COP LAND
James Mangold, 1997
LE COMMENTAIRE
On ne va pas se mentir, la police n’inspire pas confiance. Des bavures en cascades (cf La Haine, les Misérables) et des pratiques douteuses (cf Les Ripoux, Serpico). Les flics sont fatigués, un pansement sur le nez. Le fusil à pompes sensible de la gâchette.
LE PITCH
Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Garrison.
LE RÉSUMÉ
Garrison est une petite ville du New-Jersey, de l’autre côté de l’Hudson, juste en face de New York. Le Sheriff local Freddie Heflin (Sylvester Stallone) s’occupe d’y faire respecter la loi. À un titre plus personnel il est aussi amoureux de Liz Randone (Annabella Sciorra) à qui il a sauvé la vie lorsqu’ils étaient plus jeunes. Ce qui lui a coûté une oreille et la possibilité de devenir flic à New York.
Quelques temps plus tard, Liz a remercié Freddie en se mariant avec Joey (Peter Berg) qui la frappe et la trompe.
Murray « Superboy » Babitch (Michael Rapaport), le neveu du Lieutenant de Police Ray Donlan (Harvey Keitel), s’embrouille avec deux ados et les tue suite à une confusion. Une bavure policière dans toute sa splendeur. Jack Rucker (Robert Patrick) arrive à la rescousse pour maquiller la scène et Donlan convainc Babitch de feindre un suicide, le temps que l’affaire se tasse.
Deux autres détectives corrompus Leo Crasky (John Spencer) et Frank Lagonda (Arthur Nascarella) craignent que Babitch ne revienne des morts et les balance à Moe Tilden (Robert de Niro), enquêteur aux Internal Affairs (ie l’IGS). Moe est d’ailleurs au courant de ce qui se passe à Garrison. Il a besoin de preuves et de témoignages. Freddie peut l’aider. Ce dernier refuse de dénoncer ce qu’il croit être ses copains.
L’affaire Babitch est sur le point de reprendre car la police ne retrouve pas le corps du soit-disant défunt. Donlan ordonne alors le meurtre de son neveu. Rencardé par tata Rose (Cathy Moriarty) qui ne l’entend pas de cette oreille, Babitch parvient à s’échapper et se réfugie chez Freddie. Il y aperçoit un autre flic ripoux, Gary Figgis (Ray Liotta) et décide de se cacher ailleurs, ne pouvant faire confiance à personne.
Freddie qui se doutait que ses potes n’étaient pas clairs prend conscience du problème. Il retourne voir Moe. Trop tard. L’affaire est bouclée.
Can’t do anything now! Hands are tied now!
En repartant, Freddie emporte avec lui quelques dossiers qu’il a récupéré dans les poubelles. Il se refait l’histoire et découvre l’ampleur de la magouille.
I look at this town, and I don’t like what I see.
Avec l’aide de Figgis qui cherche à se repentir, Freddie retrouve Babitch et le livre aux autorités compétentes. Les dominos vont pouvoir tomber.
Freddie a été promu et s’occupe de la Skyline, de l’autre côté de la rivière. Back to work!
L’EXPLICATION
Cop Land, c’est une police qui reprend des forces.
D’un côté les gentils-gentils et de l’autre côté les gentils-méchants, avec l’Hudson qui coule entre les deux. Si la police a ses chevaliers, elle a aussi son lot de pommes pourries incarnées par Donlan, Crasky, Rucker, Lagonda.
Garrison sert de décharge à New York en accueillant tous ses rebuts. Le revers de la médaille. Dans la tension permanente entre bien et mal, il faut choisir son côté. On peut assumer la bêtise ou la couvrir. Certains restent coincés d’un côté et d’autres comme Figgis arrivent à faire l’aller-retour.
Dans ce monde à deux facettes, il est nécessaire de passer de l’autre côté du miroir pour y voir clair. Freddie vit au milieu de la déchetterie et ne comprend même plus ce qui s’y passe.
You’re just a child, Freddie.
Il va devoir se réveiller et prendre conscience de la supercherie. Pas facile. D’autant que Freddie est mis sous perfusion par Donlan qui lui fait croire que tout va bien et qu’il fait un très bon boulot.
Go home and don’t think so much.
Jamais agréable de réaliser qu’on se fait prendre pour un con. La douleur d’avoir les tympans qui sifflent. Évidemment, la réalité fait rarement plaisir (cf. Matrix). On vit tous dans son monde qu’on finit par accepter jusqu’à ce que ça ne soit plus possible et qu’on réalise ce qui se passe pour de vrai. Cela veut dire ouvrir les yeux et arrêter d’écouter les âneries des autres.
I can’t hear you Ray.
Freddie doit se tirer les doigts et sortir impérativement de sa naïveté. Lui le bon flic qui croit que parce qu’on fait bien son boulot, on finit par y arriver. Ce n’est pas suffisant. Dans ce monde, toutes celles et ceux qui jouent réglo gagnent petit, quand ils gagnent.
Freddie a sauvé la vie de Liz, ce qui aurait du faire de lui un héros et il s’est retrouvé comme un zéro. Être droit dans ses bottes ne suffit pas pour réussir et ne protège pas plus des balles comme lui fait remarquer subtilement Figgis:
Bein’ right is not a bulletproof vest, Freddy.
Freddie croit un peu bêtement que la meilleure façon de réussir est d’être juste. Ce n’est pas aussi simple parce que tout est politique (cf Braveheart). Il faut composer avec les uns et les autres. Naviguer.
You don’t go down Broadway to get to Broadway, you zig, you zag!
La difficulté est de ne pas se perdre en chemin.
Freddie va devoir sortir le GPS ainsi que mettre le contact et bouger son gros cul. Parce qu’il s’est endormi lui aussi. S’il en est là, ce n’est pas une injustice. C’est en partie de sa faute. Il n’est pas une victime.
Why is it that you never got married Freddy?
All the best girls were taken.
Il va devoir se battre un peu au risque de finir comme un flic raté célibataire pour le restant de ses jours. On n’a rien sans rien. Pour devenir un vrai policier, il doit sortir de son confort. Freddie est l’athlète qui finit 6e aux Jeux Olympiques et à qui on donne la médaille de bronze parce que les autres ont tous été convaincus de dopage. Il doit se faire violence pour aller chercher mieux.
Le flic aujourd’hui doit être au dessus de tout soupçon. On attend de lui qu’il ne se satisfasse pas de la troisième place.
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