FAST AND FURIOUS : TOKYO DRIFT

FAST AND FURIOUS : TOKYO DRIFT

Justin Lin, 2006

LE COMMENTAIRE

Les Asiatiques sont en colère. Les principes de Confucius leur ont permis d’ignorer le racisme ordinaire dont ils étaient trop souvent les victimes (cf Gran Torino). Mais la plaisanterie a assez duré. Désormais, ils n’ont plus envie de rire. Ils appuient sur le champignon (cf Jour de Tonnerre).

LE PITCH

Les moteurs ronronnent également au Japon.

LE RÉSUMÉ

Sean Boswell (Lucas Black) est obligé de quitter l’Arizona suite à une embrouille impliquant le capitaine de l’équipe de foot locale et sa petite amie. Une course qui finit mal. Deux voitures qui finissent dans le décor. Et direction le Japon, où est détaché le Major Boswell (Brian Goodman).

You just can’t move away every time you get in trouble…

À Tokyo, Sean ignore pourtant les conseils de son père. Il se retrouve bien vite sur le circuit des courses illégales par l’intermédiaire de Twinkie (Bow Wow). Chassez le naturel… Sean tombe à nouveau sous le charme de la mauvaise fille.

En l’occurrence, Neela (Nathalie Kelley) est la propriété de Takashi (Brian Tee), le neveu de Kamata (Sonny Chiba) – le chef des Yakuza. Pas vraiment le genre de type avec lequel on veut avoir des problèmes.

This isn’t your scene.

Sean n’a jamais pratiqué les courses en dérapage contrôlé mais il n’a peur de rien. Il se lance dans l’aventure et sympathise avec Han (Sung Kang), l’associé de Takashi.

Les tensions entre les mâles dominants vont se régler une nouvelle fois à la régulière : derrière le volant. Sean fait parler ses talents de conducteur hors-pair et met Takashi hors-circuit. Désormais, c’est lui le boss. Il est même adoubé par Kamata.

Le nouveau boss va se faire aussitôt challenger par un autre Américain de passage à Tokyo : un certain Dominic Torreto (Vin Diesel).

I have nothing but time.

L’EXPLICATION

Fast and Furious : Tokyo Drift, c’est se conduire de manière impérialiste.

Nul n’est prophète en son pays. En Arizona, Sean se fait peut être remarquer mais il dérange. Avec sa Chevrolet Monte Carlo, il ne doute pas de lui. Capable qu’il est de sortir des punchlines qui plaisent à certaines filles :

It’s not the ride, it’s the rider.

Le genre de filles qui se proclament trophées d’une course de voitures par exemple.

The winner gets me.

Malheureusement pour Sean, son arrogance finit par lui jouer des tours. Il fait une sortie de piste qui le condamne à devoir s’exiler au pays du Soleil Levant. Un pays qui a été terrassé jadis par deux bombes atomiques Américaines. L’occasion de rappeler qui est le patron.

Sean débarque donc à Tokyo comme en terrain conquis : il se permet d’arriver en retard à l’école, de rentrer dans la salle de classe sans uwabaki, de ne pas faire l’effort de parler la langue locale. Un vrai cow-boy.

Sean est un dragueur à l’ancienne. Son approche avec Neela est très macho. Très assumée également.

Boys. All they care about is who’s got the biggest engine.

I’m a guy. It’s in my DNA.

Ce jeune homme parle avec l’assurance de ceux qui ont un gros sexe.

Sean n’a pas beaucoup de modestie lorsqu’il s’agit de parler de lui. Il se positionne comme un challenger, faisant hommage à l’esprit des pionniers (cf There will be blood).

I kind of made myself an outsider…

Un self-made man en quelques sortes. Le mec s’est fait tout seul, à l’image de son pays.

Au Japon, Sean se demande quand même où il a mis les pieds. Lui qui est pourtant acquis au principe de propriété privée s’étonne lorsqu’on lui fait des reproches quand il drague la copine d’un autre. Soudainement, il se met à parler de liberté non sans une certaine hypocrisie.

I thought this was like a free country.

Le brave garçon, avec son accent à couper au couteau, n’a pas une once de culture. À Tokyo, il est relativement loin de sa zone de confort (cf Lost in Translation). Autour de lui, cela s’interroge à travers des questions profondes que Sean n’a certainement jamais eu l’occasion de se poser lui-même. Neela challenge les étiquettes que Sean aime coller sur la base de l’origine géographique.

Does it really matter where I’m from?

Han interroge le monde des courses automobiles d’une manière plus globale. Pour lui, il ne s’agit pas simplement d’appuyer sur l’accélérateur.

What’s the point of a race?

Han observe ses contemporains sans jugement. Ce qui ne l’empêche pas de se poser la question de l’autorité, à la manière d’un Anton Chigurh (cf No Country for Old Men). À quoi bon s’agiter dans un pays à la justice à deux vitesses, où ceux qui vont à plus de 180km/h ne sont même pas arrêtés par la police car elle n’en a pas les moyens ?

They’re following the rules, for what?

Même Takashi, sous ses airs de dur à cuir, se dispute avec sa copine par le biais de quelques questionnements philosophiques pas évidents.

Do you know who you are?

Chaud.

Quel drôle de pays! Pour Sean, tout cela ressemble à du Chinois. Ce qui n’est pas grave en soi car il n’est pas à une approximation près. De son coté, il préfère revenir à des notions rassurantes. Des réflexions beaucoup moins perchées et partagées de manière affirmative plus qu’interrogative. Il parle de volonté, à l’Américaine.

All that really matter is to know what you really want.

Savoir ce qu’on veut. Parce que quand on veut on peut. En l’occurrence, Sean veut dominer. Il veut gagner, il veut aussi la fille! Qu’il finira par obtenir, puisque rien ne lui résiste. Pour y arriver, Sean ne rechigne pas à la tâche. C’est un bosseur. Reconnaissons-lui au moins cette qualité. Il doit apprendre à conduire différemment et va s’entrainer à la dure (cf Stop at Nothing). Car pour s’imposer à l’étranger, il doit devenir un héros complet.

Ce qu’il va réussir à faire. Les locaux se moquent d’abord de lui mais Sean ignore les railleries. Sûr de sa force. De toute façon, il méprise les Japonais. Peu importe ce que ces sauvages peuvent bien penser. Sa confiance en lui est inébranlable. Il garde également sa bonne humeur légendaire.

En apprenant à contrôler les dérapages, il va se retrouver dans le moment comme lui explique Neela. Dans le virage : pas de passé, ni de futur. Cela tombe bien car Sean n’est pas du genre à se prendre la tête avec ce genre de considérations. Jusque là, il conduisait tout droit. Maintenant il sait aussi tourner, tout en continuant d’avancer.

Sean a battu le méchant. Mérité le respect du patron de la mafia. Gagné le coeur de la princesse. À sa manière. Bravo. En France, on s’exclamerait champion mon frère! (cf Les Bleus 2018). Plus rien ne peut se mettre sur son chemin désormais – sauf Dominic Torreto.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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