SEXY BEAST

SEXY BEAST

Jonathan Glazer, 2000

LE COMMENTAIRE

Fut un temps, pour vivre heureux il était bien connu qu’il fallait vivre caché. Aujourd’hui, c’est à peu près tout le contraire. On expose jusqu’au moindre détail inintéressant de nos vies sur les réseaux sociaux dans l’espoir de faire quelques like dans l’espoir d’être remarqué. Alors qu’on devrait vraiment pouvoir se passer de l’attention de certaines personnes.

LE PITCH

Un gangster cockney est délogé de sa retraite espagnole par un empêcheur de tourner en rond.

LE RÉSUMÉ

Gal Dove (Ray Winstone) se la coule douce au soleil. Il déguste du calamar jusqu’à ce qu’un caillou finisse par atterrir non pas dans sa chaussure mais dans sa piscine : Don Logan (Ben Kingsley). Un authentique badass qui ne paie pas de mine mais que tout le monde le redoute. Le genre de mecs dont on cauchemarde ou qui coupe l’appétit.

Don essaie de convaincre Gal de participer à un casse pour le compte de Teddy Bass (Ian McShane), « monsieur Magie Noire ». Gal n’est pas chaud. Il est posé, pépère, avec une ex-porn star qui s’est elle aussi rangée, Deedee (Amanda Redman). Tous les deux vivent tranquilles avec leurs amis Aitch (Cavan Kendall) et Jackie (Julianne White). Gal a promis à sa femme de ne plus jamais reprendre du service. Don ne peut pas y croire. Il lui met une pression d’enfer.

Retired?? Fuck off, you’re revolting!

Il s’est invité dans sa villa et va s’incruster. La torture mentale est intense.

I won’t let you be happy, why should I?

Gal essaie de le chasser. Don redescend de l’avion. Il ne lâche pas le morceau, multiplie ses tentatives d’intimidation. Gal, Deedee, Aitch, et Jackie vont devoir s’employer pour en venir à bout.

Une fois Don mort, l’histoire n’est pas tout à fait réglée. Gal doit rendre des comptes. Il est obligé d’aller à Londres pour donner le change et faire le job. Ce sera le dernier. Promis.

Avant de passer à l’action, Teddy doit confronter Gal dans un duel les yeux dans les yeux. Gal passe l’épreuve, semble-t-il. Car une fois le casse exécuté, il est raccompagner à l’aéroport par Teddy en personne. À trois heures du matin, les deux hommes s’arrêtent en route pour rendre visite à Harry (James Fox) qui vient d’être dévalisé. Teddy le tue de sang froid, sous les yeux médusés de Gal convaincu d’être le prochain sur la liste.

À Heathrow, le chauffeur laisse Gal descendre de voiture. Cette fois-ci. Car il a tout deviné.

Get out the fucking car.

Une fois de retour, Gal pense qu’il a roulé son monde. Il a même ramené des boucles d’oreilles à Deedee. Adorable. Techniquement, il ne doit plus rien à personne. Mais pour combien de temps ? Teddy a promis de lui rendre visite un jour, et Don n’est pas bien loin, quelque part sous la piscine, au fond de son trou. Il n’attend qu’une chose : en sortir!

L’EXPLICATION

Sexy Beast, c’est la petite faiblesse qui vous perdra.

Le croyant est profondément paresseux: il s’en réfère à Dieu pour lui rendre la tâche un peu plus facile et faire le boulot à sa place. Absolument tout répond à la volonté de Dieu. Facile. On peut même s’en référer à Lui pour qu’il ne nous soumette pas à la tentation. Cependant Dieu est farceur. Il aime tester ses fidèles.

La tentation est omniprésente. Elle perturbe car elle prend toute la place, comme Don. Il est le diable incarné avec sa petite voix persistante sur l’épaule de Gal qui le pousse à faire des bêtises (cf L’associé du diable). Profitant de la moindre de ses faiblesses.

Talk to me, Gal. I’m here for you, I’m a good listener.

Le moment de son arrivée chez Gal coïncide bizarrement avec le départ du jeune Enrique, qui pourrait faire figure d’ange en face de ce Don infernal. Tous les deux se croisent.

La tentation est violente. On ne peut pas en venir à bout seul. Les amis de Gal vont devoir unir leurs forces, à coups de fusil et de pierres, pour que Don finissent par cracher ses dernières gouttes de sang. Il faut se battre constamment. Sans arriver à la faire disparaitre, on peut tout au mieux la maîtriser. Donc quoiqu’il arrive, il est nécessaire de vivre avec. Don ne disparaît pas. Il reste quelque part, caché au fond de la piscine, prêt à ressurgir à la moindre occasion.

Teddy est le mal personnifié, avec sa chemise noire, bien propre sur lui. Il s’arrête en chemin pour tuer calmement, devant les yeux de Gal, la personne qu’il vient de cambrioler – comme un symbole. Comme pour lui rappeler à quel point il est dangereux et qu’il n’en a rien à faire de rien. Il est presque un nihiliste (cf le Big Lebowski).

If I cared, Gal, if I fucking cared…

Teddy a le pouvoir. Quand il décide, il obtient.

Where there’s a will – and there’s a will – there’s a way – and there’s a fucking way.

On ne se débarrasse pas de Don et surtout on ne se libère pas de Teddy.

sexy-beast

Peut-on vraiment enterrer son passé ? Chasser le naturel sans qu’il ne revienne comme un galopin ? Est-ce qu’on peut quitter la CIA (cf Raison d’Etat) ? S’en sortir sans qu’on nous ramène en arrière (cf Le Parrain 3) ? Après tout, Sarkozy a essayé de fuir le pouvoir, sans succès (cf La Conquête). Gal ouvre sa porte à Don. Passif. Il n’a pas le courage de le renvoyer à Londres une bonne fois pour toute. Impossible. Le compromis est de se planquer. Cela ne marche pas.

Est-il encore possible de se cacher quelque part aujourd’hui sans se faire rattraper (cf Une vie cachée) ? Yvan Colonna ou Ben Laden ont fini par se faire reprendre au fin fond de leurs montagnes. Même Alexandre Benalla ne peut plus cogner des manifestants sans se faire filmer à son insu et finir sur BFMTV via les réseaux sociaux.

Aucune piscine ne semble assez profonde pour pouvoir y enterrer sa vraie nature.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

8 commentaires

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.