendu interpelle la jeune femme. Tous les deux se voient régulièrement et parlent. Lily commence à comparer ses deux hommes. Elle reproche tout doucement à Abel et ses copains de se laisser aller.

Faut reconnaitre qu’on n’est pas des bolides…

Le plan de Max fonctionne à merveilles puisque Abel se met en tête de braquer la banque de Félix. Les ferrailleurs tombent dans le panneau. La police les arrête.

On est vraiment des vrais cons.

Lily découvre que Max l’a piégée.

Tu me connais pas.

Il lui promet qu’elle ne sera pas inquiétée. Malheureusement, l’affaire a mal tourné. Un mort. Le commissaire Rosinsky (François Périer) mène l’enquête et souhaite interroger Lily soupçonnée de complicité. Max tente de l’en dissuader. Rosinksy insiste. Alors Max l’abat de plusieurs balles à bout portant.

Il est arrêté sur le champ, puis conduit d’un commissariat à un autre. En chemin, son regard amoureux croise celui de Lily.

Il a rejoint les autres dans le trou où il voulait les mettre.

L’EXPLICATION

Max et les Ferrailleurs, c’est casser la routine par amour.

Certains hommes sont des espèces en voie de disparition parce qu’ils sont profondément romantiques, à l’image de Max. Quelqu’un conscient que la vie est courte.

La terre tourne si vite.

De fait, il essaie de se poser les bonnes questions. Mieux vaut trouver ce qui fait vibrer plutôt que ce qui fait sens dans la vie.

Je n’essaierai plus de comprendre.

Y’a rien à comprendre.

Cette bataille là n’en vaut pas la peine.

L’amoureux du beau geste a horreur des habitudes. Il a d’abord quitté son job de juge pour se rapprocher du terrain. Lorsque son supérieur tente de le consoler après l’affaire Carmona, Max ne peut tout simplement pas se satisfaire de son explication.

On en rate une affaire, on en réussit une autre.

Certainement pas!

Max est tout le contraire de son ancien camarade : Abel est un planqué. Quelqu’un qui a préféré faire dix ans dans la légion parce qu’il pensait avoir tué un homme. Qui laisse sa compagne coucher avec d’autres hommes par laxisme plus que par amour. Se laissant porter par les événements. Redoutant le pire.

Je sais pas comment tout ca va finir…

Max ne se cache pas. Il procède aux arrestations, en première ligne. Cet homme ne se satisfait de rien. Son goût du luxe lui permet d’apprécier un bien qu’il s’est procuré trois fois trop cher – sans y toucher. Surtout lorsqu’il s’agit d’une personne pour laquelle il a trop de respect.

Il considère que l’argent est nécessaire mais pas suffisant. Certes il est bon d’en avoir pour être libre, tout comme il est bon de le dépenser pour rester libre.

C’est pas pour l’argent…

Ce qui fait vibrer Max n’est pas de réaliser le coup parfait parce qu’il sait que c’est impossible. Au moins, cette quête lui permet de continuer à avancer.

Ce qui fait vibrer Max n’est pas de jouer aux cartes, même en charmante compagnie.

Max veut se faire dépasser par une émotion. Une impulsion. Rien ne l’excite autant que le flagrant délit puisque cela se passe sur le vif. Dans l’action.

Dans cette affaire, il va se rendre compte que son coup monté ne le satisfait pas. Il a coincé Abel et ses copains mais l’inception était presque trop facile. Tout s’est passé comme prévu, ce qui l’ennuie.

Vous voulez les choses et quand elles arrivent on dirait que vous êtes mécontent.

Lily va lui offrir ce qu’il cherche. Elle le dépasse dès le moment où elle claque la porte pour le remettre à sa place.

J’suis peut-être une putain, mais pas pour n’importe qui.

Lily l’intéresse. Elle ne peut pas être achetée contrairement aux apparences. Max en tombe très vite amoureux. Tant et si bien qu’elle le conduit à commettre un acte insensé. Max tue l’un de ses collègues. Incompréhensible pour tout le monde, sauf pour celles et ceux qui savent qu’il n’est pas comme les autres.

S’il était fou, ça arrangerait tout le monde.

Il préfère aller en prison par amour plutôt que de triompher d’une arrestation truquée. Par ailleurs, il n’aurait pas pu accepter que Lily soit inquiétée par sa faute. Donc il se sacrifie pour elle (cf Le silence des agneaux).

Lorsqu’il la regarde en partant, Max semble lui être reconnaissant pour ce qu’elle a fait de lui. Il tournait en rond, pire que dans la cour d’une prison. Cette fois-ci, il va pouvoir rejoindre sa cellule l’esprit au clair (cf Flight).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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