BAD BOYS

BAD BOYS

Michael Bay, 1995

LE COMMENTAIRE

Dans le Lion et le rat, Jean de la Fontaine prouvait qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. C’était 300 ans avant la libération sexuelle de mai 68. 350 ans avant l’égalité des sexes – que nous n’avons pas encore atteinte. Aujourd’hui en tout cas, on ne peut plus ignorer qu’on a toujours besoin d’une femme. Surtout pas deux hommes avec de gros biceps et armés jusqu’aux dents.

LE PITCH

Deux flics en Floride se retrouvent embarqués dans un vaudeville à l’ancienne.

LE RÉSUMÉ

La police de Miami se fait voler pour $100 millions d’héroïne. Les stups du Capitaine Howard (Joe Pantoliano) l’ont d’autant plus mauvaise que les internal affairs menacent de fermer son unité. 72h pour retrouver le matos.

Marcus Burnett (Martin Lawrence) et Mike Lowrey (Will Smith) sont sur le coup. Tout les oppose au sens où Marcus est un bon père de famille, avec toutes les contraintes qui viennent avec. Tandis que le célibataire Mike est un séducteur invétéré (cf Shame). Ils s’entendent comme chien et chat et malgré tout, le tandem est efficace.

La dope a été dérobée par un ex-flic (Emmanuel Xuereb) qui se fait abattre par le baron Fouchet (Tchéky Karyo). Maxine « Max » Logan (Karen Alexander), l’ex-petite amie de Mike, est une victime collatérale. Son amie Julie Mott (Téa Leoni) s’en sort et devient la seule capable de faire tomber tout le monde. Les deux flics doivent remonter jusqu’à Fouchet, tout en protégeant Julie.

Le hasard des circonstances veut que Marcus joue le rôle de Mike auprès de Julie. Comme si l’enquête n’était pas assez compliquée comme ça : les relations entre Marcus et sa femme Theresa (Theresa Randle) sont orageuses. Les quiproquos embarrassants se succèdent.

It’s not what it looks like okay?

Dépassant les malentendus, Marcus et Mike récupèrent la came et neutralisent Fouchet. Ils se font une  déclaration d’amour mutuelle, très professionnelle.

I love you too man.

You my boy!

Après quoi, Marcus menotte Julie et Mike ensemble pour mieux retrouver sa femme. La seule. L’unique.

badboyz

L’EXPLICATION

Bad Boys, c’est remettre l’église au centre du village.

Comme lors de chaque début de siècle, la tendance est à la projection. On lit un peu partout qu’il faut se poser la question de sa raison d’être. Tout nous rappelle que nous ne sommes que bien peu de chose. Et mon ami la rose me l’a dit ce matin. Il y a plus important que nous-mêmes, comme le projet collectif dans lequel nous pouvons nous inscrire : se battre pour le régime des retraites ou défendre l’environnement. Parce qu’on aura l’air fin avec nos rentes mensuelles dans un monde invivable.

Pour transcender sa petite personne, il faut prendre de la hauteur (cf Bad Boys). Avoir une vision. Trouver sa vocation, comme l’a fait Marcus en s’engageant dans les forces de police.

All I ever wanted was to be a cop.

Quand on regarde plus loin que le bout de son nez, on peut entrevoir la big picture et peut-être même se rapprocher du sens de la vie. Penser à demain pour dépasser aujourd’hui.

Inversement, les petites choses du quotidien sont décriées comme du menu fretin. La routine est associée à quelque chose de pénible, comme les problèmes sexuels du couple – dont souffre Marcus et Theresa.

You know I’m a better cop when I get some in the morning!

La routine ne nous tire pas vers le haut, surtout quand elle consiste à regarder Nagui, confortablement installé dans son sofa acheté chez Cuir Center dont on aura vu la pub sur un autre programme télévisé de qualité. Elle incite même à ralentir, ce que Mike déteste et reproche à Marcus. On avance au ralenti.

You drive almost slow enough to drive Miss Daisy!

Il est de fait que la routine anesthésie. Le service des stups de Miami s’est un peu reposé sur ses lauriers et ne s’est pas méfié de l’un des leurs qui en a profité pour subtiliser une grande quantité d’héroïne. Gênant.

C’est pour ça qu’il est préférable de penser à l’ensemble plutôt qu’à l’individu.

Et pourtant, sans individu, pas d’ensemble. Donc l’individu, son quotidien et ses petites contrariétés comptent malgré tout. C’est ce quotidien qui va être salutaire au couple Marcus Mike. En se concentrant sur les vaines disputes qu’il entretient avec sa femme, Marcus évacue la pression de devoir retrouver $100 M d’héroïne pure en moins de 72h.

Quand Mike s’agace sur le chien de Julie qui défèque sur son tapis, il ne tremble pas au moment de tirer sur Fouchet. Les deux flics profitent même de l’une de leurs nombreuses disputes quotidiennes pour faire diversion et arrêter des gangsters. Leurs petits pets de travers les aident à faire le job.

Car ils n’ont certainement pas un job ordinaire. Leur vie ne ressemble pas à celle de monsieur tout le monde. Ce n’est pas de la rigolade d’être flic à Miami.

We ain’t the Cosby’s.

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Julie a l’air de croire que c’est facile parce qu’ils ne se prennent pas au sérieux. Marcus est contraint de remettre les pendules à l’heure.

This is real cop stuff. This is not Charlie’s Angels!

Effectivement, ils ont la lourde responsabilité de sauver le monde. Comment se lève-t-on chaque matin avec autant de pression sur les épaules ? Marcus essaie de se convaincre qu’il est Superman.

My wife know I ain’t no bitch. I’m a bad cop.

Pourtant, il n’est qu’un homme dans toute son imperfection : avec sa bêtise, sa jalousie et ses troubles de l’érection. Pour sauver le monde, il doit d’abord s’assurer de rentrer en vie à la fin de la journée. Il doit s’assurer que ses petites affaires tournent. Ses petits tracas peuvent même l’aider à mieux faire le travail.

Ça parait incroyable. Le Capitaine Howard lui-même ne comprend pas leur dynamique.

They’re going to shoot each other… This is unbelievable!

Ces hommes ont fait le choix judicieux de ce concentrer sur le micro, l’infiniment petit, pour mieux gérer le macro, l’infiniment grand. Pour servir les autres, ils se recentrent sur l’essentiel : eux-mêmes. Le couple Marcus Mike n’est pas parfait (cf Phantom Thread) mais il fonctionne. Alors pourquoi se priver ?

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

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