SCREAM
Wes Craven, 1996
LE COMMENTAIRE
Les filles aiment jouer à se faire peur en regardant des films d’épouvante, toutes seules le soir chez elles en mangeant du pop corné. Elles sursautent, envoient peut-être un ou deux textos à quelques amis pour partager cette peur panique qu’elles s’infligent. Et puis elles finissent par se regarder dans la glace. L’horreur devient alors insoutenable.
LE PITCH
Un mystérieux tueur poignarde à tout va.
LE RÉSUMÉ
Casey Becker (Drew Barrymore), une lycéenne d’une petite ville californienne, reçoit un coup de téléphone d’un inconnu qui lui demande quel est son film d’horreur préféré.
What’s your favorite scary movie?
La blague tourne rapidement au vinaigre. Son petit ami est attaché à côté de la piscine. Si Casey se trompe de réponse, son copain meurt. Elle va se tromper puis se faire poignarder sauvagement à son tour.
Sidney Prescott (Neve Campbell) fête l’anniversaire de la mort de sa mère Maureen (Lynn McRee), soupçonné d’avoir été assassinée par Cotton Weary (Liev Schreiber).
À son tour de recevoir un coup de téléphone menaçant puis de se faire agresser par le tueur. Elle parvient à s’enfuir. Son petit ami Billy Loomis (Skeet Ulrich) arrive dans la foulée. Son téléphone portable tombe de sa poche, ce qui éveille les soupçons de Sidney. Billy est arrêté par la police puis remis en liberté le lendemain. Sidney passe la nuit chez son amie Tatum Riley (Rose McGowan).
Le lycée est fermé jusqu’à nouvel ordre. Le principal se fait poignarder.
Stu Macher (Matthew Lillard) célèbre la fermeture du lycée en organisant une fête chez lui (cf Projet X). Gale Weathers (Courteney Cox) s’incruste pour couvrir l’affaire. La reporter est connu pour soutenir que Cotton Weary est innocent.
Le sheriff Dewey Riley (David Arquette) monte la garde.
Tatum meurt la tête écrasée par la porte du garage. Sidney et Billy se réconcilient en faisant l’amour. À la suite de quoi le tueur s’en prend à Billy. Sidney s’échappe à nouveau. Dans la confusion générale, Stu et Randy Meeks (Jamie Kennedy) s’accusent l’un l’autre d’être le tueur.
Sidney se réfugie dans la maison où elle retrouve Billy qui n’a finalement été que blessé par le tueur. Il se saisit d’une arme et blesse grièvement Randy Meeks, avant de révéler à Sidney qu’il est le tueur et que Stu est son complice.
Billy confesse qu’il a tué Maureen Prescott parce qu’elle avait eu une relation avec son père, faisant fuir sa mère. Sidney retourne la situation. Elle disparait et appelle ses agresseurs, créant la panique. Puis elle parvient à tuer Stu en lui écrasant l’écran de TV sur la tête.
Gale abat Billy. Sidney l’achève d’une balle dans la tête.
Careful. This is the moment when the supposedly dead killer comes back to life, for one last scare.
Not in my movie.
Dewey a survécu à ses blessures. Gale tient son reportage.
Okay I think it’s going to go something like this, just stay with me. Hi, this is Gale Weathers with an exclusive eyewitness account of this amazing breaking story. Several more local teens are dead, bringing to an end the harrowing mystery of the masked killings that has terrified this peaceful community like the plot of some scary movie. It all began with the scream of a 911, and ended in a bloodbath that has rocked the town of Woodsboro…
L’EXPLICATION
Scream, c’est affronter sa peur.
Et si la vie était un film ? Une théorie pas si farfelue qu’elle n’en a l’air. Tout dépend de son rapport au réel. Les personnes refusant le tragique aiment en général ajouter quelques épices afin que la vie leur devienne plus digeste.
But this is life. This isn’t a movie.
Sure it is, Sid. It’s all a movie, it’s all one great big movie.
Tout autour de nous tend à se spectaculariser (cf Nope). Les événements sont reportés et vécus comme s’ils étaient de véritables films. Le 11 Septembre ? Plus fort qu’une fiction. Tandis que les attentats du Bataclan nous ont donné des frissons ainsi que la nausée – en direct.
Nous vivons ces films sans filtre ou presque. Exposés quasi-quotidiennement à des choses affreuses. Les journalistes, par souci de sensationnalisme, font leur travail en dépit du bon sens.
Sidney, how does it feel to be almost brutally butchered? People want to know. They have a right to know! How does it feel?
Toute cette puanteur ambiante nous a conduit à développer une sorte d’immunité : on s’habitue à tout.
It’s so sad. Her mom and dad found her hanging from a tree limb, her insides on the outside.
Alors que nous faisons tou·tes partie de cette comédie, qu’on le veuille ou non.
Everybody’s a suspect.
On a tendance à se mentir à soi-même.
Is there a problem on campus?
No. Everything’s under control.
Faire semblant que tout va bien au téléphone. Rien à signaler. Circulez y’a rien à voir. Faire l’autruche.
Jusqu’à ce que les événements nous contraignent à prendre la mesure de la situation. Tou·tes dedans, jusqu’au cou. La question devient plutôt de savoir si nous voulons être spectateurs/trices ou acteurs/trices. Sidney se lamente :
Why can’t I be a Meg Ryan movie? Or even a good porno.
Elle parle comme une victime alors qu’elle couche avec le tueur, à son corps défendant. Complice malgré elle. Billy l’incite pourtant à ouvrir les yeux (cf Eyes Wide Shut) et à prendre ses responsabilités.
Don’t you blame the movies. Movies don’t create psychos. Movies make psychos more creative!
Sidney se débat, elle se sauve. Si elle veut rester en vie, elle est obligée de dépasser son personnage en prenant son téléphone et en mettant la pression sur ses agresseurs.
Le moment est venu pour elle de faire face à sa peur. Prendre le couteau de cuisine ou le revolver. Devenir en maitrise de son scenario, pour mieux ré-écrire l’histoire (cf Once upon a time in Hollywood, Wayne’s world). Son histoire.
Comme si elle devait accepter sa part de violence (cf A history of violence) afin de pouvoir marcher dans ses pompes. L’agneau se fait loup qui tue son ex petit ami de sang froid.
Sidney rejoint Catherine Tramell (cf Basic Instinct) ou Loli (cf Gazon Maudit) au rang de ces femmes qui ne se laissent plus poignarder dans le dos par les hommes.
Le cauchemar est fini. Plus de raison d’avoir peur, a priori (cf Scream 2).
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