JOY
David O. Russell, 2015
LE COMMENTAIRE
Les femmes ont longtemps garanti la propreté du chateau ainsi que la bonne éducation des enfants pendant que les hommes partaient à la chasse au dahu. À présent c’est fini. Les bad boys ont posé leur gun, suivant en cela les conseils avisés de NTM. Il fallait bien que quelqu’un reprenne les choses en mains.
LE PITCH
Une jeune femme lâche sa vie pour suivre la voie de l’auto-entreprenariat.
LE RÉSUMÉ
Joy Mangano (Jennifer Lawrence) fait partie de la lower-middle class Américaine. Cette CSP qui donne l’indicateur de la bonne santé économique d’un pays. Mère divorcée de deux enfants, elle travaille aux réclamations pour une compagnie aérienne et vit dans l’état de New York. Sa mère Terri (Virginia Madsen) passe son temps à regarder des soap opera à la TV. Son père Rudy (Robert De Niro) revient à la maison la queue basse après s’être fait virer par sa nouvelle femme. Il réclame un peu de place au sous-sol, où squatte encore l’ex-mari de Joy Tony (Édgar Ramírez).
You must admit, Joy, that your life to date makes a stronger case for… disappointment.
Seule Mimi (Diane Ladd), la grand mère de Joy, croit encore en elle. Tout n’est pas perdu.
Honey, listen, I know life hasn’t gone as we discussed many times, Sweetheart, and you don’t exactly have your whole life ahead of you, but you still have a good portion of it anyway.
Joy tape du poing sur la table et le fait savoir à sa meilleure amie Jackie (Dascha Polanco).
What happened to us, Jackie? All the things we used to dream about? I feel like things keep getting farther and farther away.
Elle qui a toujours eu plein d’idées décide de se donner une chance. Son projet : un nouveau type de balais révolutionnaire. Elle fait littéralement le ménage en virant son père et son ex-mari de chez elle pour mieux se lancer.
Joy doit passer toutes les étapes, à commencer par trouver un financement auprès de Trudy (Isabella Rossellini), la nouvelle petite amie de son père. Les débuts sur le parking de Kmart sont chaotiques.
Par l’intermédiaire d’un ami de son ex-mari, elle fait la rencontre de Neil Walker (Bradley Cooper) qui flaire l’opportunité et veut pousser ses balais à la TV. La première tentative est un fiasco. Le vendeur est lamentable. Joy s’accroche pour présenter son produit elle-même. Ça marche. Les commandes pleuvent.
The phones are ringing!
Cette fois, il faut délivrer. Mais les producteurs augmentent leurs prix, la poussant à la faillite.
You have to file, too, because of your mortgage, your children’s future, and your loss and you have to prepare yourself for that.
Tout le monde pense qu’elle est finit. Joy se rend en Californie, puis au Texas pour défendre et faire renaître son affaire. Désormais, c’est elle la boss. C’est elle qui donne leur chance aux petites gens comme elles, qui ont des idées mais pas de moyens.
Qui l’aurait cru ?
She’d put up with just about anything… until when she had to bring the hammer down. She brought the hammer down. (…) She didn’t know any of this would happen, as she walked that day.
L’EXPLICATION
Joy, c’est l’avènement d’une grande patronne.
Aux Etats-Unis, on vit avant tout pour réaliser son rêve. Ce rêve se définit en priorité par le succès dans les affaires : accumuler du bénéfice pour s’acheter plusieurs voitures, plusieurs maisons. L’accumulation du capital. Voilà à quoi ressemble la réussite dans le monde occidental, voire même le bonheur. Y compris pour les femmes qui, en vertu de la parité, n’attendent plus le prince mais veulent encaisser du cash money.
Everybody starts with a some kind of dream of what life will be. You need a handsome prince, that’s what you need: a prince.
No, I don’t need a prince.
Certaines se font une place en salle de réunion comme Tess McGill (cf Working Girl). C’était les années 80. Aujourd’hui, il faut viser encore plus haut. Ce qui n’est facile pour personne et encore moins pour une femme lambda de l’état de New York.
Pas le temps de s’apitoyer sur son propre sort. Joy ne veut plus de ces soirées nulles avec ses copines à regretter ce qu’elle aurait pu faire dans la vie. Alors elle prend les devants en réclamant ce qu’on lui doit pour pouvoir se lancer.
I am respectfully asking for the favor you owe me.
Naïve, elle découvre le monde du business impitoyable.
Business is unfair, that’s it.
Autour d’elle, on lui fait bien sentir qu’elle n’a pas sa place.
Oh, you’re never going to make it in a man’s world dressed like that. (cf Scandale)
On lui fait des coups tordus.
You were not properly advised.
Cet univers est rempli de faux amis qui se réjouissent de ses échecs. Sur cet océan d’égoïsme, elle est seule sur son bateau.
It’s your business, your debt.
Quand le succès est là, son entourage se rappelle à son bon souvenir pour profiter de son gâteau. Ceux-là même qui trouvaient pourtant les mots les plus violents à son égard hier quand les choses n’allaient pas aussi bien.
It’s my fault, I gave her the confidence to think she was more than an unemployed housewife, selling plastic kitchen stuff to other unemployed housewives on a junk cable channel. (…) It was my mistake to make her think she was more than she was.
Quand son entourage ne se retourne pas carrément contre elle, à l’image de sa demi-soeur qui devient une concurrente (cf There will be blood).
Rien de personnel. Strictement business. Plus que de ne pas abandonner, Joy va devoir accepter de se casser les dents, pour mieux devenir une prédatrice redoutable. Être prête à risquer de tout perdre pour mieux tout gagner. Ce sont les règles. Elle ne travaille pas pour un organisme à but non lucratif. Il faut se battre.
Don’t ever think that the world owes you anything, because it doesn’t. The world doesn’t owe you a thing.
Joy va devoir chuter plusieurs fois pour refuser très fermement qu’on lui dise non, comme Jordan Belfort (cf The Wolf of Wall Street), un autre héros Américain.
I can’t accept your answer. I can’t, and I won’t.
Refuser de se faire rouler dans la farine par les Californiens à la solde des Texans.
Se nourrir de toute cette énergie négative pour puiser sa force.
Et surtout faire les choses à sa manière.
I wanna go on as me.
You wanna go on as you, then I hope you make it back.
Le succès n’est pas donné à tout le monde. Heureusement d’ailleurs, sinon ce serait trop facile.
That’s why people don’t go around making an invention every other day. Now, wake up!
Les idées sont nécessaires mais pas suffisantes. Il lui faut aussi l’oeil de l’entrepreneur (cf Rocky 3).
Quand on a fait tout ce chemin et frôlé la banqueroute à de nombreuses reprises, on se dit qu’il serait tentant voter Républicain. Ces gens qui vantent les mérites de la prise de risques, bien au chaud derrière les murs de leurs mansions dont la sécurité empêche qu’on s’en approche à moins de 100m.
Au contraire, Joy tend la main aux gens comme elles, que personne n’a aidé. Elle fait monter les autres à bord de ce rêve Américain dont elle a bénéficié elle-même. Ne pas rompre la chaîne alimentaire. Il y a plus d’argent encore à se faire encore de cette manière.
Une belle fable à laquelle on a tous envie de croire très fort.
Un commentaire