ZODIAC
David Fincher, 2007
LE COMMENTAIRE
La vie est remplie d’énigmes plus ou moins passionnantes. Pas surprenant que les journaux nous en proposent, sous forme de jeux. Il s’agit d’entrainements qui nous permettent d’examiner, réfléchir, déchiffrer, trouver… Les mots fléchés ou croisés ne sont que des grilles nous permettant de mieux comprendre le monde autour de nous. Pour lire entre les lignes des articles qui remplissent les autres pages.
LE PITCH
Un inspecteur, un journaliste et un dessinateur essaient de trouver l’identité d’un tueur.
LE RÉSUMÉ
Le 4 juillet 1969, le Zodiac commet son premier crime et en informe aussitôt le San Francisco Chronicle. Les habitants de la baie tremblent (cf Peur sur la ville). L’inspecteur Dave Toschi (Mark Ruffalo) et son coéquipier William Armstrong (Anthony Edwards) sont immédiatement mis sur l’affaire. Parallèlement le journaliste Paul Avery mène aussi sa petite enquête. Quant à Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal), il suit le sujet – de loin.
Les meurtres s’enchaînent. La police reste impuissante. Les drames ont lieu dans plusieurs Comtés différents, ce qui ne facilite pas le travail des inspecteurs malgré le concours du détective Mulanax (Elias Kosteas) à Vallejo et du détective Logue (Ken Narlow) à Napa. Par ailleurs, l’investigation journalistique de Paul Avery (Robert Downey Jr) pénalise le travail de la police en surmédiatisant l’affaire, multipliant ainsi les fausses pistes.
Toschi et Armstrong sont proches de coincer Arthur Leigh Allen (John Carroll Lynch) qu’ils pensent être le Zodiac. Le graphologue leur donne tort, malgré l’ambidextrie de Allen.
Le temps passe. L’enquête patauge. Avery, saoulé, se noie dans sa bouteille. Armstrong, à bout de souffle, jette l’éponge et part à la répression des fraudes. Toschi est accusé par l’inspection générale des services d’avoir falsifié un courrier du Zodiac. Graysmith prend la relève et refait toute l’enquête, prenant le risque de perdre sa femme Melanie (Chloë Sevigny). Après avoir rencontré certaines personnes plutôt sombres, il remonte finalement lui-aussi jusqu’à Arthur Leigh Allen (John Carroll Lynch).
Huit ans plus tard, Graysmith a écrit un livre sur le Zodiac. Mike Mageau, l’une des premières victimes du Zodiac a identifié formellement Arthur Leigh Allen. Les échantillons ADN recueillis sur la scène du crime et sur les courriers envoyés par le Zodiac restent cependant non-concluants.
L’EXPLICATION
Zodiac, c’est réussir à passer à autre chose.
La vie est remplie d’affaires qui retiennent notre attention et que nous essayons de résoudre.
Ces affaires sont des sacs de noeuds à démêler (cf Ne le dis à Personne). Si tout était simple, il n’y aurait pas d’affaire – ni d’intérêt. On cherche la difficulté. Dans le cas du Zodiac, le manque de coordination transforme une enquête déjà sinueuse en un véritable casse-tête. La police Californienne de l’époque est fragmentée. Elle ne se parle pas.
L’information circulant mal, par conséquent les équipent finissent par chasser plusieurs lièvres à la fois. Parfois dans le même sens, parfois dans des directions opposées. De son côté, Toschi doit composer avec de nombreux intermédiaires. Il s’épuise à courir après les uns et les autres pour pouvoir obtenir les autorisations lui permettant d’avancer.
Paul Avery vient rajouter son grain de sel en rendant l’enquête médiatique. Il l’ouvre au grand public qui va parasiter les recherches avec de nombreux faux témoignages. Dès que l’affaire prend de l’ampleur via le Chronicle, elle échappe à ceux dont le travail est de trouver l’assassin.
Les témoignages farfelus se multiplient. Le nuage de brouillard s’épaissit (cf Insomnia). La presse soulève un peu rapidement un tapis en dessous duquel on trouve beaucoup trop de poussière. Les fantômes flottent autour du Zodiac, comme Bob Vaughn que l’écriture accable et qui possède une cave, ce qui est assez rare en Californie.
Trop de pistes, trop de suspects, trop de possibilités. Et toujours pas de certitude.
Just because you can’t prove it doesn’t mean it isn’t true.
Dans cette traque au Zodiac, certaines planches sont pourries. La police est obligée de s’appuyer sur un graphologue qui a le pouvoir d’incriminer ou de disculper un suspect sur la base de son écriture. Malheureusement, le graphologue en question n’est pas fiable (cf Le dernier pour la route).
Comme si ce n’était pas assez dur, le temps est compté. Zodiac n’est pas une marque d’horlogerie pour rien. Le temps joue toujours contre nous. Toschi se permet de le rappeler à Graysmith quand celui-ci se met en tête de reprendre l’affaire, trop tard :
Too many years gone, too much evidence lost.
L’affaire du Zodiac traine en longueur. Ceux qui en sont responsables perdent patience. Ils ne peuvent pas supporter que le coupable soit toujours en liberté. Ces hommes finissent par ne penser qu’à cela, jour et nuit. La hantise du problème de maths impossible à résoudre.
Le temps nécessaire qu’on doit consacrer à ces affaires est autant de temps de moins pour nous, ou nos proches. Paul Avery coule dans son verre de whisky par la faute du Zodiac. Le couple de Graysmith est sur le point d’imploser. La carrière de Toschi déraille.
Le Zodiac aura fait de nombreuses victimes collatérales, grillant tous ceux qui l’ont considéré comme l’oeuvre d’une vie.
Nikola Tesla mettait en garde Robert Angier contre les obsessions (cf Le Prestige). A young man’s game selon Cutter. Trop de personnes se sont laissées aveugler par leur sujet en perdant de vue le sens des priorités. Incapable de prendre du recul. Bloqué sur leur affaire. Une vie en suspension. Ils ont essayé de résoudre un problème insoluble, qui n’en valait donc pas la peine.
Graysmith est passé tout près de se prendre la vague mais s’en est sorti finalement indemne, en ayant pondu un best-seller au passage. Parce qu’il a su renoncer à sa propre obsession, il a réussi à profiter de ce mystère non résolu en exploitant l’obsession des autres! Le podcast Serial repose sur cette technique infaillible, celle de la toupie qui tourne à l’infini (cf Inception). Quelques pistes, sans résolution.
Preuve qu’il est important de savoir lâcher la bride, sous peine de se retrouver emporté soi-même par le tourbillon. Arrêter de tourner en rond pour mieux tourner la page.
Bonsoir, je viens à peine de terminer le film représentant l’affaire du Zodiac. Pour résumer l’histoire n’est qu’un amas de ping-pong ou les différentS personnages renvoie le personnage principal vers d’autres personnages en vain. La certitude que ce soit Leigh finalement est si mince que c’est à se demander si le coupable ne court pas encore les rues. Je ne suis plus quoi en penser, à travers ce film on veut certainement nous initier à lâcher prise mais on m’a essentiellement entrainer dans la quête de trouver une suite logique à tout ce remue-méninges.