HALLOWEEN : LA NUIT DES MASQUES
John Carpenter, 1978
LE COMMENTAIRE
Il ne faut pas grand chose pour épouvanter l’Occident : une citrouille avec une bougie à l’intérieur, un soir de fin octobre. Rappel que certain·es égoïstes jouent à se faire peur avec de la nourriture quand des gens meurent encore de faim ailleurs.
LE PITCH
Un tueur revient sur les lieux du crime quinze ans plus tard.
LE RÉSUMÉ
Le petit Michael Myers (Will Sandin), six ans, ramasse un masque de halloween au sol puis assassine sa soeur (Sandy Johnson) à coups de couteaux.
Quinze ans plus tard, Michael (Tony Moran) a atteint la majorité et doit comparaitre devant le tribunal où il risque une peine de prison conséquente. Il s’échappe de l’hôpital psychiatrique où il était détenu.
He’s gone from here! The evil is gone!
Son thérapeute, le Dr. Samuel Loomis (Donald Pleasence), alerte immédiatement les autorités compétentes locales.
You must be ready for him!
À Haddonfield, personne ne se doute de ce qui se trame…
Laurie Strode (Jamie Lee Curtis), Annie Brackett (Nancy Kyes) et Lynda Van Der Klok (P. J. Soles) mènent leur vie comme si de rien n’était. Un homme étrange à bord d’une voiture attire à peine leur attention.
À plusieurs reprises pourtant, Laurie distingue une silhouette derrière les buissons.
Mauvaise nouvelle : la tombe de Judith Myers a également disparu.
La nuit tombe.
Annie et Laurie font du baby-sitting auprès de Lindsey Wallace (Kyle Richards) et Tommy Doyle (Brian Andrews). Celui-ci aperçoit Michael et pense qu’il s’agit du croquemitaine. Laurie tente de le rassurer.
Laurie, what’s the boogeyman?
There’s no such thing.
Laurie fait dans son froc. Le Dr Loomis aussi. En fait, tout le monde a peur.
Seems to me you’re just plain scared.
Yeah, yeah I am…
Et pour cause : Michael frappe. Il tue d’abord le chien des Wallace. On sait que les personnes capables de violence sur animaux peuvent être très dangereuses. Michael tranche la gorge d’Annie. Puis il tue Bob (John Michael Graham), le petit copain de Lynda. Celle-ci meurt étranglée au téléphone avec Laurie incrédule au bout du fil (cf Scream).
I’ll kill you if this is a joke!
Chez les Wallace, Laurie retrouve ses ami·es mort·es et la tombe de Judith sur le lit où git Annie. C’est l’horreur. Michael poursuit Laurie jusque chez les Doyle. La ligne du téléphone fixe est coupée. Le smartphone n’existe pas encore.
Laurie parvient à planter un cintre à travers le masque de Michael. Puis elle le poignarde. Loomis arrive sur les lieux et neutralise Michael qui tombe depuis le balcon.
Lorsque Loomis se penche par la fenêtre, Michael a disparu…
L’EXPLICATION
Halloween : la nuit des masques, c’est devenu une tradition.
Le petit Michael Myers n’en avait aucune idée, mais lorsqu’il a tué sa soeur de sang froid à l’âge de six ans à peine, il a donné malgré lui une idée géniale à l’industrie du marketing. En effet, son acte horrible suscite une émotion si forte que l’on peut facilement l’exploiter commercialement – comme on exploite déjà l’amour lors de la St Valentin.
Comme rien ne plait autant que de jouer à se faire peur, Michael Myers et son masque sont devenus les symboles de la frousse.
It’s Halloween. Everyone’s entitled to one good scare.
Il s’agissait tout simplement de le faire revenir à la maison pour terroriser le voisinage.
He came home…
Le Dr Loomis est dans la combine depuis le début. C’est quand même un peu grâce à son incompétence que le jeune psychopathe s’est sauvé de l’hôpital… Que fait le psy après sa boulette ? Il jette de l’huile sur le feu en contribuant à alimenter le mythe du monstre.
I met him, 15 years ago, I was told there was nothing left. No reason, no conscience, no understanding in even the most rudimentary sense of life or death, of good or evil, right or wrong. I met this… six-year-old child with this blank, pale, emotionless face, and… the blackest eyes – the Devil’s eyes. I spent eight years trying to reach him, and then another seven trying to keep him locked up, because I realized that what was living behind that boy’s eyes was purely and simply… evil.
Si la mayonnaise a du mal à prendre auprès des jeunes adultes, trop occupé·es à copuler entre eux, les enfants sont les premiers clients. Très vite le croquemitaine devient une réalité angoissante.
But I saw the boogeyman! I saw him!
Okay, what did he look like?
Umm… the boogeyman!
À partir de là, le mythe s’auto-alimente.
You can’t kill the Boogeyman!
Le Dr Loomis met le ruban autour du paquet cadeau avec une punchline dramatique à souhait.
Death has come to your little town, Sheriff…
La machine est lancée. Il suffit d’éteindre les lumières. Les parents sont de sortie – comme par hasard.
We’re alone, aren’t we?
Michael fait quelques victimes, toutes innocentes bien sûr. Il tue aussi le berger allemand, ce qui veut dire qu’il n’a vraiment aucun scrupule. Derrière son loup, il fait vraiment ce qu’il lui plait – comme au bal masqué.
Complètement muet, Michael le mystérieux ne donne aucun indice sur les raisons de sa folie meurtrière. Il tue comme une machine (cf No Country for Old Men), ce qui le rend d’autant plus inquiétant car il est incompréhensible. On ne peut pas le raisonner.
Par ailleurs, Michael prend aussi des coups de couteau ainsi que quelques balles. Mais il s’en sort miraculeusement à chaque fois. Le Dr Loomis n’avait pas menti…
A man wouldn’t do that.
This isn’t a man.
Il doit être increvable pour mieux revenir. On ne doit pas se sentir en sécurité. Jamais. Un killer n’a finalement que peu d’intérêt s’il n’est pas serial.
Laurie traverse cette nuit de sueurs froides. Car il faut une survivante pour apporter une touche d’optimisme. Laurie est la pièce manquante du puzzle d’Halloween. Il faut que quelqu’un s’en sorte d’abord pour qu’on puisse s’identifier, et surtout pour que la persecution continue.
Laurie tremble encore au petit matin. À présent, elle peut se la couler douce avant que la menace ne revienne (cf The Purge). Vivement l’année prochaine.